lundi 11 mai 2009

Mon mariage

J'apprends.

Il est minuit, la veille de mon départ pour le Canada. Épuisé à force de bûcher au boulot pour terminer les choses qui sont en suspens et, bon, magané après trois bières. Je n'ai pas rédigé de blogue en trois semaines, alors j'ai probablement perdu tous les lecteurs qui s'y pointaient qu'occasionnellement.

Bien que le Coran n'interdise pas le mariage d'une Musulmane avec un homme du Livre (Juif ou Chrétien. Les Musulmans vénèrent les prophètes juifs et Jésus), l'inverse est explicitement accepté (5e verset de la 5e sourate). Je fais des recherches pour mieux comprendre la jurisprudence qui interdit mon mariage à Samia, car les hommes cupides semblent vouloir interpréter la parole d'Allah même si ce dernier n'a jamais semblé vouloir me faire chier.

Pourquoi? Car le père à Sam est pratiquant (un peu plus à chacun de ses pas vers sa tombe), et il ne veut pas être jeté aux enfers parce que sa fille est jugée par son dieu (et, surtout, par la communauté) comme étant une infidèle. Nous allions aller au Canada nous marier selon la loi québécoise (donc, un contrat valable), mais aussi, pour complaire au papa, nous allions (j'allais) faire la Fatiha; la cérémonie Musulmane.

Selon Samia, l'Imam allait nous marier sans problèmes tant que je dise la phrase-clé chez les enturbanés : qu'Allah est le seul et unique dieu et que Mahomet est son prophète. Je ne voulais pas dire cette phrase par pur fidélité à mes valeurs (qui ne sont pas du tout religieuses; mais je ne mens pas. Point. Jamais. Pas mal mieux que les «fidèles» certainement), mais si je le devais, je pouvais me faire accepter que ce n'est qu'une phrase et que bon, de toute façon, de parler de dieux c'est l'équivalent pour moi d'astrologies, de conséquences abominables du numéro 13 ou de replis dans nos étrons qui indiquent qu'on est épris d'un démon provenant d'un astre lointain où les chèvres ont mauvaise haleine. Bref, m'en crisse. Si quelqu'un veut croire qu'il y a un gros Monsieur dans le ciel qui le regarde et qui va juger ses quelques courtes années sur notre roche pour soit le garder sous son aisselle éternelle parfumée oubedon le garrocher dins fins fonds enflammées pour les temps infinis et que, genre, ça n'a rien à voir avec une mégalomanie médiévale ignorante d'un mec qui cherchait à imposer des règles de comportement parmi les personnes sauvages de l'époque (et qui faisaient son affaire).

N'en demeure, la soeur à Sam a des réticences. Pourquoi? Parce qu'elle souffre du syndrôme de la récente immigrée. Elle est arrivée à Montréal en décembre dernier et a perdue ses points de repère. Face aux Québécois quelque peu racistes et profondément laïcisés, la religion et les amis (tous deux corrupteurs) remplacent, très ironiquement, les forces modératrices algéroises. La famille à Sam est composée d'un père normal - donc très sensible aux jugements de la «communauté», mais qui allait à la mosquée bourré d'alcool à une époque non pas très lointaine - d'un frère très sympa ultra-rationnel, d'une mère typique (hystéro-manipulatrice), d'un autre frère étrange et d'une petite soeur rebelle et autrement indépendante qui va marier un Canadien parce qu'il est cute, étrange et profondément pervers comme elle. En bref, la soeur ne nous aide pas. Un Imam devra me juger comme étant «apte à me convertir». Sinon, le papa va renier et déshériter mon épouse.

OK. Sérieux. Phoqué tout ça. Voyons si je peux charmer un Imam. Si je ne réussis pas, y'a d'la marde dins airs.

lundi 20 avril 2009

Les femmes en Algérie

Bon. 'voyez, je vis ici et je suis entouré de personnes généralement tolérantes et gentilles, alors quand je lis des conneries comme l'article suivant, ça me choque (il faut noter que les Algérois sont plus tolérants que les morons des campagnes) :

http://www.elwatan.com/Oui-pour-l-heritage-egalitaire-l

dimanche 19 avril 2009

Alger, la chaude

Le climat algérois :

En décembre, j'étais au ministère de la culture. Nous avions eu trois semaines de températures en bas de 10° (généralement. On passait à 12° ou 14° à l'occasion) avec des pluies horizontales et une humidité qui transperce. Puisque mon bureau n'était pas chauffé, je portais mon manteau et je grelottais souvent. On riait du fameux Canadien qui ne pouvait pas tolérer le «froid» algérien. Bin oui crisse, quand il fait froid à Montréal, ON PART LE CHAUFFAGE HOSSSSTIE!!!!!!!

...pour répéter ma réplique habituelle aux amis d'ici : je n'aime pas le froid. Oui je suis Montréalais. Je n'aime pas l'hiver Canadien non plus. N'en demeure, en hiver à Montréal, on entre chez soi, on se dévêtit et on se promène arboré de notre tenue de naissance. Ce n'est pas génétique, un Algérien peut tout aussi bien vivre un hiver montréalais que moi et je peux probablement mieux vivre un été algérois que lui. On verra.

Pour l'instant, l'été n'est pas sur le seuil. Depuis janvier, je regarde mon site météorologique et je vois les mêmes températures : 16°. 18°. Advitam aeternam. Je peux affirmer qu'un soleil de février qui plombe et qui donne l'impréssion d'être aux premières chaleurs du printemps chez moi, c'est magnifique, et j'AD-ORE le climat d'ici. N'en demeure que je commence à avoir hâte de me délester de mon manteau à chaque matin.

Je sais que je vais probablement relire ce feuilleton dans deux mois, accablé d'une sueur inconcevable et que je vais vouloir poignarder mon moi avrilien. J'ai tout de même hâte de ressentir cette chaleur africaine dont j'ai tellement entendu parler.

(Note finale : Montréal vit un printemps froid et mes compatriotes sont heureux lorsqu'on traverse le cap des dix degrés. Je comprends et je compatise vaguement. Je vous rassure que Sam me dit qu'il ne faut pas souhaiter les chaleurs, car Alger en été est un marasme d'arômes et de bouillanture qu'aucun être humain ne peut tolérer. Nous verrons).

(Note vraiment finale : j'ai appris aujourd'hui que j'allais avoir congé au Ramadan, faute de pouvoir être productif. Sam et moi allons donc partir nous balader en Europe. Toutes mes économies vont y passer et je risque de revenir au Canada après mes dix-huit mois avec une position financière identique à celle que j'avais lorsque j'ai quitté. Heureusement, je risque d'avoir des bons souvenirs et une nouvelle épouse serviable, alors ça devrait compenser pour mon manque de revenus, de mon statut de sans-emploi et des dettes inlassables).

samedi 18 avril 2009

C'est bon

Ma mère a trouvé le certificat de divorce. Il nous reste à confirmer la date avec le célébrant et on pourra réserver les billets d'avion.

À moins d'un contretemps, nous nous marierons le 21 mai chez ma mère. La nuit de noces sera dans un hôtel montréalais, et nous quitterons le lendemain pour revenir sur Alger.

Hostie. J'me marie. Kossé qui m'arrive tabarnakkk??

...Sam doit avoir une petite poupée de moi parsemée d'aiguilles sous son lit.

vendredi 17 avril 2009

Histoire fraternelle (suite)

Le dénouement jusqu'à maintenant :

Marc n'a pas pu obliger les rouquins de contribuer les sommes promises. Il demeure allergique au conflit et a préféré financer lui-même la construction de la nouvelle maison d'été que d'utiliser les ficelles juridiques qu'il AVAIT en main. Bon, financer avec son grand frère (qui mesure cinq centimètres de moins).

Éric est d'autant plus enragé d'avoir courbé l'échine et de donner raison aux deux minables petits morpions manipulateurs.

Éric doit aller au Canada se marier. La Sainte Maman, qui est également allergique à tout conflit et qui a donc toujours donné raison à celui qui gueule le plus fort (on gueule donc fort dans notre famille) a promis de ne pas inviter les rouquins au mariage. Éric se doute qu'il y aura manigance et qu'il sera pris à célébrer la journée la plus importante de sa vie devant ses deux pires ennemis, suivi d'un départ hâtif possiblement rehaussé par des assauts cathartiques et des taches de sang sur la chemise de son smoking loué.

...en fin du compte, on s'y fait de vivre en Algérie.

Histoire fraternelle

Voici un travail de fin de session remis au professeur de mon cours de gestion de conflits au MBA en octobre dernier (oui oui, je remets vraiment des travaux écrits sur ce ton. Et pourtant on va me donner un diplôme TRÈS prisé) :

Préambule

Je suis né en mars 1973. La prunelle des yeux de mes procréateurs. J’étais précoce et adorable. Mes parents, fermement normaux (un père ingénieur, une mère franchement franco-canadienne sans instruction, mais possédant une tête forte qui allait lui servir pertinemment sous peu), voulaient ensuite me fournir une petite sœur, avec l’équilibre psychique qui l’accompagnera.

En mars 1976, mes trois frères, pesant en moyenne plus de trois kilos chacun, se sont évadés par le tunnel sanctifié de ma génitrice. Deux identiques au pelage roux diabolique. Un blond séraphique qui attirait tous les regards. Je me suis retiré en solitude à ma chambre pour les quinze prochaines années, résigné à mon sort d’aîné oublié.

Trente et un ans plus tard, mon père est sorti dans la nuit de sa chambre au deuxième étage du chalet. Ses facultés, affaiblies par un début d’Alzheimer, l’ont fait oublier qu’il n’était pas à la maison, où la salle de bains est à la droite immédiate de la chambre. Il est tombé de la passerelle et s’est fracturé des côtes et des vertèbres (des blessures peu graves, croyait-on). Trois mois plus tard, il s’est rendu, au bout de ses souffrances, après deux attaques de C difficile et une défaillance rénale.

Ma relation avec mon père était difficile et je n’ai pas reçu de legs. Mes frères avaient toutefois convaincu mon père de me céder une part égale des deux chalets familiaux quelques mois avant son accident. Je savais depuis quelque temps que je n’étais pas inclus au testament, alors j’étais heureux pour mes frères – deux aux situations financières précaires et un qui allait se marier incessamment – et leurs nouvelles richesses.

La journée de la mort, le 17 octobre 2007, nous nous sommes tous rendu chez Alexandre, le cadet des carottes, dans les Laurentides à dix minutes des chalets, et nous avions bu une bouteille du scotch préféré à mon père, infect à mes papilles tout en étant affreusement dispendieuse, et nous faisions des aveux d’amour fraternel éternel.

… c’était le début de la fin.

Bilan des personnalités

Rouquins (Partie A) :

Alexandre : Le cadet, mâle alpha, tête forte, intuitif et idéaliste. S’il se fait une idée, elle sera figée dans son esprit ad vitam aeternam. Il a déjà jeté le four à micro-ondes du chalet sans aviser ses frères, car « ça cause le cancer ». Passablement charmant, mais entêté et fidèle à ses valeurs.

Christopher : Accablé d’insécurités, hyper-charmant (il se nourrit de l’approbation d’autrui), impulsif, peu rationnel, passe son temps sur un chantier de travail à jaser avec les travailleurs, mais son magnétisme lui permet de flâner sans répercussions.

Les deux frères roux habitent La Conception, village dans les Laurentides où sont situés les chalets.

Blonds/châtains (Partie B) :

Marc : Le seul frère qui n’est pas du tout impulsif. Calme, rationnel et autrement normal. On présume qu’une infirmière à la pouponnière l’eut inséré dans la portée accidentellement.

Éric : Le frère aîné. Perçu comme étant paresseux, intello, sadique et soupe au lait, mais cartésien à en être tannant.

Les deux frères blonds habitent la région de Montréal et ont des vies chargées qui les empêchent de monter dans le Nord sauf pour quelques occasionnelles fins de semaine estivales.

Le conflit – partie 1 : la maison paternelle

Le chalet principal était en très mauvais état; délabré car délaissé et mal entretenu par notre père (et quatre frères sans moyens; un tel projet suit les ressources du plus petit dénominateur commun. Un frère ne peut pas investir plus que les autres). À la mort de notre père, nous planifions utiliser une partie de l’héritage (13 000 $ de chaque frère héritier) pour rénover l’endroit.

L’hiver dernier, la maison de notre père, qui était tout aussi délabrée que le chalet, devait être rénovée pour qu’on puisse la vendre et encaisser les bidoux, nous permettant de nous acharner sur nos propriétés nordiques. On présumait que les rénovations allaient prendre un mois ou deux et que la vente se ferait au printemps, permettant un chantier estival.

Un ami aux rouquins, un soi-disant expert, a été recruté pour effectuer les réparations. Il a posé de la céramique qui a craqué à l’intérieur de quelques semaines et a mal effectué d’autres tâches mineures. Christopher affirmait que notre employé vivait une tragédie personnelle et qu’il allait terminer le travail, soyons sans crainte. Il convainquit Marc (l’exécutant testamentaire) de remettre une somme importante d’argent pour faire avancer les travaux, car le charpentier en avait de besoin. Le chèque a été remis. Nous ne l’avions plus jamais revu.

