lundi 11 mai 2009

Mon mariage

J'apprends.

Il est minuit, la veille de mon départ pour le Canada. Épuisé à force de bûcher au boulot pour terminer les choses qui sont en suspens et, bon, magané après trois bières. Je n'ai pas rédigé de blogue en trois semaines, alors j'ai probablement perdu tous les lecteurs qui s'y pointaient qu'occasionnellement.

Bien que le Coran n'interdise pas le mariage d'une Musulmane avec un homme du Livre (Juif ou Chrétien. Les Musulmans vénèrent les prophètes juifs et Jésus), l'inverse est explicitement accepté (5e verset de la 5e sourate). Je fais des recherches pour mieux comprendre la jurisprudence qui interdit mon mariage à Samia, car les hommes cupides semblent vouloir interpréter la parole d'Allah même si ce dernier n'a jamais semblé vouloir me faire chier.

Pourquoi? Car le père à Sam est pratiquant (un peu plus à chacun de ses pas vers sa tombe), et il ne veut pas être jeté aux enfers parce que sa fille est jugée par son dieu (et, surtout, par la communauté) comme étant une infidèle. Nous allions aller au Canada nous marier selon la loi québécoise (donc, un contrat valable), mais aussi, pour complaire au papa, nous allions (j'allais) faire la Fatiha; la cérémonie Musulmane.

Selon Samia, l'Imam allait nous marier sans problèmes tant que je dise la phrase-clé chez les enturbanés : qu'Allah est le seul et unique dieu et que Mahomet est son prophète. Je ne voulais pas dire cette phrase par pur fidélité à mes valeurs (qui ne sont pas du tout religieuses; mais je ne mens pas. Point. Jamais. Pas mal mieux que les «fidèles» certainement), mais si je le devais, je pouvais me faire accepter que ce n'est qu'une phrase et que bon, de toute façon, de parler de dieux c'est l'équivalent pour moi d'astrologies, de conséquences abominables du numéro 13 ou de replis dans nos étrons qui indiquent qu'on est épris d'un démon provenant d'un astre lointain où les chèvres ont mauvaise haleine. Bref, m'en crisse. Si quelqu'un veut croire qu'il y a un gros Monsieur dans le ciel qui le regarde et qui va juger ses quelques courtes années sur notre roche pour soit le garder sous son aisselle éternelle parfumée oubedon le garrocher dins fins fonds enflammées pour les temps infinis et que, genre, ça n'a rien à voir avec une mégalomanie médiévale ignorante d'un mec qui cherchait à imposer des règles de comportement parmi les personnes sauvages de l'époque (et qui faisaient son affaire).

N'en demeure, la soeur à Sam a des réticences. Pourquoi? Parce qu'elle souffre du syndrôme de la récente immigrée. Elle est arrivée à Montréal en décembre dernier et a perdue ses points de repère. Face aux Québécois quelque peu racistes et profondément laïcisés, la religion et les amis (tous deux corrupteurs) remplacent, très ironiquement, les forces modératrices algéroises. La famille à Sam est composée d'un père normal - donc très sensible aux jugements de la «communauté», mais qui allait à la mosquée bourré d'alcool à une époque non pas très lointaine - d'un frère très sympa ultra-rationnel, d'une mère typique (hystéro-manipulatrice), d'un autre frère étrange et d'une petite soeur rebelle et autrement indépendante qui va marier un Canadien parce qu'il est cute, étrange et profondément pervers comme elle. En bref, la soeur ne nous aide pas. Un Imam devra me juger comme étant «apte à me convertir». Sinon, le papa va renier et déshériter mon épouse.

OK. Sérieux. Phoqué tout ça. Voyons si je peux charmer un Imam. Si je ne réussis pas, y'a d'la marde dins airs.

lundi 20 avril 2009

Les femmes en Algérie

Bon. 'voyez, je vis ici et je suis entouré de personnes généralement tolérantes et gentilles, alors quand je lis des conneries comme l'article suivant, ça me choque (il faut noter que les Algérois sont plus tolérants que les morons des campagnes) :

http://www.elwatan.com/Oui-pour-l-heritage-egalitaire-l

dimanche 19 avril 2009

Alger, la chaude

Le climat algérois :

En décembre, j'étais au ministère de la culture. Nous avions eu trois semaines de températures en bas de 10° (généralement. On passait à 12° ou 14° à l'occasion) avec des pluies horizontales et une humidité qui transperce. Puisque mon bureau n'était pas chauffé, je portais mon manteau et je grelottais souvent. On riait du fameux Canadien qui ne pouvait pas tolérer le «froid» algérien. Bin oui crisse, quand il fait froid à Montréal, ON PART LE CHAUFFAGE HOSSSSTIE!!!!!!!

