lundi 12 janvier 2009

Internet impossible, et nouveau ministère

Bonsoir aux lecteurs qui restent,

Mon Internet m'est tout aussi fidèle que l'était mon ex-épouse (blague. J'ai confiance qu'elle ne m'eut jamais trompé, car c'est ce qu'elle m'a dit. Sérieux. Même si elle a emménagé avec un ami à moi dix jours après notre séparation. On dit que les hommes aux belles fesses sont crédules. Tant pis) et ce blogue patine dans l'vide. J'ai passé une journée tout à fait marquante, alors il me fallait prendre le temps de rédiger un feuilleton.

J'ai terminé mon séjour au ministère de la culture, un palais situé à dix minutes de chez moi, pour aller au ministère du commerce. Question de donner une vague idée aux Montréalais, c'est comme si un résidant du Centre-sud avait à travailler à Vaudreuil. Genre. Qui plus est, mon chauffeur de taxi n'était pas disponible ce matin et il n'a pas pu se faire remplacer (c'est la première fois qu'il me laisse tomber). Il me fallait donc trouver une agence perdue dans le fin fond oriental du littoral algérois après y avoir été une seule fois (je me dois de rédiger une oeuvre sur la conduite à Alger. Hormis les chauffards, suffit de savoir que cette ville est un labyrinthe avec aucune droite et qu'un faux virage mène à une désorientation abjecte qui n'a de parallèle qu'aux rebords d'un trou noir selon la physique théorique).

Face à une situation désespérée, ma stratégie fut donc simple. On était dimanche soir. Il y avait du football à la télé. J'allais boire quelques bières - juste assez pour me sonner, mais sans séquelles graves au lendemain - manger une bonne bouffe (HOS-TIE que je suis heureux d'avoir mes épices pour ma marinade à steak), arrêter subitement de boire le temps de manger un gros dessert, ce qui coupe de goût de la bière (mon moi alcoolique se connaît bien. Socrate aurait été fier de lui) et faire le grand dodo qui survient inévitablement après que le down de bière s'installe.

...messu couché à 8 h 20. Pas si pire.

J'avais mis le cadran pour 5 h 00, question me mettre sur la route avant les embouteillages qui rendent la recherche vague d'un endroit inconnu tout à fait impossible. Heureusement, je me suis réveillé à 3 h 20 (habituellement, la bière m'engendre un réveil nocturne qui doit être assouvi par deux cigarettes et un jeu de patience sur Windows avant que je ne puisse me rendormir). Étant parfaitement éveillé, j'ai compilé les statistiques de mon pool de foot (note aux lecteurs algériens : je ne peux pas traduire ce concept, alors passez), je me suis occupé de mes pulsion matinales masculines d'une manière convenable, car j'avais le temps (note aux lecteuses : il faut un pénis pour la comprendre celle-là. Présumez que je me suis mis de la peinture de guerre et que j'ai beuglé comme un Loup en rut à la façon des amis à Mel Gibson dans Braveheart. Très sexy), je me suis douché en mettant une emphase savonnée sur mon bas-ventre et je me suis mis sur la route à 5 h 20.

Le fait qu'il faisait encore noir n'a rien aidé. Les quelques tronçons qui m'étaient familiers ont été vus à la lumière diurne. La nuit, quand on n'est pas trop certain de notre trajet dans une ville inconnue dont les planificateurs routiers ont pour SEUL désir de fourrer solidement un pauvre petit Canadien sympa, on a tendance à se perdre. Une fourche tout à fait anodine que je connais relativement bien m'a causé une panique abjecte avant même d'être arrivé à l'autoroute.

M'entéka, à la pluie battante, j'ai réussi à me retrouver. Il m'a fallu crisser les freins en pleine autoroute avec aquaplanage de voiture chinoise pourtant dotée de freins ABS, mais j'ai trouvé la bonne bretelle. Aha. Maintenant je suis en territoire inconnu.

Je savais que j'allais être au bon endroit si la route était réduite à une voie et demie (les Algériens, magnifiquement, réussissent à trouver de la place pour deux voies avec une troisième pour les anus qui coupent. Une chance que mes 19 années de conduite à Montréal ont servi à quelque chose) pour un éternel chantier d'un tramway qui a été promis à la population avant ma naissance. Mouaip. Y'a des parallèles en masse entre le Québec et l'Algérie.