Marc s’en est lavé les mains, affirmant que c’est à Christopher et à Alexandre d’exécuter les travaux, car ils étaient responsables des déboires. Malheureusement, la maison est à Longueuil et les rouquins habitent à 90 minutes au nord. Marc réside la ville voisine et il travaille à temps plein, suit des cours afin de devenir pompier à temps partiel et planifie un mariage – il a donc un horaire chargé (tandis que les frères nordiques étaient largement sans emploi). Le conflit est ensemencé.

Les roux se sont déplacés comme ils le pouvaient pour faire avancer le projet. Le ressentiment envers un Marc « paresseux » s’est vite gonflé. La maison était encore dans un état piteux en mai, donc Éric et Marc ont commencé à offrir leurs services pour accomplir la tâche, mais la faille fraternelle était déjà bien entamée.

Alexandre et Christopher disent qu’ils ne peuvent pas travailler avec Marc, car la rénovation des chalets allait être ardue et ils ne voulaient pas faire « tout le travail » comme à la maison. Ils voulaient diviser les deux chalets – un aux blonds et un aux roux. Cette solution m’était disgracieuse puisque nous étions quatre frères et c’était un beau projet fraternel qui allait nous réunir en souvenir de notre père décédé. De surcroît, je n’avais pas les ressources financières pour refaire un chalet avec Marc. Finalement, je n’allais pas donner ma part d’un chalet, puisque c’était mon seul héritage (et un seul chalet nous a toujours été amplement suffisant).

J’ai donc agi comme médiateur au conflit et, lorsque j’ai perdu mon emploi à la fin mai, j’ai décidé d’aller vivre au deuxième chalet (une vieille piaule toute trouée qui n’a pas été habitée depuis avant ma naissance), question de démontrer que les blonds peuvent effectuer du travail et faire preuve de bonne volonté.

Le conflit – partie 2 : les chalets

Je suis arrivé dans le Nord à la mi-juin. J’ai habité le sous-sol chez Alexandre pendant deux semaines, question d’installer des moustiquaires sur les fenêtres vidées de leurs vitres anciennes et de la plomberie rudimentaire pour me donner un vague sens de confort sous forme d’eau chaude courante.

Nous attendions incessamment un nouvel ami charpentier pour démolir le chalet principal, qui a rendu l’âme après une trop forte tombée de neige l’hiver dernier. C’était dangereux d’y pénétrer, mais il fallait vider la carcasse afin de préparer la démolition.

Alexandre et Christopher étaient étrangement très réticents à traverser le lac pour me rejoindre sur l’île où se trouvent nos propriétés ludiques. Après leurs litanies incessantes à propos de l’oisiveté châtaine, je me suis retrouvé seul à effectuer les travaux.

Lors des vacances de la construction, l’ami menuisier est venu et la fin était imminente pour notre vieil édifice. Des amis ont été recrutés et l’équipe a travaillé à la grande pluie pour défaire la place, morceau par morceau. J’ai adopté le rôle d’éboueur-pyromane, charriant le bois irrécupérable au bûcher enflammé (chaque matin je devais l’allumer. Tout un art à la pluie battante). J’ai effectué mon travail ardu en solitude - étant l’équivalent sur le chantier de la caste indienne des intouchables - et on m’eut félicité de mon acharnement (l’isolant rose mouillé brûle très mal et engendre des irritations cutanées. Pas amusant du tout lorsqu’on n’a pas accès à un bain ou une douche). Bref, j’ai bûché. J’ai aussi financé l’opération à partir d’une marge de crédit étroite, ce qui insécurise un mec sans emploi, donc sans revenus.

Mon intervention était motivée par un désir de complaire et de faire taire les méchantes langues rouquines. Marc n’a pas pu participer à la démolition, étant sur sa lune de miel, donc j’avais d’autant plus de pression sur le dos, me motivant à faire un bon boulot.

Une fois la démolition complétée, je n’ai plus revu mes frères. Notre charpentier allait revenir en octobre pour la construction, donc il n’y avait plus de tâches urgentes. J’ai nettoyé le chantier et recyclé des planches et je me suis occupé comme je le pouvais, en solitude abjecte à la pluie et au froid (je descendais parfois à Montréal pour me ressourcer).

Trois semaines plus tard, un samedi matin à 8 h 00, je suis revenu de la Ville et la chaloupe n’était pas au stationnement (la chaloupe est un moyen de transport incontournable pour les résidents de l’Île). Christopher a couché au chalet, sachant que je n’y serais pas, et il était frustré de devoir se réveiller pour venir me chercher.

Après un somme, je me suis mis au travail à pelleter de la terre afin d’adoucir une pente qui nous permettrait de transporter des matériaux, pensant que mon frérot chéri m’aiderait. Il a plutôt décidé de m’affronter, me disant que je ne fais « rien » et qu’il ne veut pas avoir un chalet avec moi. J’ai donc compris que l’absence rouquine prolongée provenait de la formation d’un axe belligérant qui voulait soutirer le chalet nouvellement détruit, se servant du levier du charpentier qui est LEUR ami et qui a les plans du chalet. Bref, le chalet serait à EUX, ou il n’y en aurait pas. Chris était abusif dans son discours et tentait de m’intimider en me menaçant d’annoncer à la planète que je ne suis pas digne de partager sa génétique manifestement supérieure (en quelque sorte).

Je l’ai ignoré. La pire insulte possible à ses yeux.

Une semaine plus tard, Alexandre le diplomate est passé et m’a abordé d’une manière bien plus douce, mais ayant le même but en tête : de me convaincre de leur donner le terrain nouvellement défriché contre le deuxième terrain bien moins alléchant. Notre rencontre s’est terminée en querelle avec un aveu de ma part que je ne cèderai jamais, et que je ne veux plus jamais les croiser. La réservation de l’ami charpentier a été annulée. La construction du chalet est remise à jamais.

Une voisine avec qui je me suis lié d’amitié est passée un soir et au cours de notre conversation, elle m’a dévoilé que mes frères disent des choses peu flatteuses à mon égard dans mon dos. Ça a renforcé mon entêtement. Je n’ai plus qu’un seul frère.

Le conflit – partie 3 : Marc

Le 25 août, date de la rentrée universitaire, j’ai quitté le chalet pour rejoindre le sous-sol de mon petit frérot urbain (qui pèse plus de 120 kilos. Assez rigolo comme appellation).

Je venais de recevoir la confirmation d’être engagé par une boîte de consultation qui allait m’envoyer en Algérie pour un an. C’était un virage de carrière tout à fait inattendu et qui me comblait de joie. Je devais survivre à trois cours du MBA, aux arrangements de déplacement international et aux obligations sociales multiples engendrées par mon départ.

Marc gardait contact avec les deux rouquins. Il était devenu le médiateur et je suis devenu le paresseux irresponsable (un renversement de rôles tout à fait loufoque). La position rousse s’est consolidée : Éric va courber l’échine ou rien ne va se passer sur le chalet; ils préfèrent laisser pourrir le terrain plutôt que de partager avec moi. Marc, convaincu qu’il ne pourra jamais travailler avec nos petites bêtes fraternelles et, exaspéré, était d’accord avec cet arrangement. J’étais donc le seul irréductible.

Puisque je quitte mon pays pour l’Algérie, je n’ai aucun bénéfice direct de participer à la construction du chalet. À mes yeux, la menace qui plane est vide de tout sens. On m’a insulté gravement et la pression qu’on applique sur moi est minimale. Ma position est donc claire : je les envoie paître et je me fiche si nos terrains restent sous-développés. Ce n’est pas moi qui en souffrirai.

Cependant, Marc vient de se marier. Il entame le processus d’ensemencement de sa dulcinée. Il désire profondément avoir un chalet pour sa progéniture. Je lui explique que c’est moche qu’il soit pris entre l’arbre et l’écorce, mais je ne vais JAMAIS céder aux trisomiques aux pelages écarlates.

Analyse du conflit

Les composantes y sont toutes : la perception de divergence d’intérêts provient de soirées nordiques paranoïaques de mes frérots passées en isolement rural. L’interdépendance découle de ma part des propriétés – donc de mon droit de véto légal à toute action unilatérale. Les interactions sont devenues abusives, mais nous sommes frères et avons des liens communs tissés dans toutes les directions.

L’analyse structurelle du conflit :

Enjeu : on croirait que l’enjeu serait la construction de nos chalets, qui ont une valeur sentimentale énorme pour chacun des frères. Il n’en est nullement le cas. Le vrai enjeu est un tiraillement entre les orgueils de boucs belliqueux cherchant à saisir la primauté de la meute.

Partie A :

Prédispositions : Christopher est soumis à Alexandre. Ce dernier est incapable d’entrevoir le monde d’une manière autre que sa propre conception. Ils seront entêtés et ne vont manifestement jamais courber l’échine. Si toutefois on divise les deux propriétés, ils seront aptes à négocier de bonne foi et seront généralement assez généreux.

Pressions : Il est difficile d’appliquer de la pression sur eux. Leur bénéfice engendré par l’entêtement dépasse de loin tout plaisir renoncé par la non-construction. Mon départ pour l’Algérie risque toutefois de briser leur volonté, étant donné qu’ils n’auront aucune cible pour leur bile venimeuse.

Prévisions : L’entente de diviser les chalets en deux est éphémère. Une fois qu’ils recevront leurs héritages, ils veulent acheter une propriété de location à Saint-Jovite et Christopher, de par son comportement habituel, risque de dépenser une partie non négligeable de sa fortune sur des biens non durables. Bref, si nous ne signons pas l’entente maintenant et déposons les montants requis, selon les modalités prévues par les roux, ils n’auront pas l’argent nécessaire pour rénover quoi que ce soit l’été prochain.

Comportement : On peut prévoir que les roux ne vont pas courber l’échine, préférant se retirer du dossier lors du départ du frère aîné et s’attaquer à d’autres défis et/ou plaisirs hédonistes.

Partie B :

Prédispositions : Marc et Éric sont des alliés de longue date et ont une belle complicité. Marc toutefois n’est nullement rancunier, tandis qu’Éric l’est à l’extrême. Éric est orgueilleux également, ce qui engendre une tout autre dimension à son entêtement. On peut exploiter son amour-propre en s’attaquant à sa réputation auprès de tierces parties.

Pressions : Éric est intouchable. Il quitte pour l’Algérie et l’existence ou non d’un chalet sur une île des Laurentides ne lui cause aucune ride intime. Il se réfère à la théorie de la prépondérance du pouvoir, sachant qu’on lui a cédé le gros bout de la matraque fraternelle. Marc toutefois désire ardemment un endroit où il pourra emmener ses éventuels poupons. C’est une fissure dans le bloc châtain.

Prévisions : Marc n’est pas agressif ou autrement rancunier et il n’hypothéquera pas sa relation avec Éric pour un tel conflit. Cependant, il ne comprend pas intuitivement comment Éric peut se refermer sur lui-même et renier l’existence même de ses autres frères. L’un ou l’autre des deux sera mécontent du dénouement.

Comportement : Éric fermera la porte à tout contact avec les rouquins et se retirera dans son pays adoptif à moins que Marc ne puisse le convaincre de mettre de côté son égo.

Dénouement

Le cycle de la colère s’applique mal à notre famille. Éric a été profondément blessé par ses frères et il ne pourra pas s’en remettre de sitôt. Marc toutefois, au cours d’une balade en auto pour aller chercher un tonneau de bière (une activité familiale tout à fait chérie par les deux participants), a tenté de convaincre son frère aîné que, bien qu’il soit désolant que les deux autres aient agi d’une manière totalement irrationnelle, le paradigme a changé. Si on divise les propriétés, Marc, en tant qu’exécutant testamentaire, pourra mettre de côté les sommes requises pour financer une bonne partie de la construction et il est prêt à investir la moitié de la somme manquante. Il rappelle à Éric que son nouveau travail lui permettra largement de combler le manque à gagner.

Éric a écouté vivement son frère, mais ne pouvait pas concevoir de donner raison aux individus qui lui voulaient du mal. Ça va à l’encontre de son lui fondamental. Arrivés à la maison, les deux frères se sont versé deux verres d’un nouveau nectar houblonné et Marc a offert un dernier argumentaire : qu’il se fait prendre au piège. Qu’il veut un chalet pour ses enfants. Éric était implacable.

Marc quitta le sous-sol portant un air de frustration qui lui est assez étranger. Éric, ressentant qu’il valait mieux en discuter pour éviter une fracture de la relation, avait monté le rejoindre sur le patio. Marc avait des larmes aux yeux.

Éric réfléchit. Le contexte intellectuel qui lui eut été imposé par ses déboires dans son cours de négociation lui fit comprendre qu’on doit parfois céder. Il comprend que, bien qu’il jouisse d’une position totalement dominante sur ses frères rouquins, cette position est adoptée aux dépens de son plus grand allié.

