mardi 6 janvier 2009

Bouffe algérienne

Je suis seul ce soir. Sammie est chez ses parents. Je viens de manger une BONNE entrecôte (il me faut aller au boucher à Ben Aknoun plus souvent) et j'ai cliqué sur mon blogue. Je n'ai pas grand chose à dire, alors j'ai choisi un sujet qui mûrit depuis un certain temps mais qui accouche prématurément je crains : la bouffe.

Dire que je connais le manger algérien serait une vaste exagération. Comme on oserait croire, les Algériennes sont Méditérranéennes. Leur fièreté provient de la qualité de la bouffe qu'elles servent à leurs meutes (d'abord au papa, ensuite au fils, ensuite aux femelles. Mouaip). J'ai entendu parler de délices qui m'échappent toujours (pas encore mangé le bouzelouf très épicé des Berbères Kabyles. C'est le crâne brûlé du mouton pour les Canadiens. Les yeux restes intacts et c'est bouilli. Mouaip), alors je vais commenter sur ce que je connais avec le bémol que je ne connais rien.

En premier lieu, en quittant Montréal je m'attendais à un festin monumental de ma viande préférée (l'agneau) et de mon épice préférée (le cumin). Malheureusement, je n'ai pratiquement pas goûté de cumin ici, et on préfère le mouton à l'agneau. De toute façon, bien que je mangeais qu'occasionnellement du porc cheu nous, je TUERAIS pour des côtes levées.

Il faut comprendre qu'il n'y a pas de chaînes de restaurants ici. Soit qu'on va dans un Grand Resto, soit qu'on arrête dans un «fast food» dont le nom commence pratiquement toujours par «Mc». 'voyez, on ne fait pas partie de l'OMC, alors il n'y a aucune protection des marques de commerce. Je vous assure que le McQuinze n'a rien à voir avec nos McDo.

(Attends, je me reprends : il y a UNE chaîne de restos. Les Quick. Burgers à l'Américaine, mais la chaîne vient de la Belgique. Mon Australien et moi y avions mangé le 1er novembre (fête algérienne de l'indépendance). Une chance que c'était férié le lendemain. Les burgers étaient à peine mangeables et nous avions été malades comme des chiens - lui plus que moi - fébriles pendant 24 heures, grelottants sous la couette de l'hôtel. Pas hotte. N'y mangez jamais si vous tenez à ne pas corrompre votre flore intestinale avec des méchantes bibittes a burgers).

M'entéka, pour commencer par le bon, les Algériens mangent bien. La bouffe est relativement santé (nonobstant le mouton gras). Ils se servent beaucoup de légumineuses, notamment les pois chiches, comme source de protéines. Puisque j'adore les haricots secs, ça me va parfaitement. Les salades sont généralement débiles. Un hors-d'oeuvre standard pré-repas à la plupart des restos, c'est la salade aux piments. Assez relevé, ça se mange avec un bout de pain avec lequel on picosse un bout de la salade enduite d'huile d'olive. Je mange habituellement une assiette à moi tout seul (ça devrait suffire pour quatre personnes). Aussi, la Harissa est la sauce typique qui remplace le ketchup dans les pays du Maghreb. On le retrouve à Montréal et je m'en servais, mais maintenant je suis en extase et je le mets sur TOUT. Elle est TRÈS pimentée et savoureuse. On me regarde étrangement quand je la mets dans ma soupe à la cantine du Ministère de la ure.

Justement, la cantine. À tous les lunchs, j'y mange avec mes vieux collègues gribous et drôles. Ça coûte moins qu'un dollar canadien, et de toute façon on paie toujours pour moi (je suis leur invité. On me laisse habituellement payer le café après. L'équivalent de 30¢ pour un expresso tout à fait visqueux. JAMAIS je ne voudrai reboire du Tim Hortons. J'adore le café d'ici, bien qu'il me rende ENCORE PLUS hyperactif :P). La bouffe y est toujours simple mais super bonne et santé (le potage aux lentilles avec deux cuillérées de Harissa mangé sur la baguette omniprésente - elle coûte 20¢ aux superettes et est parfaite - me fait un effet de Viagra. J'en mangerais 24/7).

Il y a aussi le couscous que j'adorais à Montréal et qui demeure le pâté chinois des Algériens. Ça me va amplement.