J'ai retrouvé le chantier, alors j'ai continué dans la direction mémorisée la veille lorsqu'on m'a chauffé (note aux Québécois : j'ai fait esclaffer le DG de l'agence où on m'a casé pour mon séjour actuel en disant qu'il faudrait quelqu'un pour chauffer mon assistante à chaque jour. Ce n'est PAS le genre de mec qui va faire pipi dans ses pantalons pour rien - genre de vieux vétéran du monde diplomatique mercantile d'un pays où les DG sont tous des vieux vétérans qui ont ce stoïcisme requis pour gravir les échelons au service de l'état afin de devenir vieux vétérans - alors il a fallu que mon québécisme à l'endroit de ma jeune et délicieuse et voilée partenaire de travail soit particulièrement bien placé et percutant) à l'endroit. De jour.

Le chantier couvrait, malheureusement, pas mal toutes les artères du coin. Je croyais avoir trouvé le bon endroit - je savais qu'il me fallait tourner à droite à un rond-point (les feux de circulation de l'Amérique n'ont jamais été adoptés de ce côté-ci de l'Atlantique, pour le bien et pour le mal. Mettons que j'ai vite acquis l'habileté de bloquer, de foncer et de mettre en péril mon intégralité physique bien plus rapidement que ce qu'auraient voulu mes entraîneurs lorsque je jouais au football). Malheureusement, après trois kilomètres de chaussée poquetée, j'ai fait face à une impasse. Heureusement, après m'être perdu à tant de reprises, j'ai repéré une manière d'enfreindre à une douzaine de lois qui ont pour pénalité le retrait immédiat du permis (n'ayez crainte, ici on retire le permis pour des banalités - du genre, traverser une ligne pleine, excès de vitesse, homicide véhiculaire involontaire sur un mendiant - qui passent inaperçus à Montréal ou, au pire, qui se méritent une minable contravention) et j'ai pu revenir sur mes pas.

Malheureusement, la droite n'offrait que le vide, alors j'ai retracé mes pas jusqu'à l'autoroute. Voyant que je n'ai pas manqué de virage, je me suis arrêté et j'ai demandé au gentil policier (ils sont généralement gentils avec les Canadiens. Même lorsqu'on coupe sur une ligne pleine pour éviter un rond-point et l'embouteillage éternel, chose qui vaudrait l'exécution sur la place publique pour l'Algérien moyen. Je l'ai fait hier et j'ai été contrôlé sans répercussions. J'me sens invincible. I'm CANADA-MAN! *schling*) comment me rendre à la Route Nationale No 5. Après avoir consulté ses deux collègues, il m'a dit de me rendre dans la direction contraire et de «passer le pont» (du moins, c'est ce que j'ai compris de ses paroles peu compréhensibles, mais il pleuvait à boire deboutte, alors messu dit que je me suis déjà fourré dans mes directions et que je devrais l'écouter. J'ai déjà été fourré par les directions des policiers aussi, alors j'étais un tantinet sceptique. Surtout qu'il ne semblait pas avoir la moindre idée où était située la Route Nationale No 5.

J'ai passé l'autoroute de l'autre bord et j'ai vite vu que ça n'avait aucun sens et que j'étais perdu grave. J'ai ENFIN pu trouver un endroit où traverser les tracques de tram qui bloquaient tout virage potentiel de 180°, mais aucune façon de rebrousser chemin. Je devais prendre une toute nouvelle ruelle et tenter de revenir.