L’entente sera signée tel qu’exigé par Alexandre et Christopher. À son retour, Éric aura d’énormes difficultés à affronter ces deux traîtres avoisinants de manière civilisée. Il aura cependant un chalet avec son frère préféré.

… il se désole également en sachant que les deux roux, n’ayant plus de boucs émissaires envers qui cracher leur venin paranoïaque, vont fort probablement se retourner sur eux-mêmes. Alex ne tolérera pas la paresse sournoise à Chris. Chris ne pourra pas contribuer une part équitable des sommes à investir.

Du moins, c’est le souhait ardent du frère aîné sadique à l’orgueil blessé.

jeudi 16 avril 2009

Le visa!

C'est fait. Sam peut entrer au Canada. C'est le temps de passer aux planifications.

J'avais contacté des célébrants (concept purement québécois. Mouaip. J'me répète), et nous avons tous les documents requis SAUF...

...mon certificat de divorce.

Il faut comprendre que je n'ai JAMAIS pensé que ce document me serait important, mais voilà. Il me le faut. Et l'envoyer trois semaines avant la date du mariage. J'avais contacté mon ex-épouse par le biais d'amis communs, mais malheureusement nous avions une chose en commun qui a perduré les années passées ensemble et les années passées depuis notre séparation : un manque total de rangement et de volonté de faire des choses plus ou moins immédiates (trouver un certificat pour son ex semble lui être du même niveau d'importance que de classer ses chaussettes par couleur et longueur. Mouaip. On a failli construire une relation durable sur cette chose en commun).

Bref, j'ai ma copie du certificat en quelque part. Soit dans une boîte entreposée, soit dans un classeur qui est resté sur une île Laurentidienne. J'ai tenté de contacter ma mère, mais elle semble filtrer ses appels afin de m'éviter (du moins, c'est ce que dit mon moi parano. 7e personnalité, derrière les petits gamins qui aiment étrangler des chats). Si elle ne trouve pas dans l'entrepôt, le mariage attendra la prochaine visite de mon frèrot au chalet (à la fonte des dernières glaces. Ça retarde la chose).

...si j'avais su que les Algériennes étaient aussi désirables. Grrrrrrrrr.

mardi 14 avril 2009

Je ne sais pas trop quoi écrire

Ce blogue a été manifestement délaissé ces derniers temps. Mes journées sont prises par un travail fascinant LORSQUE les choses vont bien, mais qui habituellement sont composées de moi en train de faire des harcèlements auprès de fonctionnaires qui ne savent pas trop si un mec Canadien de 36 ans (trop jeune) représentant le Ministère (grand M) des finances est digne du dérangement en série. Mes soirées sont passées à recevoir ma fiancée, à lui faire des choses pas trop mentionnables, à m'éponger avec mes caleçons et à la voir partir vers la demeure où réside son Papa (puisque le transfert de possession n'a pas encore eu lieu, je dépasse mes droits sur la propriété d'un autre. Pourtant, ça ne me dérange pas trop. Au contraire... :D).

C'est ma première semaine dans un nouveau ministère. Mon troisième. Malheureusement, c'est le moins organisé. Mon travail exige que je compense pour les manquements informatisés de l'endroit (le MdT n'a même pas de site Internet fonctionnel) et de recopier des décrets gouvernementaux à la mitaine et de chercher des informations à des endroits disparates sur les rares ressources Internet qui existent. Ce n'est PAS la partie fascinante de mon travail.

Nous attendons toujours la réponse du gouvernement du Canada (devrait arriver en début de semaine prochaine), à savoir si Sam pourra aller dans mon pays encore enneigé (j'ai évité le pire hiver de l'histoire de MONTRÉAL. C'est comme dire que j'ai évité la journée que mon proctologue habituellement sadique et grognon a rompu avec son épouse). Bref, Sam est un paquet de nerfs.

...pourquoi? Parce que le mariage au Canada nous permettra d'éviter toutes les conneries algériennes face à mon statut de Q'itabi (personne du livre. Juive ou Chrétienne, car elles sont honorées en Islam. Je n'ai JA-MAIS pensé que ma confirmation en 5e année ne me servirait à mon âge). En bref, la nuance se fait au 5e verset de la 5e sourate. Le prophète («rasoul») a énoncé la parole d'Allah pas trop clairement : un homme Musulman peut marier une femme du livre. Point. Pas de mention de la Femme Mulsulmane. Bref, la jurisprudence phallocentrique (comme dans toutes les religions, notons) a donc présumé que l'omission de la mention de la situation contraire veut dire qu'Allah ne veut pas qu'une Croyante (hihihihi... sérieux, Sam distribue de la bière et me convient au lit. Il faudrait changer pour «femme née en Algérie, donc est présumée être pieuse alors l'état a le droit de la garder sous son joug») ne marie un homme du Livre.

M'ah, on espère avoir le visa, un Imam montréalais complaisant (question de complaire aux désirs de la famille d'ici) et beaucoup de côtes levées. J'ai un peu hâte. Inch'Allah.

dimanche 12 avril 2009

Faux Musulman

Je reviens du ministère des transports après ma première journée.

Après avoir vécu des magnifiques expériences au ministère de la culture et des adéquates au commerce, je commence à voir que chaque ministère est une entité hermétique avec son humeur qui est bien à lui. J'espère avoir tort, mais celui des transports ressemble à la vie quotidienne en Allemagne de l'est sous la Stasi.

Bon, mon arrivée a été mal coordonnée donc il est normal qu'on soit pris à l'improviste. Toutefois, je suis allé dans cinq bureaux différents (à chercher la personne qui pourra me trouver un espace de travail) et dans chacun, on faisait comme si je n'y étais pas (pas vrai, un vieux monsieur qui m'a accueilli a été très gentil, mais il avait du boulot alors je me suis tenu tranquille). J'étais comme un enfant emmené au bureau car il y a une grève dans les garderies et personne ne savait trop quoi faire de moi.

À 13 h 00, j'ai bien vu que mes personnes-contact étaient au déjeûner et qu'ils ne reviendraient pas de sitôt, alors j'ai déguerpi (j'ai encore des détails à finaliser dans mes deux autres ministères).

Pas du tout intéressant tout ça. Hm.

En attendant mon référant et la personne la plus importante de mon projet, j'ai discuté avec ses deux secrétaires (une dé-li-ci-euse petite arabe et une vieille grébiche aux bajoues boursouflues avec un air de répressée sexuelle sur le bord de l'éclatement). Les deux portaient le foulard (rien d'anormal). Au cours de la conversation, j'ai mentionné ma fiancée, qui vient de M'Sila (wilaya #28. Là où on mange piquant ça a l'air. M'entéka). Elles pensaient qu'elle était au Canada; j'ai clarifié en disant que non, je l'ai rencontrée à Alger.

Lacelle qui ressemble à un écureuil qui tente de mastiquer une noix de coco m'a dit que j'allais donc me convertir à l'Islam! Youppi!!

:

...non, répondis-je.

Bref, c'est clair que Samia va me transformer en barbu pieux et que la planète sera convertie un jour. Samia portera le voile, car elle le doit, et le père à Samia est un «faux Musulman» parce qu'il a donné la main de sa fille à un infidèle. J'ai répliqué (à ma manière bien à moi : Canadien tout innocent et gentil et pas du tout méchant) que les bonnes Musulmanes, n'ont-elles pas le droit de porter du maquillage, sauf pour leurs maris? (les deux étaient beurrées comme des tartelettes). J'ai aussi cité le Q'ran, mentionnant que le prophète a dit qu'il faut respecter les suiveux de Jésus et Moïse et les autres. La Pas Gentille m'a regardé d'un air incrédule et a dit : «vous croyez à ça vous?» (NON je n'y crois pas!!!! - voulais-je lui gueuler - c'est dans TON Livre Sacré crisse d'épaisse!!!!!!!!!!).

...une chance que je n'ai pas mentionné que Sam travaille pour une société qui importe, brasse et distribue des breuvages qui sont probablement-pas-trop-certain-mais-tout-à-fait-clairement-chez-les-illettrés proscrits en tout temps pour tout le monde sauf ceux qui savent comment lire ledit Livre Sacré (bon, selon la Sourate choisie, l'alcool est soit a) bénéfique mais à ne pas être consommé avant la prière, b) bon/mauvais-mais-plus-mauvais-que-bon oubedon c) quelque chose d'envoyé sur Terre par Satan, mais pas définitivement Haram car, bon, Aissa était un Grand Prophète et son sang était 100 % vino).

J'ai compris qu'il me faudra être plus discrèt par rapport à mon mariage. L'apostasie est le pire péché chez mes hôtes et une femme doit absolument marier un Musulman ici. J'ai l'impression que si certaines personnes zélées apprennent qu'un Canadien ait marié une Algérienne sans se convertir, que je pourrais être expulsé du pays (même si le mariage se fait au Canada).

J'ai aussi perdu l'alliée la plus importante dans mon travail : la secrétaire du référant, personne que je sudoie habituellement assez facilement (les deux à la culture sont mes préférées :D). Arg.

Nota bene : l'Algérie a déjà été un grand exportateur de vin et on peut acheter l'alcool sans difficulté. La Pas Gentille est une exception parmi les Algériens, mais une exception potentiellement dangeureuse si elle connait des Personnes Influentes. Voilà pourquoi on doit rester assez tranquille. Les Algérois sont généralement extraordinairement gentils et me permettent de vivre ma vie et respectent que je ne suis pas des leurs, chose assez étonnante quand on pense qu'ils sont TOUS, légalement, des Musulmans et qu'il n'y a pas beaucoup d'étrangers dans les parages.

lundi 6 avril 2009

Où en suis-je?

J'ai été absent. Pardon.

Où en suis-je? On va faire ça avec des points :

- Je travaille avec un système à interface Web qui est abominablement lent et qui requiert toute mon attention pour effectuer les saisies afin de terminer, enfin, le ministère de la culture. Je devrais débuter au ministère des transports dimanche, mais notre personne-ressource de ce ministère ne répond pas au téléphone et je dois la rencontrer pour préparer mon arrivée (avec une nouvelle partenaire. La douce et gentille et autrement délicieuse (même avec son foulard) Fatiha sera remplacée par la nerveuse mais autrement compétente et assidue Fahima (foulardée elle aussi). C'est de bonne augure pour le blogue : Fahima craint l'enfer à chaque virage et croit en une justice céleste inébranlable et elle est appariée avec un athée qui parle ouvertement (subtilement, mais ouvertement) d'activités qui vont BIEN au-delà de toute conception de ce qui est Haram dans ce pays qui fait paraître la communauté anglo-montréalaise comme étant dévergondée sexuellement. À voir).

- À la début mars, j'ai eu un rhume. Rien de trop grave, mais une maladie masculine typiquement handicapante. Je suis ensuite parti pour le Sahara (oui, je sais que je me dois d'afficher des photos et de raconter mes aventures sablonnées), et deux jours après mon retour j'étais accablé par une gastro abominable qui a duré plus d'une semaine. J'ai eu trois jours de répit avant de pogner une bronchite. Ce matin je suis (enfin) allé voir un médecin. Il m'a prescrit l'équivalent de la moitié des inventaires d'une pharmacie. Les Algériens aiment leurs pilules (l'éternelle influence française). Bref, pas pu me remettre au sport. Mes photos de mariage me verront un tantinet plus obèse que mon moi Adonis habituel. GRRRRRRRRRRRRRRRR.

- Mariage : la demande de visa touristique a été déposée pour Samia. On attend la réponse d'ici trois semaines. Elle quittera pour le Canada (inch'Allah) une semaine avant moi pour trouver sa robe et planifier la cérémonie masculine Musulmane. Nous ferons ensuite la célébration laïcisée dans le salon de ma mère avec un célébrant (concept purement québécois). La liste de choses à faire :

1. Manger une poutine.
2. Manger une pizza du Coronel.
3. Manger un smoked-meat.
4. Manger dix kilos de côtes levées.
5. Manger le meilleur mexicain au Québec à Labelle (mouaip. Labelle).
6. Montrer les Laurentides et mon lac à Samia avant de manger le mexicain.
7. Boire des pots de mojitos à la Distillerie (nota : pots égal Pots. De marinades. Pots Mason. Un demi-litre. Oh que oui).
8. Boire des bières NON-BLONDES!!!!!!!!!!!!!
9. Manger du PFK.
10. Conduire mon Lapin Rouge (il me manque terriblement).
11. Aller voir mes amis vendeurs d'instruments pervers.
12. Trouver une manière de rendre obtus ces instruments (ainsi que les miens que j'irai récupérer de l'entrepôt) aux rayons-x des douanes algériennes.
13. Trouver un hôtel et une limousine pour la nuit de noces.
14. Donner des bisous à ma Sainte Maman.
15. Jouer au PlayStation3 avec mon petit frèrot (chez qui je vais sûrement dormir. Je lui annoncerai un jour lorsque les choses seront plus concrètes).
16. Manger du McDo avec extra bacon (nan, c'est le #1. À consommer trois minutes après l'attérissage).
17. Manger du boeuf à texture moins que parfaitement bottineuse.
18. Embrasser la femme que j'aime en public.
19. Voir la femme que j'aime fumer en public.
20. Vivre ma vie comme je veux le faire sans crainte paranoïaque qu'un Algérien ne me juge.