...pour répéter ma réplique habituelle aux amis d'ici : je n'aime pas le froid. Oui je suis Montréalais. Je n'aime pas l'hiver Canadien non plus. N'en demeure, en hiver à Montréal, on entre chez soi, on se dévêtit et on se promène arboré de notre tenue de naissance. Ce n'est pas génétique, un Algérien peut tout aussi bien vivre un hiver montréalais que moi et je peux probablement mieux vivre un été algérois que lui. On verra.

Pour l'instant, l'été n'est pas sur le seuil. Depuis janvier, je regarde mon site météorologique et je vois les mêmes températures : 16°. 18°. Advitam aeternam. Je peux affirmer qu'un soleil de février qui plombe et qui donne l'impréssion d'être aux premières chaleurs du printemps chez moi, c'est magnifique, et j'AD-ORE le climat d'ici. N'en demeure que je commence à avoir hâte de me délester de mon manteau à chaque matin.

Je sais que je vais probablement relire ce feuilleton dans deux mois, accablé d'une sueur inconcevable et que je vais vouloir poignarder mon moi avrilien. J'ai tout de même hâte de ressentir cette chaleur africaine dont j'ai tellement entendu parler.

(Note finale : Montréal vit un printemps froid et mes compatriotes sont heureux lorsqu'on traverse le cap des dix degrés. Je comprends et je compatise vaguement. Je vous rassure que Sam me dit qu'il ne faut pas souhaiter les chaleurs, car Alger en été est un marasme d'arômes et de bouillanture qu'aucun être humain ne peut tolérer. Nous verrons).

(Note vraiment finale : j'ai appris aujourd'hui que j'allais avoir congé au Ramadan, faute de pouvoir être productif. Sam et moi allons donc partir nous balader en Europe. Toutes mes économies vont y passer et je risque de revenir au Canada après mes dix-huit mois avec une position financière identique à celle que j'avais lorsque j'ai quitté. Heureusement, je risque d'avoir des bons souvenirs et une nouvelle épouse serviable, alors ça devrait compenser pour mon manque de revenus, de mon statut de sans-emploi et des dettes inlassables).

samedi 18 avril 2009

C'est bon

Ma mère a trouvé le certificat de divorce. Il nous reste à confirmer la date avec le célébrant et on pourra réserver les billets d'avion.

À moins d'un contretemps, nous nous marierons le 21 mai chez ma mère. La nuit de noces sera dans un hôtel montréalais, et nous quitterons le lendemain pour revenir sur Alger.

Hostie. J'me marie. Kossé qui m'arrive tabarnakkk??

...Sam doit avoir une petite poupée de moi parsemée d'aiguilles sous son lit.

vendredi 17 avril 2009

Histoire fraternelle (suite)

Le dénouement jusqu'à maintenant :

Marc n'a pas pu obliger les rouquins de contribuer les sommes promises. Il demeure allergique au conflit et a préféré financer lui-même la construction de la nouvelle maison d'été que d'utiliser les ficelles juridiques qu'il AVAIT en main. Bon, financer avec son grand frère (qui mesure cinq centimètres de moins).

Éric est d'autant plus enragé d'avoir courbé l'échine et de donner raison aux deux minables petits morpions manipulateurs.

Éric doit aller au Canada se marier. La Sainte Maman, qui est également allergique à tout conflit et qui a donc toujours donné raison à celui qui gueule le plus fort (on gueule donc fort dans notre famille) a promis de ne pas inviter les rouquins au mariage. Éric se doute qu'il y aura manigance et qu'il sera pris à célébrer la journée la plus importante de sa vie devant ses deux pires ennemis, suivi d'un départ hâtif possiblement rehaussé par des assauts cathartiques et des taches de sang sur la chemise de son smoking loué.

...en fin du compte, on s'y fait de vivre en Algérie.

Histoire fraternelle

Voici un travail de fin de session remis au professeur de mon cours de gestion de conflits au MBA en octobre dernier (oui oui, je remets vraiment des travaux écrits sur ce ton. Et pourtant on va me donner un diplôme TRÈS prisé) :

Préambule

Je suis né en mars 1973. La prunelle des yeux de mes procréateurs. J’étais précoce et adorable. Mes parents, fermement normaux (un père ingénieur, une mère franchement franco-canadienne sans instruction, mais possédant une tête forte qui allait lui servir pertinemment sous peu), voulaient ensuite me fournir une petite sœur, avec l’équilibre psychique qui l’accompagnera.