J'ai zigonné et j'ai trouvé un Boulevard. Je suis allé dans la direction contraire à celle désirée (j'allais vers le centre-ville). J'ai ensuite réussi à me trouver une bretelle et de passer en-dessous de leur version de Taschereau au niveau de Curé-Poirier (mouaip. Longueuillois le mec. Un Vrai Montréalais aurait mentionné Crémazie et St-Michel) pour revenir sur mes pas. Ayant pour désir de retrouver l'artère sur laquelle j'étais précédemment et après avoir roulé un boutte, j'ai pris une sortie qui semblait avoir de l'allure. Malheureusement, le traffic me fonçait dessus dans la direction désirée, qui s'est avérée être un sens unique. J'ai donc pris une AUTRE branche (il y en avait deux qui convergeaient au boulevard). Je me suis retrouvé dans un labyrinthe résidentiel sans grandes artères et j'ai tourné en rond pendant 10 minutes en tentant de retrouver mon artère du début. ARRRRRRRRRRRRGG

...enfin, je suis revenu sur le Boulevard (pas du tout ce que je voulais, mais bon, au moins c'est une ligne droite). Dans la mauvaise direction, bien entendu. J'ai continué jusqu'à la bretelle de tantôt, question de revenir et pê prendre le rond-point qui suit celui que j'avais pris précédemment. La pluie était devenue torrentielle et l'éclairage de la route était vaguement parcimonieuse. J'avais aussi remarqué que j'avais de la compagnie sur les routes. 6 h 00. Bientôt, les artères seraient sclérosées. Et je ne pourrais plus chasser à ma guise.

Le prochain rond-point n'est jamais venu. Il y a eu toutefois un point de contrôle policier ('faut comprendre qu'il y a en partout icitte. Imagine l'humeur d'un agent qui doit passer la nuit debout à la pluie à 3 degrés - cazzoù qu'il y aurait un barbu qui voudrait faire sauter un édifice de l'état ubique préférablement bondé de monde - et qui se fait aborder par un Canadien perdu. Ouille). Je lui ai demandé s'il parlait français après mon «salaam alikoum» tordu par une langue habituellement si habile avec les prononciations étrangères (il faut comprendre que les policiers d'Alger sont recrutés auprès des décrocheurs et que les jeunes d'ici n'ont pas la maîtrise de notre langue qu'ont eu leurs aïeux), et il m'a référé à son collègue. J'ai montré au collègue la carte de visite du DG de la veille. Algex. Route Nationale No 5. Le collègue m'a dit «Algex»?? en montant la main, signe universel de détourner le regard dans la direction indiquée.

Là, à la pluie impitoyable, il y avait une TABARNAK de majestueuse d'enseigne illuminée en bleu. Algex. Le Boulevard ÉTAIT la Route Nationale No 5. Notons que les agences gouvernementales ne se paient pas habituellement les enseignes en néon qui surplombent un quartier. Une CRISSE de chance qu'il y a eu un DG à un moment donné qui, épris d'un égo mégalomane, voulait faire flasher l'importance de sa société para-gouvernementale. Le policier m'a ensuite demandé comment j'aimais ma voiture chinoise. Il a la même et on a passé cinq minutes à la pluie à jasotter de notre char.

...il a fallu que je fasse deux kilomètres dans le sens contraire afin de trouver un rond-point (celui que j'ai cherché au début et que je n'ai jamais trouvé) pour faire demi-tour. J'ai aussi réussi à trouver l'entrée (il n'y a pas d'entrée directe pour l'agence. 'faut prendre celle d'AVANT). À 6 h 20, j'étais en train de griller une cloppe avec de la musique violente sul' CD. Fier de m'être retrouvé. CÂÂÂÂÂLISSE que j'ai d'la marde au cul me disais-je. Il ne me reste qu'à attendre l'arrivée du gardien en chef, à 7 h 00.

Messu orviré à m'ment donné et un jeune Algérien me regardait du côté du passager. J'ai gueulé, sentant un sursaut cardiaque qui, si je maintiens mes habitudes de vie actuelles, va m'être fatal dans treize courtes années. Il tentait de me demander quelque chose et je présumais qu'il était un quêteux. Puisqu'il n'y avait personne autour, j'étais mal pris s'il voulait me faire du mal.

En fin du compte, il me demandait si j'étais «Éric». Il avait été briefé de mon arrivée. C'était Nazil, le gardien de nuit. Il m'a ouvert la barrière et m'a indiqué que je pouvais prendre un café au resto de l'autre côté de la Route Nationale No 5. J'y suis allé. Jamais un café avec un petit pain au chocolat n'aient été aussi délicieux.

...là, y reste juste à retrouver le Boulevard demain matin, TABARRRRRRRRRRRNAK!!!!!!! Time for beer and dessert.

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