(J'ai tellement hâte. J'espère qu'on aura le visa :$).

Je tiens à noter que j'adore mon expérience algérienne. Un Québécois n'est pas fait pour vivre ici, alors les plaintes se multiplient, mais je n'échangerais pas mon temps passé à subir mes «malheurs» et à savourer mes plaisirs (principalement climatiques, mais humains aussi) fondamentalement algériens contre rien au monde (sachant que c'est éphémère, donc plus endurable). Je suis au paradis (et, puisque je ne crois pas en cette panacée céleste ubique d'ici, je ferais mieux de me gaver de ces plaisirs le temps que ça durera).

lundi 30 mars 2009

Le cafard

Pour ceux qui craignaient pour ma sécurité, j'ai déversé deux cacannes d'insecticide dans mon dressing ce soir. Mon appart sent le Raid, et je tousse inlassablement, mais j'ose croire m'être débarassé de bibittes foncées amatrices de recoins perdus.

...je vais tout de même rebomber l'accès à ma cave si adorée sur une base hebdomadaire. Je n'aime pas avoir des animaux gros comme mon... pouce munis d'exosquelettes chez moi. Du tout.

Les lignes routières algéroises


dimanche 29 mars 2009

Le mariage et l'Islam

J'en apprends à tous les jours.

Depuis peu (je n'ai pas pu cerner depuis quand, mais c'est récent), on REFUSE catégoriquement aux non-Musulmans de se marier en Algérie. Point. Bon, selon le Coran, un mâle peut marier qui il veut, mais ici, tous sont Musulmans, et on doit le PROUVER afin de passer au mariage.

SI je me convertissais (chose qui ne se fera pas. Point. Plus maintenant), on peut enquêter afin de confirmer que je suis sobre et que je fais mes prières et que, bon, je crois en Allah au point à sacrifier mon moi athée. Ça a l'air qu'il y a des inspecteurs qui circulent pour confirmer ce genre de chose. Amusant.

Bref, on a fait la demande de visa. Si tout va bien, dans quelques semaines nous irons dans mon patelin pour faire une petite cérémonie toute simple sans tracas et sans affirmations à l'état qui protège tous et chacun des Al Kafirouna.

Il reste à trouver une robe qui conviendra à mamzelle et un endroit pour nous lier et un fournisseur de côtes levées (je vais me GAVER de chair de cochon à mon arrivée!!!!!!).

Ah oui, et Sam, piégée par une famille consciente qu'elle se fait juger par les voisins, exige que je fasse la Fatiha à Montréal. La cérémonie de mariage chez les Musulmans n'est pas très intuitive pour un occidental. Apparemment, on réunit tous les mâles invités (pas de femmes hystériques. Surtout pas. 'coûterait trop cher en Kleenex) et l'Imam dicte au futur marié ses obligations et ses droits. Ensuite, le père de la mariée transfert la possession de la femelle au nouveau proprétaire (c'est un peu comme si on faisait une fête pour l'achat d'une voiture d'occasion). La femelle doit signifier son aval par la suite en restant silencieuse (selon les dires du Prophète lui-même. 'voyez, les femelles sont trop modestes pour parler tant qu'elles détiennent leurs hymens. Par la suite, les transpercées se rattrapent).

Ma vie n'était pas compliquée à ce point il y a six mois. Bon, heureusement Sam me rappelle souvent pourquoi ça en vaut la peine d'une manière peu orthodoxe :D

jeudi 26 mars 2009

Un cafard!!!!!!!!

J'avoue que je ne blogue plus autant qu'avant. Les dieux savent que j'ai des histoires. Pourtant, même si je dois déjouer les idiots algériens qui ont décidé qu'on est né Musulman dans ce pays et que les étrangers doivent se conformer à l'interprétation locale du Monsieur Dans Le Ciel Qui Décide Si On Est Gentils (et que je refuse CATÉGORIQUEMENT de m'abaisser au niveau médiéval terre-plate du Ministère des Affaires Religieuses), je n'ai pas trop le goût d'écrire sur mes déboires.

...mais là, je viens de voir un cafard dans mon dressing.

Je suis entré chercher mes clés, question de laisser sortir Samia (non, elle n'était pas encagée. Il faut la clé pour ouvrir la porte d'en-haut. Les clés des chaînes sont sur un autre trousseau) et j'ai vu mes papiers bouger. J'ai soulevé avec les clés et une GROSSE HOSTIE DE BIBITTE m'a regardé et a couru en bas du meuble et s'est cachée derrière lui.

:

J'AI DES COQUERELLES DANS MA VILLA CÂÂÂÂÂLISSE!!!!!!!!!

(...bon. UNE coquerelle. Au moins).

Comme à l'époque de l'épisode du lézard, je risque de ne pas dormir, recroquevillé dans un recoin de mon appart. Cette fois-ci toutefois, je vais me trouver une façon de rester au moins un mètre au-dessus du sol.

Samia se fout de ma gueule en me disant que j'en verrai bien d'autres, car les gros insectes sortent l'été en Algérie. Je suis heureux de savoir qu'elle viendra habiter ici, alors si je dois me faire dévorer par des mutants à six pattes, elle y passera avant. Oh que oui.

mercredi 18 mars 2009

Toutes sortes de merdes

L'état algérien me fait chier à chaque virage. Cette semaine devait être la plus belle de mon séjour. C'en est devenue la pire.

J'ai bu trop de bière ce soir pour écrire quelque chose de cohérent, mais mes 12 travaux de ces derniers jours dépassent tout ce qu'Hercule aurait pu affronter (et j'aurais pu écrire 12 feuilletons avec les détails, mais chu trop en crisse).

En bref :

- Samia et moi voulons nous marier. En temps normal, il est facile d'obtenir un acte de mariage d'une Mairie complaisante aux étrangers. Malheureusement, une élection présidentielle empêche aux Algériens au pouvoir habituellement habiles d'apposer leurs signatures sur un document autrement inerte mais qui, potentiellement, pourrait offusquer des électeurs barbus et qui, donc, sera refusé. Un Algérien qui veut marier une étrangère? Pas de problèmes! L'inverse? Impossible (même si la LOI indique l'égalité dans cette circonstance).

- Ma mère était supposée arriver en Algérie lundi. Malheureusement, elle n'a jamais pensé de se faire faire un visa (oui, c'est de sa faute). J'ai reçu un appel de ma génitrice qui m'a réveillé à 6 h 55, me disant qu'elle ne pouvait pas sortir de la Tunisie (où elle avait passé deux semaines en vacances). Les documents nécessaires (qui devaient venir de moi) ont été envoyés avant l'ouverture du Consulat par télécopieur, et plusieurs intervenants étatiques algériens (je me suis fait des amis dans les ministères) sont... intervenus, mais les fonctionnaires de la place ont fait preuve de résilience. Ma chère petite maman est restée prise dans un minable hôtel Tunisois au centre-ville (après avoir passé ses deux semaines dans les BEAUX HÔTELS de la place) à bûcher pour venir voir son fils même si on lui promettait une réponse incessamment. Si on m'attribue le ministère des affaires étrangères à mon travail, je VAIS trouver l'énergumène responsable de cette situation et (faute de pouvoir faire BIEN pire aux membres de sa famille) je vais uriner dans un coin de son bureau pendant deux semaines. Je vais ensuite prendre des fèces collectées pendant plusieurs jours et fermentées au soleil et je vais beurrer toutes les surfaces de son espace de travail. Je ne niase pas. C'est une promesse.

...oui, j'ai un peu d'amertume. Cet individu m'empêche de voir ma vieillissante maman qui a déjà eu un cancer et qui, bon, pourrait être fragile (bien qu'elle paraisse féroce comme une Louve piégée). Il aurait mérité bien pire.

- J'attendais ma mère lundi avec une Samia nerveuse de la rencontrer, un méchoui à 16 000 DA, 12 bouteilles de champagne (à 3 300 DA la bouteille. Prix du gros. J'adore Sam) et mon cercle d'amis et de collègues. Je viens de donner 60 % du méchoui à Alf (bon, ma mère et son copain, Jipi, n'auraient pas consommé la balance de la viande, mais je suis frustré quand même).

- On cherche donc une façon de se marier sans que je doive me convertir à l'Islam (chose que l'état me pousse inéluctablement à faire). Aux imbéciles algériens qui crachez dans la rue et qui chantez vos lamentations de soumission à Allah tout en battant vos femmes, voici le gros de mon message :

«Lakoum diinoukoum wa liya dini».

J'aimerais bien connaître l'attitude des Algériens si le Canada obligeait tout immigrant potentiel à se convertir à la Chrétienneté et à louanger une vierge ensemencée par un ange (le même crisse d'ange qui est venu purifier leur cââââlisse de Prophète). Je me doute qu'on ne serait pas trop friand de l'apostasie imposée.

Donc, chers amis Canadiens, je ne suis pas du tout heureux d'être dans ce pays arômatique en ce moment. J'ai connu des personnes merveilleuses ici, mais l'éternelle crainte castrée de mal paraître devant leurs voisins me donne un mal du pays AI-GU. L'image de l'Algérie à l'étranger est d'une nation éternellement bombardée par des musulmans extrémistes. Je désire ardemment changer votre vision : ce pays est relativement stable, mais peuplé de lâches qui répriment leurs femelles, qui louangent leur Dieu d'un côté et qui volent, violent, mentent et se démentent perpétuellement de l'autre. J'en suis profondément écoeuré. Il y a des bombes qui se perdent.

vendredi 13 mars 2009

Le Sahara

Je suis revenu du Grand Désert après avoir passé quatre jours à Timimoun avec Michelle, mon collègue (allez voir le feuilleton d'il y a quelques jours pour comprendre cette référence à l'apparence sexiste, mais qui est, en réalité, étrangement sexy). Pour un Canadien, c'était tout à fait dépaysant et j'ai des des centaines de photos et de vidéos, des histoires à n'en plus finir et du sable dans toutes mes possessions (et j'inclus mes orifices corporaux parmi mes possessions, bien que Samia dirait que c'est discutable).

Malheureusement, je souffre de la même panne d'Internet qui plane sur notre joli pays. Je reviendrai donc éventuellement avec les histoires de Bashir, de l'irrigation du Sahara, des effets néfates du sable sur une caméra et du fonctionnement étonnant des mobiles dans un désert vide (Algérie Télécom est capable de me permettre de parler avec ma fiancée à partir de dunes perdues, mais je ne suis pas capable de télécharger cinq photos même si je paie pour une connexion haute vitesse. Bravo. Vraiment).

dimanche 8 mars 2009

Il faut noter...

...que les pétards et les feux d'artifice sont illégaux en Algérie.

J'en ai parlé avec les gens au ministère de la culture. C'est une tradition de père en fils. Ça s'est empiré depuis le vidéo. TOUS les algérois font sauter des feux en ce moment. Quand même impressionnant.

Je ne dormirai pas de la nuit :S

Le soleil vient de se coucher

C'est le Mouloud.

Il y a deux mois, lorsque Samia m'eut expliqué le fonctionnement de cette fête, j'étais incrédule face à un tel concept abstrait. Les Algériens font sauter des pétards. Bon. Tant mieux.

...nan. C'est grave. J'arrive de lécher toutes les vitrines de bijouteries de Didouche avec Samia pour nos alliances et le vacarme d'engins explosifs allumés par des jeunes voyous me poussait à bout (il ne faut pas pousser un Loup Sadique à bout. Genre).

Aussitôt le soleil couché, la fête commence. Il vient de se coucher. La ville en entier saute. De mon promontoire, je vois des fusées dans tous les quartiers de la ville et je n'entends pas clairement ma musique violente. Sérieux.

(Oui, je sais que ma caméra est merdique. J'vous assure que le ciel urbain est illuminé de feux).

Bref, je quitte Alger demain avec Michelle et on descend au désert. Voyons comment ça va se passer.

jeudi 5 mars 2009

Les godasses

L'histoire des godasses a une saveur tout à fait algérienne, alors autant la raconter.

Je vais au désert dans trois jours (bon, quatre dodos, mais cette journée est terminée et je quitte au lever lundi. Gnan) et je n'ai AUCUNE idée de la tenue vestimentaire qui serait de rigueur au Sahara. Jeans? Ronning? (La première qui dit «basket» dans les commentaires se fait remettre à Samia pour rééducation à coups de spatule. Oui, on doit improviser avec nos jouets en Algérie. *soupir*). Turban genre Touareg en poils de chamelet??

Disons qu'un Canadien n'a pas tout à fait d'idée.