TOUTEFOIS : notons que certaines choses s'attaquent au palais d'un Canadien (et je tiens à noter que ce sont des PETITES choses, malgré la longueur des explications) :

- Le «petit lait». On prend le lait frais (qu'on ne retrouve pas dans les épiceries de toute façon. Ils ont malheureusement gardé leurs racines françaises en adoptant le lait en poudre reconstitué qui peut rester sur la tablette pendant des décennies) et on le laisse au soleil. Une fois qu'il y a des gros mottons, on passe par un tamis aux trous larges (question de laisser passer QUELQUES mottons) et on sert tiède. Voilà. Le petit lait. J'ai essayé une demie gorgée. Ça goûte comme on croirait. Heureusement, on ne le sert qu'aux occasions, alors ça va.

- Le poisson. Lorsqu'on veut un repas spécial, on va souvent sur le bord de mer prendre le poisson. Il vous faut comprendre que je viens de LONGUEUIL. Le seul poisson que je connais vient panée d'une boîte avec une photo du Capitaine Haddock en réel à l'air particulièrement pédéraste.

À ma première sortie aux restos sur le bord de la mer (à la «Madrague». J'y suis retourné souvent depuis. C'est un endroit magnifique, tant que je puisse avoir un bout de viande), je n'avais AUCUNE idée quoi prendre. Les amis se sont divisés deux énormes poissons de fond mer à l'allure de ce que je retrouve dans mon mouchoir lorsque je fais une sinusite, mais en plus gluant. Puisque je le devais, j'ai pris du rouget, un joli petit poisson rouge sympa.

...lorsque mes collègues ont reçu leurs plats, le serveur s'est installé et a méticuleusement dépecé la bête devant nous. Chacun a reçu un merveilleux morceau de chair blanche. Moi? On m'a apporté une assiette avec quatre poissons. Têtes. Écailles. Tout.

J'ai tenté, tant bien que mal, d'ouvrir et de trouver de la viande, à l'intérieur de mes cadavres autrement allumants pour un ichthyophile. À chaque bouchée, je me devais de recracher, de faire sortir les deux ou trois arêtes qui se trouvaient dans la motte mastiquée et, si je ne voulais pas mourir de faim, ravaler (je note ici que j'ai brièvement fréquenté une phagophobe qui aurait trouvé ça tout à fait normal. C'était une mince aux longs cheveux roux, peau blanche comme de la porcelaine et aux yeux de faon. M'entéka, même à ça, je n'ai pas toffé plus que quatre jours. 'faut croire que je ne suis pas ENTIÈREMENT superficiel). Bref, je ne m'y suis pas remis. L'espadon encore cru qu'on m'a servi quelques semaines plus tard n'a rien aidé.

- La richta. Des drôles de pâtes en serpentin sur lesquels on met une sauce claire et des mottes de poulet. J'ai payé l'équivalent de 35 $ pour un bol au Djenina (le resto préféré à l'Australien). Pas tout à fait valu la peine. D'ailleurs, depuis que je suis ici, mes goûts ont changé. Je n'ai plus AUCUN goût de volaille et je bois du Fanta Orange à tous les jours. Je haissais l'orangeade à Montréal et j'en buvais JA-MAIS. Oui, ils ont le Coca. Fouille-moi. Je ne peux pas m'en passer.

- La viande Halal. Bon, ça n'a rien à voir avec la méthode d'exécution des animaux (bien que mes collègues me disent que c'est BIEN plus sain de laisser l'animal se vider de son sang pendant qu'il est vivant et qu'il est BIEN plus cruel de l'assommer plutôt que de le faire mourir en voyant son sang se vider et que c'est DÉGUELASSE de manger de la viande où le sang s'est coagulé, même s'ils n'ont jamais goûté). Les steaks sont rouges et, ayant mangé des entrecôtes Halals à Montréal, je n'y vois aucune différence significative.

...le problème, c'est qu'ici, on laisse flâner les boeufs oisifs dans des prés, où ils peuvent marcher, courir, monter des vaches, etc. Chez moi, le mâle de la vache va passer son existence abrégée dans un enclos serré où il mange et chie et rien d'autre. Bref, l'entrecôte américaine est tendre et marbrée de gras. Surtout si on connaît son boucher et qu'il réserve une coupe à l'épaule. Ici, j'ai vu toutes sortes de morceaux de «viande» qui passent pour des «entrecôtes». Certains sont ronds. Arg.