En mars 1976, mes trois frères, pesant en moyenne plus de trois kilos chacun, se sont évadés par le tunnel sanctifié de ma génitrice. Deux identiques au pelage roux diabolique. Un blond séraphique qui attirait tous les regards. Je me suis retiré en solitude à ma chambre pour les quinze prochaines années, résigné à mon sort d’aîné oublié.

Trente et un ans plus tard, mon père est sorti dans la nuit de sa chambre au deuxième étage du chalet. Ses facultés, affaiblies par un début d’Alzheimer, l’ont fait oublier qu’il n’était pas à la maison, où la salle de bains est à la droite immédiate de la chambre. Il est tombé de la passerelle et s’est fracturé des côtes et des vertèbres (des blessures peu graves, croyait-on). Trois mois plus tard, il s’est rendu, au bout de ses souffrances, après deux attaques de C difficile et une défaillance rénale.

Ma relation avec mon père était difficile et je n’ai pas reçu de legs. Mes frères avaient toutefois convaincu mon père de me céder une part égale des deux chalets familiaux quelques mois avant son accident. Je savais depuis quelque temps que je n’étais pas inclus au testament, alors j’étais heureux pour mes frères – deux aux situations financières précaires et un qui allait se marier incessamment – et leurs nouvelles richesses.

La journée de la mort, le 17 octobre 2007, nous nous sommes tous rendu chez Alexandre, le cadet des carottes, dans les Laurentides à dix minutes des chalets, et nous avions bu une bouteille du scotch préféré à mon père, infect à mes papilles tout en étant affreusement dispendieuse, et nous faisions des aveux d’amour fraternel éternel.

… c’était le début de la fin.

Bilan des personnalités

Rouquins (Partie A) :

Alexandre : Le cadet, mâle alpha, tête forte, intuitif et idéaliste. S’il se fait une idée, elle sera figée dans son esprit ad vitam aeternam. Il a déjà jeté le four à micro-ondes du chalet sans aviser ses frères, car « ça cause le cancer ». Passablement charmant, mais entêté et fidèle à ses valeurs.

Christopher : Accablé d’insécurités, hyper-charmant (il se nourrit de l’approbation d’autrui), impulsif, peu rationnel, passe son temps sur un chantier de travail à jaser avec les travailleurs, mais son magnétisme lui permet de flâner sans répercussions.

Les deux frères roux habitent La Conception, village dans les Laurentides où sont situés les chalets.

Blonds/châtains (Partie B) :

Marc : Le seul frère qui n’est pas du tout impulsif. Calme, rationnel et autrement normal. On présume qu’une infirmière à la pouponnière l’eut inséré dans la portée accidentellement.

Éric : Le frère aîné. Perçu comme étant paresseux, intello, sadique et soupe au lait, mais cartésien à en être tannant.

Les deux frères blonds habitent la région de Montréal et ont des vies chargées qui les empêchent de monter dans le Nord sauf pour quelques occasionnelles fins de semaine estivales.

Le conflit – partie 1 : la maison paternelle

Le chalet principal était en très mauvais état; délabré car délaissé et mal entretenu par notre père (et quatre frères sans moyens; un tel projet suit les ressources du plus petit dénominateur commun. Un frère ne peut pas investir plus que les autres). À la mort de notre père, nous planifions utiliser une partie de l’héritage (13 000 $ de chaque frère héritier) pour rénover l’endroit.

L’hiver dernier, la maison de notre père, qui était tout aussi délabrée que le chalet, devait être rénovée pour qu’on puisse la vendre et encaisser les bidoux, nous permettant de nous acharner sur nos propriétés nordiques. On présumait que les rénovations allaient prendre un mois ou deux et que la vente se ferait au printemps, permettant un chantier estival.

Un ami aux rouquins, un soi-disant expert, a été recruté pour effectuer les réparations. Il a posé de la céramique qui a craqué à l’intérieur de quelques semaines et a mal effectué d’autres tâches mineures. Christopher affirmait que notre employé vivait une tragédie personnelle et qu’il allait terminer le travail, soyons sans crainte. Il convainquit Marc (l’exécutant testamentaire) de remettre une somme importante d’argent pour faire avancer les travaux, car le charpentier en avait de besoin. Le chèque a été remis. Nous ne l’avions plus jamais revu.