Je suis sorti mercredi soir (vendredi soir ici, cazzoù qu'il y aurait des Canadiens qui viennent de se joindre au blogue. GRRRRRRRR) avec Samia faire des achats. J'ai pu trouver un blouson (arg. Coupe-vent. Ils m'assimilent) pas TROP cher (après avoir essayé un simili-Lacoste vendu à 32 000 DA, l'équivalent de 600 $. Il y a des choses onéreuses ici). Mais les bottes coûtaient 300 $. Je me suis retenu, préférant ne pas payer cinq fois le prix pour des chaussures. Je survivrai avec le sable dans mes souliers.

Avant de lécher les vitrines algéroises toutefois, j'ai dit à Samia que je voulais des «bottes». Du genre, noires, de soldat ou autrement solides. Ceuzes qu'on retrouve à tous les coins de rue à Montréal. Samia m'a dit qu'on ne trouverait jamais, que ça ne se vend pas ici. Arrivés au premier magasin, j'ai trouvé des bottes presque convenables (bon, pour le désert, pas tout à fait pour des jeux où j'incarne une autorité maritale quasi-martiale). Samia m'a dit : «AH! Tu voulais des godasses!!!».

...j'allais la croquer devant les jeunes hommes au magasin de sport.

Manifestement, une «botte» masculine ici se rend jusqu'au genou et on n'est pas étonné lorsqu'un couple achète une seule palette de ping-pong. J'ai eu ma revanche sur Sam cet après-midi (le mot «botte» a toutes sortes de définitions subjectives). Tout baigne :D

mardi 3 mars 2009

Timimoun

Je réitère que j'écris ces conneries avec l'intention d'offrir la saveur de ma vie algérienne aux pauvres Canadiens qui doivent pelleter leur neige quotidiennement et autrement vivre en concubinage avec leurs amours sans avoir à valider leurs pratiques avec le mec qui habite à-côté.
C'est le Mouloud lundi.

En premier lieu, ce que je sais du Mouloud c'est que c'est a) le nom du proprio de ma salle de sports (beau grand mec jeune qui manque les dents du côté gauche de la bouche mais qui est autrement HYPER sexy. Note aux lectrices) et b) le Noël Musulman. On célèbre la naissance de Mahomet. On célèbre avec l'explosion de pétards (pas des joints, des petits engins explosifs). Il faut garder les vitres de voitures fermées afin d'éviter qu'un jeune voyou ne lance un pétard dans la cabine. De plus, on tient des feux d'artifice dans les mains pendant qu'ils déchargent leurs projectiles sulphuriques dans les fenêtres des voisins. Chaque année, des douzaines de personnes sont traitées pour des brûlures et des doigts disparus.

...je ne niaise pas. Pantoute. Sérieux.

Encore une fois, je planifie une évasion de la ville pendant une fête religieuse. Cette fois-ci toutefois, mon départ ne dépend pas de l'offre d'une Algérienne qui change d'idée aussi souvent que ses décolletés. Mon nouveau collègue, Olivier (un gentil jeune mec qui ressemble - tout à fait et c'est dérangeant - à Michelle Pfeiffer dans Scarface, mais ça lui va bien) a proposé de décrisser et d'aller fêter dans le désert à Timimoun. J'ai appelé instantanément Samia et elle nous a organisé un voyage dans le temps de le dire.

...j'aime ma petite poufiasse à moi.

Bref, en autant que je puisse sortir de la villa et entrer dans ma voiture sans m'attirer des boules de feu, je serai dans le Sahara pendant quatre jours. Je n'ai AUCUNE câââlisse d'idée ce que je vais faire sans a) ma petite poufiasse à moi, b) ma connexion Internet et c) un manteau convenable (j'ai seulement mon survêtement propre pour le travail. Vous pouvez le voir dans ma collection de photos à Tipaza). Bref, j'me lance.

À l'aventure!

vendredi 27 février 2009

De tout et de rien

- Rencontré un mec au gym. Il refusait de me parler en français même s'il me posait des questions et, plus tard, il m'a parlé dans un français impeccable. 'fait chier. Je fais la même chose aux anglais à Montréal (si je commence à avoir de l'empathie pour des anglo-montréalais, j'me tire une balle dans tête. Sérieux. J'ai de l'auto-analyse à faire).


- Ce même mec aujourd'hui m'a salué et il m'a expliqué qu'il est en réhabilitation après sa tuberculose.


...je demande aux québécois qui savent juste que la tuberculose est HYPER-virulente mais qu'elle est largement isolée dans des prisons russes et l'afrique sidatique : quossé qu'vous feriez vous??! (Je n'ai rien pu faire, mais s'il y avait du savon din salles de bain, j'y serais allé en *pwing*).


- Samia m'a emmené à une boulangerie ce soir. J'ai vu du pain multi-grains pour la première fois depuis mon arrivée. J'avais une larme à l'oeil.


- Hier, nous avons mangé à un joli resto algérois pas trop loin de chez moi (mais, puisqu'on monte vers El Mouradia, ce n'est pas dégueu-populaire). J'ai commandé le couscous. Sam m'a expliqué JUSTE avant que je prenne ma première bouchée qu'elle n'aime pas manger le couscous dans un resto, car a) c'est un plat commun qu'on mange souvent à la maison et b) c'est un plat qui, pour le préparer, exige beaucoup de manipulation. Avec les mains (oui les étudiants du français, je sais que c'est une redondance). Les mêmes mains qui servent à torcher les fessiers déféquants dans des salles de bains sans savon.


...j'ai réussi à tout gober mon énorme plat. 'faut croire que j'ai oublié les conceptions américaines d'hygiène.


- En face du resto, il y avait un édifice avec une bannière annonçant quelque chose (je ne me souviens pas des trois mots en arabe). J'ai demandé à Sam ce que ça signifiait d'une manière parfaitement banale.


...les trois mots forment l'acronyme «HAMAS», ironiquement, «regroupement pour la paix» en arabe (bon, il y a un mot manquant, mais c'est essentiellement ça). Oui, un des partis politiques algériens est affilié aux malades-mentaux à Ghaza qui lancent des roquettes à partir d'écoles et d'hôpitaux et qui exécutent ou qui tirent dans les genoux des membres de Fatah après les attaques israéliennes de janvier afin de consolider le pouvoir dans leur petite bande de terre. ET certains ministres appartiennent à ce parti ici (dont celui où je viens de passer six semaines).


Toute une révélation pour un Canadien.

jeudi 26 février 2009

Le sabot algérien

Hier soir, j'ai rencontré les parents à Samia pour la première fois.

Sam voulait arrêter de mentir lorsqu'elle venait chez moi. Sa maman a été mise à l'affût de mon existence au préalable et, au moment propice, le papa a été avisé.

Il faut comprendre qu'en Algérie, il y a des forces universelles qui mènent à des situations assez loufoques. La rencontre avec les parents (chez les familles plus conservatrices - habituellement de bas niveau social) se fait lorsqu'on est prêt à demander la main de la fille. Avant cet événement, la fille qui se fait voir avec un mec est qualifiée de «pute» et se fera traiter de manière peu charitable par les hommes à qui elle appartient (pas seulement les membres mâles de sa famille. La communauté a un énorme rôle à jouer alors elle se doit de ne pas être vue dans une situation embarassante dans son quartier). Bref, la logique sous-jacente aux yeux d'un Canadien cartésien, c'est qu'on veut qu'elle prenne le premier venu et qu'elle le présente.

...bien entendu, ça ne se passe pas comme ça.

J'ai appris peu de temps après mon arrivée que le jeu national algérien est le contournement créatif des règles. On impose des lois draconiennes, mais il est convenu que tant qu'on est discret, on peut tout faire.

N'en demeure que, comme dans bien des pays (dont des pays «occidentaux» - je nommerais un qui réside tout juste au sud de ma terre natale), la virginité féminine est prisée au-delà de toute autre caractéristique. Ça a comme avantage de valoriser la consommation adolescente de Vaseline (et ça m'étonne profondément qu'on ne puisse pas trouver des lubrifiants personnels compatibles avec des condoms dans ce pays, même si les préservatifs se vendent partout) et d'élargir (jeu de mots. Dilatation. Genre) l'éventail des éventuelles pratiques sexuelles des couples légitimisés par l'état. Ça explique aussi les divans bien coussinés prisés par la gente féminine célibataire.

M'entéka.

Samia a tenté tant bien que mal d'expliquer à son papa que je suis CANADIEN, et donc qu'il n'y a ni fiançailles, ni mariage imminents. Ça a plus ou moins bien fonctionné, mais heureusement qu'elle vient d'une famille (bien que papa a 72 ans et est devenu pratiquant de la religion du coin) relativement progressiste.

Voici les grandes lignes de la soirée :

- On m'a accueilli gentiment et on a servi du thé et des gâteaux et on m'a demandé ce que je faisais comme travail alors ça a déclenché une discussion sur le fonctionnement de l'état algérien qui a duré une heure.

- Le frère de Samia (qui a servi de bouclier conversationnel) a quitté. La conversation plaisante a continué un bout.

- Lorsqu'il se faisait tard (et que Samia devait quitter pour une soirée organisée pour son boulot), la maman a dit qu'elle avait des questions sur mes «intentions». J'ai expliqué ma position.

- Le papa m'a expliqué que c'est normal qu'un couple veuille explorer la relation avant de prendre un engagement formel (positif!).

- Le papa m'a expliqué que sa première crainte était que Sam cherchait à se servir de moi pour ma citoyenneté (positif dans le sens que sa première crainte n'était pas que je me servais d'elle comme poupée de soulagement physique).

- Le papa m'a expliqué que Samia est bien plus jeune que moi. Que c'est ma responsabilité de brider ses folies. Ça a pris quelques minutes avant que je ne comprenne (et je n'ai jamais vraiment compris avant que Sam ne m'eut confirmé) qu'il faisait référence au cul. Que JE devais imposer la chasteté dans le couple, car Sam est encore trop naïve (pas positif ni négatif, mais PARFAITEMENT hilarant). Vraiment, les algériens me sont complètement étranges.

- Le papa m'a expliqué que je devrais aller voir un imam lors de mon retour à Montréal. Je croyais qu'il faisait référence au mariage et ça m'a pris quelques minutes (oui, je suis lent dans la tête) qu'on avait changé de sujet, que le mariage est secondaire, mais qu'il voulait me convertir. Chers lecteurs, je suis la personne la plus athée de la planète. Je n'avais AUCUNE idée quoi répliquer.

Alors, le papa à Samia m'a remis son Coran et nous sommes allés regarder le match du Champions League entre Liverpool (commandité par Carlsberg, donc bonne opportunité pour organiser une soirée) et Real Madrid. J'ai calé quatre bières et je me suis demandé quelles sont les conséquences à la soirée et si j'ai fait bonne impression.

Ce matin, après la salle de sports, je suis allé faire mes courses. En sortant de la superette, j'ai constaté qu'on a posé un sabot sur ma voiture. J'étais stationné du mauvais côté de la rue (ça fait presque trois mois que je vais à cette superette sans prêter attention aux côtés de rue et il y avait plein d'autres voitures de mon côté qui ont également été sabotés). J'ai donc dû me rendre au bureau de poste (oui les Canadiens. Au bureau de poste. J'comprends pu rien) pour faire apposer des timbres valant 15 $ sur la contravention et revenir et attendre que les policiers fassent le tour pour leur présenter le document et faire enlever l'entrave jaune.

Voilà. Il y a des pièges qui sont tendus à tous les algériens. On peut tout faire, tant qu'on ne se fasse pas prendre.

mardi 24 février 2009

vendredi 20 février 2009

La salle de sports

J'ai cherché longtemps ma salle de sports. Je voulais pouvoir y aller à 6 h 00, comme à Montréal (lorsque les rues et les salles sont vides. Je suis un lève-tôt. C'est un autre point que je n'ai pas en commun avec ma petite lionne aux nouvelles griffes qui n'est pas capable d'assimiler un concept intellectuel avant la consommation de ses 14 cafés), mais les Algérois ne sont pas très matinaux. De plus, les horaires à la plupart des salles sont divisés entre les plages féminines et masculines.

Heureusement, j'ai pu me trouver une petite salle à peine arômatique à Riadh El Feth, un énorme complexe construit par l'état (bien sûr) qui comprend le monument des martyrs. À tous les soirs (arg. Je n'aime pas m'entraîner le soir, mais je m'y fais) je fais les 500 mètres de chez moi au complexe et je traverse un centre d'achats affreusement vide (il y a eu une bombe il y a quelques années, et les gens n'y vont plus). Je dois monter deux étages et, en arrivant au 3e, un oval dans le plafond donne une vue tout à fait imprenable sur le monument illuminé. On me dit que je devrais être fier que ça a été conçu et construit par des gentils Canadiens. C'est du beau travail.

La raison que je mentionne ma salle de sports est qu'on parle dans les commentaires des différences culturelles et qu'Alger est d'abord et avant tout une ville MÉDITÉRRANÉENNE. En voyant les mecs à la salle, on le ressent parfaitement.

