lundi 11 mai 2009

Mon mariage

J'apprends.

Il est minuit, la veille de mon départ pour le Canada. Épuisé à force de bûcher au boulot pour terminer les choses qui sont en suspens et, bon, magané après trois bières. Je n'ai pas rédigé de blogue en trois semaines, alors j'ai probablement perdu tous les lecteurs qui s'y pointaient qu'occasionnellement.

Bien que le Coran n'interdise pas le mariage d'une Musulmane avec un homme du Livre (Juif ou Chrétien. Les Musulmans vénèrent les prophètes juifs et Jésus), l'inverse est explicitement accepté (5e verset de la 5e sourate). Je fais des recherches pour mieux comprendre la jurisprudence qui interdit mon mariage à Samia, car les hommes cupides semblent vouloir interpréter la parole d'Allah même si ce dernier n'a jamais semblé vouloir me faire chier.

Pourquoi? Car le père à Sam est pratiquant (un peu plus à chacun de ses pas vers sa tombe), et il ne veut pas être jeté aux enfers parce que sa fille est jugée par son dieu (et, surtout, par la communauté) comme étant une infidèle. Nous allions aller au Canada nous marier selon la loi québécoise (donc, un contrat valable), mais aussi, pour complaire au papa, nous allions (j'allais) faire la Fatiha; la cérémonie Musulmane.

Selon Samia, l'Imam allait nous marier sans problèmes tant que je dise la phrase-clé chez les enturbanés : qu'Allah est le seul et unique dieu et que Mahomet est son prophète. Je ne voulais pas dire cette phrase par pur fidélité à mes valeurs (qui ne sont pas du tout religieuses; mais je ne mens pas. Point. Jamais. Pas mal mieux que les «fidèles» certainement), mais si je le devais, je pouvais me faire accepter que ce n'est qu'une phrase et que bon, de toute façon, de parler de dieux c'est l'équivalent pour moi d'astrologies, de conséquences abominables du numéro 13 ou de replis dans nos étrons qui indiquent qu'on est épris d'un démon provenant d'un astre lointain où les chèvres ont mauvaise haleine. Bref, m'en crisse. Si quelqu'un veut croire qu'il y a un gros Monsieur dans le ciel qui le regarde et qui va juger ses quelques courtes années sur notre roche pour soit le garder sous son aisselle éternelle parfumée oubedon le garrocher dins fins fonds enflammées pour les temps infinis et que, genre, ça n'a rien à voir avec une mégalomanie médiévale ignorante d'un mec qui cherchait à imposer des règles de comportement parmi les personnes sauvages de l'époque (et qui faisaient son affaire).

N'en demeure, la soeur à Sam a des réticences. Pourquoi? Parce qu'elle souffre du syndrôme de la récente immigrée. Elle est arrivée à Montréal en décembre dernier et a perdue ses points de repère. Face aux Québécois quelque peu racistes et profondément laïcisés, la religion et les amis (tous deux corrupteurs) remplacent, très ironiquement, les forces modératrices algéroises. La famille à Sam est composée d'un père normal - donc très sensible aux jugements de la «communauté», mais qui allait à la mosquée bourré d'alcool à une époque non pas très lointaine - d'un frère très sympa ultra-rationnel, d'une mère typique (hystéro-manipulatrice), d'un autre frère étrange et d'une petite soeur rebelle et autrement indépendante qui va marier un Canadien parce qu'il est cute, étrange et profondément pervers comme elle. En bref, la soeur ne nous aide pas. Un Imam devra me juger comme étant «apte à me convertir». Sinon, le papa va renier et déshériter mon épouse.

OK. Sérieux. Phoqué tout ça. Voyons si je peux charmer un Imam. Si je ne réussis pas, y'a d'la marde dins airs.