Marc s’en est lavé les mains, affirmant que c’est à Christopher et à Alexandre d’exécuter les travaux, car ils étaient responsables des déboires. Malheureusement, la maison est à Longueuil et les rouquins habitent à 90 minutes au nord. Marc réside la ville voisine et il travaille à temps plein, suit des cours afin de devenir pompier à temps partiel et planifie un mariage – il a donc un horaire chargé (tandis que les frères nordiques étaient largement sans emploi). Le conflit est ensemencé.

Les roux se sont déplacés comme ils le pouvaient pour faire avancer le projet. Le ressentiment envers un Marc « paresseux » s’est vite gonflé. La maison était encore dans un état piteux en mai, donc Éric et Marc ont commencé à offrir leurs services pour accomplir la tâche, mais la faille fraternelle était déjà bien entamée.

Alexandre et Christopher disent qu’ils ne peuvent pas travailler avec Marc, car la rénovation des chalets allait être ardue et ils ne voulaient pas faire « tout le travail » comme à la maison. Ils voulaient diviser les deux chalets – un aux blonds et un aux roux. Cette solution m’était disgracieuse puisque nous étions quatre frères et c’était un beau projet fraternel qui allait nous réunir en souvenir de notre père décédé. De surcroît, je n’avais pas les ressources financières pour refaire un chalet avec Marc. Finalement, je n’allais pas donner ma part d’un chalet, puisque c’était mon seul héritage (et un seul chalet nous a toujours été amplement suffisant).

J’ai donc agi comme médiateur au conflit et, lorsque j’ai perdu mon emploi à la fin mai, j’ai décidé d’aller vivre au deuxième chalet (une vieille piaule toute trouée qui n’a pas été habitée depuis avant ma naissance), question de démontrer que les blonds peuvent effectuer du travail et faire preuve de bonne volonté.

Le conflit – partie 2 : les chalets

Je suis arrivé dans le Nord à la mi-juin. J’ai habité le sous-sol chez Alexandre pendant deux semaines, question d’installer des moustiquaires sur les fenêtres vidées de leurs vitres anciennes et de la plomberie rudimentaire pour me donner un vague sens de confort sous forme d’eau chaude courante.

Nous attendions incessamment un nouvel ami charpentier pour démolir le chalet principal, qui a rendu l’âme après une trop forte tombée de neige l’hiver dernier. C’était dangereux d’y pénétrer, mais il fallait vider la carcasse afin de préparer la démolition.

Alexandre et Christopher étaient étrangement très réticents à traverser le lac pour me rejoindre sur l’île où se trouvent nos propriétés ludiques. Après leurs litanies incessantes à propos de l’oisiveté châtaine, je me suis retrouvé seul à effectuer les travaux.

Lors des vacances de la construction, l’ami menuisier est venu et la fin était imminente pour notre vieil édifice. Des amis ont été recrutés et l’équipe a travaillé à la grande pluie pour défaire la place, morceau par morceau. J’ai adopté le rôle d’éboueur-pyromane, charriant le bois irrécupérable au bûcher enflammé (chaque matin je devais l’allumer. Tout un art à la pluie battante). J’ai effectué mon travail ardu en solitude - étant l’équivalent sur le chantier de la caste indienne des intouchables - et on m’eut félicité de mon acharnement (l’isolant rose mouillé brûle très mal et engendre des irritations cutanées. Pas amusant du tout lorsqu’on n’a pas accès à un bain ou une douche). Bref, j’ai bûché. J’ai aussi financé l’opération à partir d’une marge de crédit étroite, ce qui insécurise un mec sans emploi, donc sans revenus.

Mon intervention était motivée par un désir de complaire et de faire taire les méchantes langues rouquines. Marc n’a pas pu participer à la démolition, étant sur sa lune de miel, donc j’avais d’autant plus de pression sur le dos, me motivant à faire un bon boulot.

Une fois la démolition complétée, je n’ai plus revu mes frères. Notre charpentier allait revenir en octobre pour la construction, donc il n’y avait plus de tâches urgentes. J’ai nettoyé le chantier et recyclé des planches et je me suis occupé comme je le pouvais, en solitude abjecte à la pluie et au froid (je descendais parfois à Montréal pour me ressourcer).