Premièrement, je dois dire que la salle est mixte et que les hommes sont (étonnamment) TRÈS respectueux envers les jolies dames en tenues de sport qui fréquentent la salle mixte. Nawel est devenue membre après que je lui en ai parlé et AUCUN homme ne l'a abordé d'une manière même vaguement machiste (à son grand dam, je présume :P). Ils participent aux cours d'aérobie (de «fitness». Arg) et ont l'air complètement ridicule à danser et à sauter, mais c'est un bon exercice et personne ne se moque d'eux.

Par contre, dans la salle de musculation, on peut voir qu'on est situé sur le Bassin de la Mer Ancienne. De tous les hommes qui jouent avec des haltères, il n'y en a PAS UN qui ne met pas une charge qui dépasse de 30 % ses capacités et qui va ensuite crier d'une manière à peine masculine (on gueule comme les soeurs Williams et on pense démontrer de la virilité?) en se tordant les vertèbres lombaires afin de compléter les exercices. Ils le font également à une vitesse de par laquelle les muscles visés ne reçoivent aucun bénéfice (si on relâche un poids entre deux répétitions d'une manière incontrôlée, on travaille peut-être la force de la gravité de notre planète, mais on ne travaille aucun muscle).

Lorsque je suis arrivé à la salle il y a six semaines, je m'étais à peine entraîné depuis sept mois. Je fais cela toutefois depuis l'âge de 15 ans (ça fait déjà bientôt 21 ans. *snif* Chu vieux), je connais donc vaguement mon corps et, surtout, j'ai pris des cours d'anatomie de l'exercice lorsque je jouais au football. J'utilisais des petits poids au début pour éveiller mes muscles et les criards devaient se demander qui était ce Canadien bedonnant qui peut à peine lever une charge de classe féminine.

...maintenant, je lève plus de poids que presque tous les «mecs», AVEC une bonne technique. Ils sont étonnés. C'est parce que JE travaille mes muscles, tandis qu'eux se disloquent le dos.

Je m'amuse quand même avec eux (au moins ils ne crachent pas par terre) et je me FERME LA GUEULE (chose qui n'est pas facile quand on a un mec qui ressemble à un comptable bedonnant de 42 ans à côté de soi, qui met tout le poids de la machine pull-down et crie comme un écervelé et qui, par la suite, DONNE DES CONSEILS à un jeune homme qui vient de commencer. Ta gueule Éric). Le proprio est super amusant et gentil. On ne me dérange pas trop (en partie parce que c'est un groupe d'amis assez serré et en partie parce que, quand je m'entraîne, j'ai mes écouteurs dans les oreilles, j'écoute de la musique violente, je suis dans mon monde et ça se voit), ce qui est un changement apprécié des perpétuels «ça va?» entendus au boulot.

M'entéka, ils me rappellent ces personnes d'origine méditérranéenne à Montréal (on les reconnaissaient par l'inventaire d'une bijouterie qu'ils portaient en s'entraînant) qui faisaient la même chose dans nos gyms. Là-bas les «personnes normales» sont au moins majoritaires et les filles se foutent de leur gueule (elles appliquent généralement le sobriquet de «Ginos»). 'faut croire que les Ginos viennent d'en quelque part. Je suis dans leur rûche.

jeudi 19 février 2009

Samia

Je fréquente une bête étrange.

Non-pratiquante, elle travaille dans une compagnie qui importe de l'alcool et qui brasse de la bière et elle a un esprit tout aussi corrompu que le mien (voire plus). Voici quelques points qui ont été soulevés en moins de sept heures passées ensemble cet après-midi :

- Elle écoute beaucoup de télévision. Elle peut me nommer toutes sortes de séries télévisées québécoises et canadiennes dont je n'ai jamais entendu parler. Vous voyez, je n'écoute AUCUNE télévision (outre mon football, et la saison est maintenant terminée). J'ai dépensé 13 500 DA (à peu près 250 $) pour une carte satellite piratée qui ne servira qu'à donner quelque chose à faire à Samia lorsque je me doucherai. Vlan.

...malheureusement, elle ne peut pas dormir sans entendre le téléviseur. Bon, les rares nuitées que nous avons le bonheur de passer ensemble n'ont pas eu d'agrément électronique (il y a eu mon ordinateur, mais je me passerai de mentionner le contexte), mais un jour elle aura besoin de son compagnon numérique. Je ne sais déjà pas comment je vais faire, savoir qu'il y a des émissions insipides dans ma tanière. J'imagine que le porterai des écouteurs et que je vais lire jusqu'à mon dodo.

- J'ai dit à Samia le nom de famille de ma maman : Ouimet. C'est un nom des plus banaux au Québec et je l'ai toujours préféré au mien (sans vouloir dévoiler mon nom de famille, suffit de dire qu'il est agressant à l'oreille dans son anglais d'origine - mon papa venait du Canada anglais - mais est parfaitement imprononçable en français (encore moins en Algérie).

...en entendant le nom, elle s'est écroulée de rire. J'avais peur qu'elle fasse pipi sur la couette. «Oui mais...», disait-elle.

Je la regardais sans trop comprendre. Il faut dire que SON nom de famille est rigolo à l'entendre et signifie une denrée alimentaire en arabe. Ce serait comme si un mec nommé Hamid venait au Québec et qu'un autre nommé Spatule se foute de sa gueule.

Hamid : «Salut, je m'appelle Hamid».
Spatule : «MOUUUUUUUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHAHAHAHAHAHAHAHA!!!!!!!!!!!!!!».
...je ne voyais donc pas la comédie. En effet, on peut faire une phrase banale avec le nom, mais puisque c'est commun, on n'y pense pas trop chez moi. Bref, elle va bien s'amuser aux réunions de famille. Ma mère vient d'une famille de douze enfants d'une fertilité éprouvée. Elle va en rencontrer des Ouimet!

- Le sujet est survenu car nous avons connu un choc culturel des plus étonnants. Au Québec, il est convenu que les femmes sont égales au hommes dans tous les sens. Il nous est complètement étrange l'idée qu'une femme deviendrait l'esclave et la propriété de son Homme lors du mariage. Les Québécoises gardent donc leurs noms et les ménages sont bâtis entre égaux. Il y a eu une mode au cours des années '70 de donner des noms de famille composés aux petits, mais ça n'a pas duré très longtemps (car ça sonnait assez ridicule) et, d'usage, les enfants gardent le nom du père, bien que l'état accorde le droit de donner le nom qu'on veuille, car on présume que les parents ont un plus grand droit de regard sur l'attribution du nom de leur enfant qu'un fonctionnaire moche et puant et frustré sexuellement.

Samia a été outragée. «C'est d'un féminisme poussé à l'extrême!!» dit-elle, textuellement. Il faut faire comprendre aux lecteurs algériens que ma copine est une femme au caractère fort et elle est indépendante et occidentale. De l'entendre dire qu'elle RE-FUSE catégoriquement de garder son nom était l'équivalent pour mon petit moi québécois de voir un tigre dans la jungle indonésienne sauter dans une cage et de quémander qu'on l'emprisonne dans un zoo.

Bon, on passe, mais je n'ai aucune façon de m'y échapper. Si elle me rejoint au Canada, nous devrons nous marier en Algérie. Elle sera donc OFFICIELLEMENT Madame Éric et ses papiers canadiens devront le refléter. Ce sera étrange quand j'aurai à la présenter aux amis.

- La mère de Samia se doute qu'elle n'est plus vierge. C'est un peu comme si la mère d'un lutteur sumo se doute que son fils n'est pas végétarien.

- Samia aime les torses mâles nus. Il n'aurait pas fallu que j'aie ma tondeuse à barbe dans la salle de bains :$. Bon, je devrai laver les draps de la chambre du milieu demain afin d'enlever mon pelage corporel qui les recouvre. J'ai l'air d'un Loup qui a perdu ses poils d'hiver, mais il fait encore froid!

...ma Lionne est mééééchante.

mercredi 18 février 2009

Mon lave-vaisselle

Je suis seul ce soir, et on a tenté de m'apprendre des nouveaux mots aujourd'hui, mais malheureusement, je ne peux pas m'en rappeler (et, je rappelle, je refuse de prendre des notes et de faire un effort, bien entendu).


Alors, face un ordinateur qui ne m'aide pas tout à fait à passer le temps, je dois dire une chose :


Un bon lave-vaisselle est un MUST pour un homme paresseux vivant seul. Sam peut témoigner que j'avais des assiettes recouvertes de sauces sèchées et de morceaux de bouffe collés sur ma table. J'ai décidé qu'il était temps (après une semaine) de prendre la pile et de mettre au lave-vaisselle.


Tout est nickel.


Mouaip, en tant que Canadien, je ne peux pas marier une lave-vaisselle, mais ça fait du bien qu'on puisse en acheter, tout au moins.


...hm. Si Samsung s'y mettait et créait des adaptateurs orificieux, les hommes n'auraient pas du tout besoin de s'acquérir des femelles.

Hm.

mardi 17 février 2009

Mot du jour II

Rebak (Dieu, Allah, le Monsieur dans le ciel qui passe son temps à contempler les désirs proscrits des humains - et non pas des moutons ou des baleines, car seuls les humains vont au ciel après leurs morts, même s'ils partagent 99,5 % de leur génétique avec les moutons et les baleines (et 50 % de leur génétique avec les bananes). Étrangement, ce sont les humains qui ont créé Dieu et, bon, les moutons et les baleines baisent sans trop se méfier de l'état de leurs âmes et mangeraient des charcuteries et boiraient des bonnes bières itou s'ils le pouvaient. D'ailleurs, il me faut retourner à la salle de sports et continuer mon processus si je veux éviter de m'attirer un harpon espagnol cet été en me baignant dans la Méditérranée).

Prononciation : comme je l'ai écrit. Le R se roule sur la langue et il faut expulser le mot comme si on était fâché, mais ces instructions cadrent avec pas mal tous les mots arabes (encore plus si on prononce à l'arabe classique, car les Algériens adoucissent les prononciations. Disent-ils. Il me semble pourtant que la Libanaise que j'ai fréquentée il y a déjà 13 ans (Arg!! Elle était LA fille sexy à la fac. Je suis vieux) prononçait son arabe d'une manière BIEN plus sexy. 'faut croire que j'étais influencé par sa forme parfaite de fille de 22 ans et que mes souvenirs sont flous. Car je suis vieux. Arg).

Pourquoi je l'ai appris : J'étais au ministère des finances aujourd'hui. La secrétaire de l'équipe ainsi qu'une analyste porteuse du foulard presqu'ubique ici remarquaient que mon «arabe» s'améliore. Je leur ai expliqué que Samia m'a appris des mots méchants, qui me serviraient quand je dois faire sortir ma bile sur les routes algéroises. Je les avais noté, question de pouvoir m'en rappeler le moment venu d'envoyer paître un imbécile qui freine en plein Boulevard des Martyrs à l'heure de pointe SANS CLIGNOTANT ET SANS SE GARER SUR LE CÔTÉ afin de déposer sa pétasse et de bloquer la circulation pendant cinq minutes, le temps qu'elle déchiffre l'énigme de la poignée de porte automobile. Oui, le retour du travail aujourd'hui a été difficile.

Je me souviens que Sam m'a appris qu'une expression appropriée pour une insulte véhiculaire serait «nique ta mère» (pardon, mais je me dois d'être explicite. Ça fait partie de l'anecdote). Je note également qu'un cadre TRÈS important au ministère du commerce m'a même expliqué que je peux maudire le canal de naissance de mon interlocuteur, ce qui est BIEN pire, mais j'avais oublié les mots exacts. Bref, une maman et son attirail reproductif sert à insulter dans ce pays. Voilà.

(Je note également que je suis crampé à l'idée que quelqu'un d'ici veuille jeter un sort sur la zone érogène principale de ma maman. Je suis athée, et je me doute que ma génitrice apprécie cet endroit de par lequel je suis passé il y a bien des années, alors, bref, si un Algérien le maudit, je me dis que ça va juste rendre le copain à ma maman, l'inimitable Jipi, heureux. Et c'est TANT MIEUX. M'entéka).

Malheureusement, à la Saint-Valentin, Sam a réussi à déjouer ses parents et est restée chez moi pour la nuit. Nous avions consommé des quantités non négligeables de vin et, bon, nous avions repris mon apprentissage de mots pas très gentils (non, nous n'avions pas passé la soirée au lit. Il y a des pauses linguistiques parfois vous savez). J'ai validé mes notes le lendemain sans trop me souvenir de la conversation.

J'avais noté «nique rebak» (je sais maintenant que c'est TRÈÈÈÈÈÈÈS méchant). Avec mes souvenirs flous de différentes façons d'insulter, je pensais donc que le mot du jour était «mère».

Autre pensée : le «nique» n'existe pas au Québec. Je sais ce que ça veut dire, mais je n'ai pas le réflexe d'être choqué par ce qui m'est une syllabe autrement inoffensive à mes oreilles.