Bref, l'entrecôte d'ici est une semelle. Mon boucher spécial qui est quand même loin de chez moi offre des beaux morceaux de viande, mais c'est l'équivalent de ce qu'on retrouve au IGA de Tétraultville. Les prix sont semblables toutefois, alors ça passe. Surtout que j'ai maintenant mes épices secrets envoyés par mon frère (je note : je dois faire tuer mon frère avant qu'il ne puisse dévoiler ma recette de marinade).

- Les fast food : OK, c'est un des toppes. Il y a ici des fast food un peu partout. Ils servent des sandwiches, des frites et des pizzas. Bon, les pizzas sont vaguement comestibles, à la croûte fine et molle et recouverts d'autres ingrédients avec parcimonie. Pas si pire. Les sandwiches sont faits de baguettes tout à fait délicieuses. Le plus populaire (il semblerait), c'est aux oeufs et aux frites. On y ajoute de la mayonnaise. J'ai mangé. C'est quand même bon, mais il faut avoir le goût de sentir son foie tenter de s'échapper de son infernale machine Matrixienne.

...et, bon, les frites.

Lorsque j'étais un petit Louveteau, les sacs de chips avaient parfois des taches noires. J'adorais les brûlées. Avec la venue de techniques de contrôle de qualité accrue dans les usines alimentaires, on pouvait séparer les «bons» chips de mauvais. On vendait ensuite à bon prix des sacs de croustilles «rejetées» (bien entendu, c'était débile. Un sac plein de chips bruns). Depuis les 20 dernières années, on peut produire des chips parfaits. Croustillants, mais sans AUCUNE saveur de pomme de terre.

Je fais mes frites «à la Éric». Ultra-brunes (mais tendres) à l'huile de pinotte, recouvertes de fleur de sel et de fines herbes (bon. Note personnelle, je dois tuer tous mes lecteurs, question de protéger ma recette). J'ai TELLEMENT hâte de retourner au Frites Alors sur Laurier.

Bref, les frites d'ici, même celles destinées aux sandwiches aux oeufs, sont BLANCHES. Si tu commandes une frite ici, tu dois t'attendre à une motte collante et huileuse de pâte à tarte en forme de frites inséparables.

Y'a du bon et du mauvais. Comme chez nous. Je vis bien alors je n'ai pas de plaintes.

3 commentaires:

Lamia a dit…

le probleme en Algerie est que la bouffe que lon mange dehors nest jamais vraiment representative de la vraie cuisine Algerienne .Pour manger quelque chose d`authentique il faut aller chez les gens .
Ceque lon mange dehors nest jamais ressemblant a ce qui se fait dans les familles ce qui nest pas le cas en Tunisie ni aU MAROC.
Ce qui est bizzare cest qu`il nypas de bons restos en Algerie et en plus ils risquent d`etre tres chers
je te conseille de te faire invite dans une famille et comme cela tu pourras manger quelque chose de meilleur .
Aussi la cuisine algerienne varie selon les regions et la meilleure cuisine se trouve plutot a l`est (constantine ou Annaba).
je suis etonnee que tunaies pas goute le cumnin car cest lepice la plus utilisee en Algerie .
Fais toi invite chez des gens tu mangeras mieux je pense
Jai un blog culinaire sur google et jy aimis des recettes si tu veux cuisiner

Lamia a dit…

Pourquoi ne reponds tu pas aux commentaires???
ca serait sympa
Je pars a alger le 15 janvier .....

Éric a dit…

Bonjour Lamia,

Pardon, je ne regarde pas les commentaires (il y en a trop peu ;).

En effet, j'ai bien mangé chez des amis et j'ai bien aimé les mets algérois. J'avoue que ce feuilleton (en plus d'être très mal écrit) donne une impression négative de la bouffe d'ici. Il faut comprendre que ce blogue vise des amis canadiens et que je tente de le teindre d'humour (et que mes tentatives réussissent que rarement).

Je ne retire pas cependant ma critique des frites blanches, car d'un point de vue objectif, si elles sont blanches, elles ne sont pas frites. On devrait les appeler «pommes de terres en lanières trempées dans l'huile chaude pendant quatre secondes».