Trois semaines plus tard, un samedi matin à 8 h 00, je suis revenu de la Ville et la chaloupe n’était pas au stationnement (la chaloupe est un moyen de transport incontournable pour les résidents de l’Île). Christopher a couché au chalet, sachant que je n’y serais pas, et il était frustré de devoir se réveiller pour venir me chercher.

Après un somme, je me suis mis au travail à pelleter de la terre afin d’adoucir une pente qui nous permettrait de transporter des matériaux, pensant que mon frérot chéri m’aiderait. Il a plutôt décidé de m’affronter, me disant que je ne fais « rien » et qu’il ne veut pas avoir un chalet avec moi. J’ai donc compris que l’absence rouquine prolongée provenait de la formation d’un axe belligérant qui voulait soutirer le chalet nouvellement détruit, se servant du levier du charpentier qui est LEUR ami et qui a les plans du chalet. Bref, le chalet serait à EUX, ou il n’y en aurait pas. Chris était abusif dans son discours et tentait de m’intimider en me menaçant d’annoncer à la planète que je ne suis pas digne de partager sa génétique manifestement supérieure (en quelque sorte).

Je l’ai ignoré. La pire insulte possible à ses yeux.

Une semaine plus tard, Alexandre le diplomate est passé et m’a abordé d’une manière bien plus douce, mais ayant le même but en tête : de me convaincre de leur donner le terrain nouvellement défriché contre le deuxième terrain bien moins alléchant. Notre rencontre s’est terminée en querelle avec un aveu de ma part que je ne cèderai jamais, et que je ne veux plus jamais les croiser. La réservation de l’ami charpentier a été annulée. La construction du chalet est remise à jamais.

Une voisine avec qui je me suis lié d’amitié est passée un soir et au cours de notre conversation, elle m’a dévoilé que mes frères disent des choses peu flatteuses à mon égard dans mon dos. Ça a renforcé mon entêtement. Je n’ai plus qu’un seul frère.

Le conflit – partie 3 : Marc

Le 25 août, date de la rentrée universitaire, j’ai quitté le chalet pour rejoindre le sous-sol de mon petit frérot urbain (qui pèse plus de 120 kilos. Assez rigolo comme appellation).

Je venais de recevoir la confirmation d’être engagé par une boîte de consultation qui allait m’envoyer en Algérie pour un an. C’était un virage de carrière tout à fait inattendu et qui me comblait de joie. Je devais survivre à trois cours du MBA, aux arrangements de déplacement international et aux obligations sociales multiples engendrées par mon départ.

Marc gardait contact avec les deux rouquins. Il était devenu le médiateur et je suis devenu le paresseux irresponsable (un renversement de rôles tout à fait loufoque). La position rousse s’est consolidée : Éric va courber l’échine ou rien ne va se passer sur le chalet; ils préfèrent laisser pourrir le terrain plutôt que de partager avec moi. Marc, convaincu qu’il ne pourra jamais travailler avec nos petites bêtes fraternelles et, exaspéré, était d’accord avec cet arrangement. J’étais donc le seul irréductible.

Puisque je quitte mon pays pour l’Algérie, je n’ai aucun bénéfice direct de participer à la construction du chalet. À mes yeux, la menace qui plane est vide de tout sens. On m’a insulté gravement et la pression qu’on applique sur moi est minimale. Ma position est donc claire : je les envoie paître et je me fiche si nos terrains restent sous-développés. Ce n’est pas moi qui en souffrirai.

Cependant, Marc vient de se marier. Il entame le processus d’ensemencement de sa dulcinée. Il désire profondément avoir un chalet pour sa progéniture. Je lui explique que c’est moche qu’il soit pris entre l’arbre et l’écorce, mais je ne vais JAMAIS céder aux trisomiques aux pelages écarlates.

Analyse du conflit

Les composantes y sont toutes : la perception de divergence d’intérêts provient de soirées nordiques paranoïaques de mes frérots passées en isolement rural. L’interdépendance découle de ma part des propriétés – donc de mon droit de véto légal à toute action unilatérale. Les interactions sont devenues abusives, mais nous sommes frères et avons des liens communs tissés dans toutes les directions.

L’analyse structurelle du conflit :

Enjeu : on croirait que l’enjeu serait la construction de nos chalets, qui ont une valeur sentimentale énorme pour chacun des frères. Il n’en est nullement le cas. Le vrai enjeu est un tiraillement entre les orgueils de boucs belliqueux cherchant à saisir la primauté de la meute.