Bref : j'ai expliqué à mes collègues que j'ai appris des choses pas gentilles, dont un mot («mère», un mot qui, me dis-je, ne serait pas choquant dans le contexte) qui est déclinable de maintes façons.

En disant «rebak», on m'a regardé comme si je fréquentais la gardienne aux portes de l'enfer (mais elles riaient tout en étant choquées, alors je me disais qu'elles se doutaient des expressions auxquelles je me référais). J'ai continué d'insinuer que ce mot, «rebak», est très utile.

Dix minutes après le début de cette partie de la conversation, Myriam m'a indiqué que «Rebak» signifie le créateur des Algériens et de tous leurs cousins Musulmans.

...je ne sentais plus mes testicules.

Je me suis excusé mille fois et j'ai expliqué que je pensais que «rebak» signifiait «maman» (sans trop expliquer la source de la confusion). On riait, mais je me doute que je ne pourrai jamais leur présenter ma copine sans qu'elles ne la jugent d'une manière un peu (beaucoup) sévère.

Bref, messieurs, la Saint-Valentin est source de malheurs. Restez au lit!!!!!!

lundi 16 février 2009

Jugements

J'ai ce réflexe humain de ne pas apprécier qu'on me juge sur des choses qui ME sont normales mais qui ne le sont pas ici (je nomme : boire une bière, baiser avec une jolie fille et apprécier PROFONDÉMENT ses jouissances volubiles, manger du jambon et autres charcuteries Haram, etc.). Je dois dire que ce blogue a souvent une tendance éditoriale de dédaigner ce qui n'est pas normal dans ma terre natale (je nomme : des hommes qui crachent dans les rues).

Les Chinois célèbrent des bons repas en expulsant des gaz de différentes façons. J'aime expulser des gaz (c'est quand même un plaisir charnel. Qu'on veuille l'avouer ou non). Pourtant, on est répugné par des rots en société.

Lorsque je croise un mâle qui crache dans la rue (non, pas à mes pieds. Il a intérêt à ne pas le faire. Canadien ou Algérien, ce geste est universel et MON football génère des mâles plus intimidants que le leur), je le laisse le faire. Ça me dégoûte, mais je m'y fais car je suis un visiteur et, bon, on aime cracher ici.

Une amie à Nawel mange la bouche ouverte. J'étais fasciné par son regard assez unique et étrangement attirant, jusqu'à ce qu'on aille au resto ensemble et j'ai dès lors été répugné par son processus digestif qui était étalé à tous et chacun. Par la suite, j'ai pris des déjeûners avec des Personnes Importantes de l'état algérien (hommes et femmes) qui ont presque TOUS l'habitude de se fourrer des mottes énormes de pain jusque dans le fond de la gorge avant de commencer à mâcher (et le mâchis résultant va toujours laisser tomber des miettes moîtes sur la table de manière nonchalante). C'est la façon algérienne. Je n'y suis pas encore habitué, mais, étant assez salaud à mes heures (je ne prendrai pas de photos de mon apart en ce moment - ma femme de ménage est en congé de maladie et c'est un bordel monumental), on m'a reproché pire.

Bref, je fais des observations en tant qu'étranger dans un pays étrange. C'est le but de ce blogue. Je ne peux toujours pas concevoir de faire des ablutions post-défécation avec ma main gauche nue (et je garde mon rouleau de PQ dans ma serviette afin d'éviter les visites imprévues aux sanitaires et les dégraissages particuliers de calçons qui surviendraient inévitablement), mais c'est MON problème. Je ne reproche pas aux gens d'agir à leur façon. Et si j'étais en Chine, je flatulerais ouvertement, arômatiquement et heureusement pour mettre en valeur mon appréciation d'un bon repas et des différences culturelles.

Mot du jour I

Bonsoir,

Ces derniers temps, je trouve que j'assimile plus facilement (c'-à-d. sans AUCUN effort) des nouveaux mots algériens. J'ai donc décidé de m'activer en affichant un mot par jour que j'ai appris au cours de la journée (avec le bémol que je ne le ferai pas les soirs que Sam vient me rendre visite ou si je n'ai rien appris. Ou encore si ça ne me tente pas. Je suis paresseux tout de même).

Oukhti (soeur) n.f.

Prononciation : le «kh» rend la prononciation tout à fait étonnante pour un Occidental. Ça sonne EXACTEMENT comme un fumeur de trois paquets par jour qui fait son expectoration régulière dans la rue (mouais. Les hommes algérois crachent dans la rue. Je n'ai pas encore rencontré une Algéroise qui trouvait ça sexy. Manifestement, il y a des nuances aux frustrations sexuelles dans ce pays).

Exemple d'utilisation : Rachid! Va ordonner à ta oukhti de te laver les cheveux, de te décrotter les caleçons et de te couper les ongles d'orteils!

Pourquoi je l'ai appris : Ici, tous les hommes sont des frères. Lorsqu'on interpelle un homme, on dit «houya», donc «mon frère», même si c'est une femme qui parle. J'ai demandé à Fatiha si on faisait la même chose pour les femmes et quel était le mot pour «soeur». Elle s'est démorvée la gorge et je croyais qu'elle dédaignait ma question. En fin du compte, non, les êtres qui valent la moitié d'un homme aux yeux de la loi algérienne (chose vraie. Pas une blague) ne se méritent pas le privilège de se faire appeler «soeur». Tant mieux, si on se souvient que les soeurs sont traitées en tant qu'esclaves par tous les mâles de la famille.

samedi 14 février 2009

Makesh

Bon, si je publie seulement qu'un feuilleton par semaine, je perdrai mes centaines de lecteurs. Malheureusement, je ne sais plus trop quoi écrire. Attends... je regarde dans ma liste de sujets en réserve.

L'arabe! Tiens. Pourquoi pas.

Avant de venir en Algérie, je me suis équipé de livres et de logiciels qui m'ont coûté plusieurs centaines de dollars. J'avais commencé à lire assidûment et j'étais plutôt fasciné par une langue qui est complètement différente de celles que j'avais étudiées antérieurement. Pas de P, deux H, deux T, deux S. Pas de voyelles. Nouvel alphabet. Mouaip, ç'allait être le fonne.

Mes deux premiers soirs algériens ont été passés à étudier. Je tentais de déchiffrer les enseignes (avec passablement de succès, sauf que ça ne sert pas à grand chose de pouvoir lire M, L et le T qui ressemble à une baleine, puisque je ne connais pas les mots et les voyelles ne sont pas écrites. Ça fait donc Mlat à mes yeux) et je disais «salaam alikoum» (pas mal la seule chose que je connaissais) à tout le monde. J'étais comme un jeune chiot imbécile tout mignon. Je m'attendais à ce que j'assimile la structure de la langue à force de l'entendre, comme avec d'autres langues. Je pourrai ensuite indiquer dans mon CV que je parle l'arabe et devenir une denrée rare sur le marché du travail canadien et m'assurer une retraite dorée.

Mouais.

Malheureusement, les Algériens ne parlent pas l'arabe. Ils parlent l'algérien (voire, à la limite, le maghrébain) - un étrange amalgame d'arabe et de français et de mots qui ont des provenances inconnues. Il est à noter que le phénomène de régionalismes est universel - les dieux savent que les divergences liguistiques entre Paris et Montréal sont hilarantes (quoi). Il y a toutefois ce test quasiment biologique auquel les algériens échouent : une espèce animale est classée comme telle si elle ne peut pas se reproduire avec ses voisins sur l'arbre zoologique. Les Algériens, bien qu'ils apprennent l'arabe «correct» à l'école et à la Mosquée, ne se font pas comprendre par leurs cousins en Égypte ou en Syrie, et ils comprennent à peine lorsqu'ils entendent parler les voisins.

J'ai pris des leçons d'arabe auprès d'un ancien professeur au lycée à la retraite. J'affrontais la circulation sur Didouche Mourad (pour les Montréalais, ça ressemble vaguement à Ste-Catherine à l'ouest de Papineau à 17 h 30, sauf sans feux de circulation) afin de me faire torturer par un mec qui n'avait aucune structure dans son curriculum. Il me sortait un mot («s'asseoir», par exemple), et me le disait. Ensuite il passait à «stylo» ou «lumière», sans revenir en arrière pour que je puisse assimiler ce qu'il venait de dire. Surtout, il y a des sons en arabe auxquels des oreilles québécoises ne sont pas du tout habituées alors, parlé rapidement, un K dans le fond de la gorge pourrait être un L et je ne distinguerais pas).

Bref, à chaque fois que je sortais de mes cours, ma tête se sentait gonflée. C'était 90 minutes d'un supplice intellectuel abominable. Après trois visites, je me souviens D'UNE chose : «atheni el qitab». Donne-moi le livre. Arg. Bon, disons que pê ce serait pratique chez un libraire. Malheureusement, j'achète juste mon magazine The Economist (qu'on retrouve ici! J'en suis étonné et TRÈS heureux), et je n'ai aucune idée comment dire magazine. Crisse.

J'ai abandonné et, de plus, j'ai complètement perdu le goût d'étudier le soir chez moi, même si Samia a étudié le droit (en arabe classique) et que j'ai des structures pour me soutenir.

Plutôt, je tente de cerner des mots qui reviennent souvent et de demander à mes proches ce que ça veut dire. J'ai maintenant un vocabulaire d'à peu près 25 mots que j'utilise constamment (c'est charmant au début, mais je crois que ma gentille, délicieuse et voilée partenaire de travail - Fatiha - va m'égorger la prochaine fois que je dirai «maliche» à quelqu'un).

Salaam alikoum houya. La besse? Entique. Hamdou'llah.

Je mets toute personne nouvellement arrivée au défi de tenter d'entendre la différence entre le H dans Rahima et celui dans Hind. Ou encore, de commander un café et de faire cliquer la langue convenablement dans le fond de la gorge au début de Kahua. ARRRRRRRRRRRRRGG. Et on rit de moi! (gentiment, j'avoue, et on apprécie BEAUCOUP mes efforts. N'en demeure que je me sens comme un cancre).

J'ai toujours été BON pour prononcer des langues étrangères!!

Hlas.

lundi 9 février 2009

La route algérienne

Pas d'entraînement ce soir. Sam est passée s'occuper de mon moi affectueux-lubrique (OHHHHHHHHHHhhhhhhhh ce qu'elle comble mon moi masculin plus-ou-moins-masculin-selon-la-position-adoptée. Miam!) et j'ai décidé d'abandonner ma perte de bourrelets pour une soirée (j'ai ma bière d'ouverte, la viande marine et, bon, il me fallait bien rédiger quelque chose).

J'avais quelques sujets qui traînent depuis un bout et qui doivent être traités sur mon blogue, mais il me faut compléter les anecdotes sur la conduite des Algériens.

En premier lieu, je tiens à affirmer que, bien que je vire GRAVEMENT psychopathe en côtoyant mes amis Maghrébains sur les routes, je peux aussi affirmer (une fois qu'enfin j'arrive chez moi et que je fasse ce que je dois pour soulager le stress) que ce n'est pas pire qu'à Montréal. Un peu différent, mais il y a des cons tout aussi étrons sur les routes québécoises, alors je n'inculpe pas un peuple fier et autrement valeureux avec mes propos.

HOSTIE que les automobilistes algériens sont cons!!!!!!!!!!!!

(Encore une fois, rappelez-vous que ce n'est pas méchant).

À la veille de l'Aïd, TOUS les Algérois sont sur les routes afin de faire les courses avant la semaine de congé. Bien entendu, et sans le savoir, ce fut la journée que j'ai eu ma voiture.

Je suivais mon chauffeur de taxi, l'inimitable Nabil, pour aller immatriculer la bagnole. En partant de Oued Smar, il me fallait faire le plein parce que le très gentil concessionnaire Geely m'a remis une voiture avec sept gouttes de pétrole dans le réservoir. Heureusement, Nabil connaissait une essencerie sur l'autoroute.

Malheureusement, pour une raison qui m'est encore inconnue, la file dans laquelle j'étais a dû faire demi-tour et aller dans la prochaine. J'étais le dernier arrivé, alors, en tant que fier représentant de mon sexe, j'ai voulu faire une manoeuvre de reculons avec ma nouvelle machine qui aurait fait comprendre à Nabil que je ne suis pas une fillette qui vient d'avoir son premier permis (il était un tantinet condescendant. Bon, il prend bien soin de moi, alors ce n'est rien de trop méchant). Bien entendu, j'ai heurté la bordure en béton de plein fouet.

...et, grâce à ce Allah ubique, je n'avais pas la moindre égratignure malgré une collision qui a fait tourner la tête des 150 personnes en file.

Après avoir fait le plein, nous sommes partis à la chasse d'un immatriculateur (disons que c'est le mot). Je n'avais aucune idée de l'enfer dans lequel je me lançais, alors c'est tant mieux. Surtout, Nabil n'avait pas trop d'idée où aller.

Sans trop élaborer, TOUTES les rues étaient bondées de chauffeurs énervés. J'ai quitté le concessionnaire à 12 h 30 et je suis arrivé à l'immatriculeux à 15 h 00. Nous avons fait la longueur de El Harrach et ensuite de Kouba, dans une circulation impossible. Je me suis fait prendre au piège à quelques reprises, de par lequel j'étais trop près du pare-choc arrière du char devant moi qui allait par la suite rester pris (il me fallait le savoir à l'avance) et je devais zigonner pour sortir du pétrin. Heureusement, je suis un chauffeur écervelé, alors mon agressivité naturelle m'a servi et j'ai pu envoyer paître bon nombre d'énervés en prenant leurs places dans la mêlée.

Le conducteur algérien est tout aussi narcissique-idiot que le chauffeur québécois à quelques exceptions près :

- Ici, en pleine heure de pointe, quiconque pourrait arrêter et interpeller son houya et avoir une conversation. Les klaxons ne serviront à rien, puisque les impatients ne comprennent pas l'aspect précieux que sont les relations humaines pour l'Algérien. Puisque les rues sont étroites et qu'il n'y a aucune issue, la moindre pause aura pour effet la paralysie totale de toutes les ruelles derrière l'étranglement. Étranglement. Hm. Bonne idée.

- Les voies sont des lignes indéchiffrables pour l'Algérien. La MAJORITÉ des gens d'ici roulent à cheval ou à quelque pourcentage de leur largeur sur la ligne pointillée. Si nous sommes sur une rue normale, mais à la largeur de deux voies, la seule voie est celle qui prend l'intérieur de la courbe. Mon passe-temps préféré est de passer par l'extérieur dans une courbe et de rester au niveau d'une voiture. JAMAIS le chauffard ne pensera qu'il y a quelqu'un à-côté de lui jusqu'à ce qu'il tente de prendre l'intérieur de la prochaine courbe (et que je klaxonne. Je suis CERTAIN d'avoir fait doubler le chiffre d'affaires des pressing algérois qui doivent dégraisser des taches brunes de pantalons aux personnes surprises par ma présence).

- Les essenceries : pour faire le plein, on doit attendre en file pendant que le gentil employé de la société de l'état s'occupe langoureusement de chacun des clients, un côté de la pompe à la fois. Lorsque c'est enfin à notre tour, on doit SORTIR DE LA VOITURE et quémander très gentiment son essence, car il ne faut pas que le préposé syndiqué ne ressente qu'il est inférieur à la personne qui paie son salaire. Notons aussi que je fais le plein avec du «sans plomb», mais il y a de l'essence AVEC plomb - chose qui ne s'est pas vu sur le continent américain depuis mon huitième anniversaire de naissance. On se demande pourquoi il y a du smog.

- Les piétons. Nous nous croyons stupides à Montréal (et nous le sommes. Je n'enlève rien au piéton trisomique montréalais). Ici toutefois, on ne semble pas comprendre que, lorsqu'on marche en plein milieu d'une rue achalandée, les étranges machines rouges, grises et noires peuvent faire du bobo. À TOUT moment, un piéton peut surgir nonchalamment et rester devant une voiture le temps qu'il complète la manoeuvre qu'il a à compléter. Mes préférés sont les jeunes hommes chômeurs qui sentent que les rues leurs appartiennent et qui traverseront la rue à leur guise (dans une courbe qui ne permet pas de les voir qu'à la dernière seconde). J'accélère et je me synchronise pour passer juste devant eux (et je les regarde dans mon rétroviseur pour voir leur air incrédule). Pê que je viens de comprendre pourquoi mon antenne a été arrachée :$

- Lorsque j'étais un jeune louveteau (ça fait déjà quelques décennies. *sanglots*), les mâles québécois faisait des blagues sur la conduites des femelles. Ayant demandé à ma mère leur raisonnement, elle m'expliqua que les femmes au Québec venaient de commencer à conduire en grands nombres et qu'elles conduisaient comme des novices.

...je vis donc au Québec de 1978.

Inévitablement, sur tout trajet, je vais croiser une femme voilée qui prendra 15 minutes à effectuer un stationnement autrement simple ou qui s'arrêtera en plein circulation pour répondre à son mobile (planté profondément dans sa bourse). Il est à noter que de parler au téléphone en conduisant ici se mérite un retrait de permis instantané. Cependant, il y aura toujours une poufiasse déconcentrée qui roulera à 25 km./h. sur la ligne du milieu en jacassant avec une autre poufiasse dans un autre recoin de la ville qui énerve tout autant les mâles derrière elle.

Les routes ont des trous, mais pas pire que dans ma terre natale (la plupart du temps). La circulation est bondée, mais je n'ai qu'à penser à la Métropolitaine entre 6 h 00 et 22 h 00 pour me remettre de ma rage. C'est frustrant de conduire ici, mais il y aura toujours des cons partout et, bon, j'ai été bien entraîné pour leur faire face (et leur faire vider leurs intestins dans leurs culottes :D). Je ne regrette pas de m'être acheté une auto.

vendredi 6 février 2009

Arg.

Je viens de me faire une entrecôte délicieuse recouverte d'oignons caramélisés et des asperges.

...et j'ai des rencontres demain toute la journée avec les cadres supérieurs du ministère du commerce.

...et je viens de me souvenir (ça faisait un bout que je n'ai pas mangé) que les oignons frits me causent des flatulences AFFREUSEMENT arômatiques.

À lire les conséquences de mon idiotie demain.

Réconciliation (bin oui)

Je suis une personne sadique. Pour le bien et pour le mal.

Lorsqu'on me fait disjoncter, je deviens dur. Je ne tolère pas qu'on manque de respect envers moi et lorsque je me sens dénigré, je vais me refermer et je vais me ficher du mal que ça peut faire à autrui.

Heureusement, j'en suis conscient, donc ça me prend beaucoup avant de disjoncter. Je reste rationnel et calme, mais ça a souvent pour effet d'aggraver la rage de ma partenaire qui voit son mec relaxe et, donc, malin.

Je note que je n'ai jamais été violent avec qui que ce soit de ma vie, à moins que ce ne soit dans un milieu sportif ou au lit (dans ces deux cas, il y a complicité et même attente à la violence et on est déçu s'il n'y en a pas ou pas assez, alors ça va).

Samia, hier soir, a courbé l'échine et m'a appelé. Je lui ai donné rendez-vous cet après-midi en présumant qu'à 50 % j'allais la voir quitter en larmes et ne plus la revoir. En la voyant à la porte lorsqu'elle est arrivée, j'ai gardé un air sévère, mais j'avoue que je ne voulais pas la perdre.

Nous avons établi des bornes et j'espère que nous saurons les respecter. Nous avions tous les deux des torts (par défaut, un conflit a deux côtés) et nous les avons étalés, question de les détruire.

Samia a une crainte abominable d'être rejetée. Moi, j'ai vécu tellement de rejets que j'en suis résistant. Elle n'est pas, au premier abord, une fifille archi-vulnérable, mais je semble lui avoir craqué sa carapace et elle a peur.

À voir où ça va mener. Je sais que j'ai rarement rencontré une fille avec qui j'ai une telle complicité. J'espère amadouer mon sadisme, mais je sais que je ne peux pas changer mon côté cartésien (et elle me le reproche). Bref, nous sommes ensemble et j'ose croire que nous pourrons respecter nos limites mutuelles le temps de bâtir la relation.

jeudi 5 février 2009

Suis-je célibataire?

Il a été noté sur ce blogue que j'avais rencontré la petite Samia à des soirées qu'elle organisait. En réalité, ça a pris deux semaines de flirts et de messages acheminés par des entremetteuses avant qu'il ne soit clair que je puisse lui envoyer un SMS l'invitant à souper sans que je craigne de me faire rejeter.

(...oui, je suis mauviette et timide quand une fille me plaît pour plus que du charnel ponctuel. Gnan).

Il m'est difficile d'écrire ce feuilleton tout en respectant la vie privée d'une femme que j'aime encore beaucoup. J'espère que je réussirai à faire l'équilibre entre son seuil de tolérance face au dévoilement de nos difficultés et mon désir de me vider d'une bile infectée puante et autrement véreuse.

Samia est venue me visiter un soir à la fin novembre après nos simagrées de couple-en-devenir. Je ne pouvais pas aller à sa soirée, car j'étais enrhumé (et un rhume masculin est une maladie affreuse qui requiert une attention particulière d'une femelle câline, sinon est elle fatale à 87 %). Elle s'est assise sur mon divan, moi sur ma chaise de salon, et elle m'a expliqué tout à fait sèchement (bon, ce mot est plus ou moins approprié, mais vous comprenez) qu'elle a vécu une peine d'amour difficile à une époque tout de même assez lointaine, que je lui plaisais beaucoup et qu'elle va exiger une preuve de mes intentions romantiques envers elle après un certain temps, car sinon elle ne «perdra pas son temps».

(Notons que la franchise féminine est d'une rareté étonnante et, étant une personne des plus franches et cartésiennes, elle n'aurait pas pu mieux me séduire si elle avait dénudé son ample et ferme poitrine et m'y avait fourré mon museau plein de substances gluantes).

J'ai répliqué que je viens d'une société où les femmes et les hommes se fréquentent librement selon leurs bonnes intentions sans contraintes sociétales et que, puisque j'ai fréquenté un certain nombre de femmes sans contraintes sociétales, je pouvais lui affirmer que l'«Amour Potentiel» tout à fait délicieux au premier abord va, habituellement, se transformer en zombie dévoreur d'estime de soi et de volonté de vivre à l'intérieur de quelques mois, semaines ou jours (selon le cas) si l'on est pas compatibles. Que le fait que je lui sois plaisant après trois rencontres platoniques dans des lieux publiques ne veut PAS dire qu'elle aura le privilège de ressentir mon dernier souffle sur sa joue, entourée de nos dix-sept enfants.

Manifestement, il y avait un conflit culturel.

Le sujet de nos fiançailles s'est pointé régulièrement au cours de notre fréquentation (qui a duré deux mois. Note aux lecteurs canadiens : non, je ne niaise pas. C'est comme ça ici on dirait). Tout ce que j'ai pu faire, si je désirais rester honnête et non pas profiter de son corps et lui dire ce qu'elle voulait entendre à la manière typiquement méditerranéenne, c'est de lui promettre que SI nous sommes encore ensembles à la fin de mon contrat et que je devrai retourner dans mon pays enneigé (non, je n'ai pas hâte de revoir la neige. Les journées de 20° en février m'engendrent une extase qu'aucun Algérien ne puisse comprendre), je ferai ce que je devrai (sans doute la marier. Arg. En tant qu'homme divorcé, j'espérais ne JAMAIS devoir repenser à une telle chose horripilante) pour la ramener chez moi (elle aimerait bien habiter au Québec - sa soeur vient d'émigrer et aime bien MALGRÉ les froids records).

Cette promesse ne lui fut pas suffisante. Elle craint fréquenter un joli petit châtain (qui perd rapidement ses bourrelets! Je travaille assidument et violemment à la salle de sports et les résultats se font voir plus rapidement que prévu. *schling*) pendant 18 mois et de le perdre, donc perdre 18 mois de sa délicieuse jeunesse et vivre une peine d'amour foudroyante.

Je comprends et je compatise avec ses craintes. Elle a de la difficulté à faire confiance à un homme après ses déboires avec son ex. Malheureusement, j'ai mes propres antécédants et je ne peux pas lui offrir plus sans être fondamentalement malhonnête (j'ai cette étrange conception de l'amour de par laquelle on ne devrait pas IMPOSER des fiançailles à quiconque. Mouaip. Étrange).

Bref, hier nous nous sommes querellés dans la voiture après une soirée amusante et j'ai disjoncté. Elle m'a déposé et nous ne nous sommes pas reparlés. Si je connais bien la victime de mes impulsions sado-affectueuses de ces deux derniers mois, elle s'entêtera. Malheureusement, je suis honnête, fidèle à mes valeurs et AFFREUSEMENT orgueuilleux.

Il y a une impasse qui ne pourra jamais être résolue sans qu'elle ne me fasse confiance ou qu'il n'y ait mariage. L'ironie, c'est que pour moi un mariage n'est pas du tout un gage d'amour éternel; que la communication et la complicité (qu'on doit BÂTIR, sans obligations sociétales) est la meilleure façon de désamorcer les craintes de se faire rejeter.

Surtout, ayant déjà vécu le bris avec l'amour de ma vie, il n'y a aucune façon de se prémunir contre une peine d'amour. On doit, à un certain moment, faire confiance et sauter à pieds joints si on veut trouver notre Partenaire de Vie.

En bref, je ne crois pas qu'il soit possible de lui donner ce qu'elle désire profondément : un Homme Parfait et une carte de sortie de la prison qu'est l'abri parental algérien. Je crois donc que je suis célibataire.

...la tragédie, c'est que les effets salutaires de la salle de sports alimentent aussi la libido d'un Loup inassouvi. Je crains de violer Alf une nuit de pleine lune hormonale. Ouâche.