Partie A :

Prédispositions : Christopher est soumis à Alexandre. Ce dernier est incapable d’entrevoir le monde d’une manière autre que sa propre conception. Ils seront entêtés et ne vont manifestement jamais courber l’échine. Si toutefois on divise les deux propriétés, ils seront aptes à négocier de bonne foi et seront généralement assez généreux.

Pressions : Il est difficile d’appliquer de la pression sur eux. Leur bénéfice engendré par l’entêtement dépasse de loin tout plaisir renoncé par la non-construction. Mon départ pour l’Algérie risque toutefois de briser leur volonté, étant donné qu’ils n’auront aucune cible pour leur bile venimeuse.

Prévisions : L’entente de diviser les chalets en deux est éphémère. Une fois qu’ils recevront leurs héritages, ils veulent acheter une propriété de location à Saint-Jovite et Christopher, de par son comportement habituel, risque de dépenser une partie non négligeable de sa fortune sur des biens non durables. Bref, si nous ne signons pas l’entente maintenant et déposons les montants requis, selon les modalités prévues par les roux, ils n’auront pas l’argent nécessaire pour rénover quoi que ce soit l’été prochain.

Comportement : On peut prévoir que les roux ne vont pas courber l’échine, préférant se retirer du dossier lors du départ du frère aîné et s’attaquer à d’autres défis et/ou plaisirs hédonistes.

Partie B :

Prédispositions : Marc et Éric sont des alliés de longue date et ont une belle complicité. Marc toutefois n’est nullement rancunier, tandis qu’Éric l’est à l’extrême. Éric est orgueilleux également, ce qui engendre une tout autre dimension à son entêtement. On peut exploiter son amour-propre en s’attaquant à sa réputation auprès de tierces parties.

Pressions : Éric est intouchable. Il quitte pour l’Algérie et l’existence ou non d’un chalet sur une île des Laurentides ne lui cause aucune ride intime. Il se réfère à la théorie de la prépondérance du pouvoir, sachant qu’on lui a cédé le gros bout de la matraque fraternelle. Marc toutefois désire ardemment un endroit où il pourra emmener ses éventuels poupons. C’est une fissure dans le bloc châtain.

Prévisions : Marc n’est pas agressif ou autrement rancunier et il n’hypothéquera pas sa relation avec Éric pour un tel conflit. Cependant, il ne comprend pas intuitivement comment Éric peut se refermer sur lui-même et renier l’existence même de ses autres frères. L’un ou l’autre des deux sera mécontent du dénouement.

Comportement : Éric fermera la porte à tout contact avec les rouquins et se retirera dans son pays adoptif à moins que Marc ne puisse le convaincre de mettre de côté son égo.

Dénouement

Le cycle de la colère s’applique mal à notre famille. Éric a été profondément blessé par ses frères et il ne pourra pas s’en remettre de sitôt. Marc toutefois, au cours d’une balade en auto pour aller chercher un tonneau de bière (une activité familiale tout à fait chérie par les deux participants), a tenté de convaincre son frère aîné que, bien qu’il soit désolant que les deux autres aient agi d’une manière totalement irrationnelle, le paradigme a changé. Si on divise les propriétés, Marc, en tant qu’exécutant testamentaire, pourra mettre de côté les sommes requises pour financer une bonne partie de la construction et il est prêt à investir la moitié de la somme manquante. Il rappelle à Éric que son nouveau travail lui permettra largement de combler le manque à gagner.

Éric a écouté vivement son frère, mais ne pouvait pas concevoir de donner raison aux individus qui lui voulaient du mal. Ça va à l’encontre de son lui fondamental. Arrivés à la maison, les deux frères se sont versé deux verres d’un nouveau nectar houblonné et Marc a offert un dernier argumentaire : qu’il se fait prendre au piège. Qu’il veut un chalet pour ses enfants. Éric était implacable.

Marc quitta le sous-sol portant un air de frustration qui lui est assez étranger. Éric, ressentant qu’il valait mieux en discuter pour éviter une fracture de la relation, avait monté le rejoindre sur le patio. Marc avait des larmes aux yeux.

Éric réfléchit. Le contexte intellectuel qui lui eut été imposé par ses déboires dans son cours de négociation lui fit comprendre qu’on doit parfois céder. Il comprend que, bien qu’il jouisse d’une position totalement dominante sur ses frères rouquins, cette position est adoptée aux dépens de son plus grand allié.

L’entente sera signée tel qu’exigé par Alexandre et Christopher. À son retour, Éric aura d’énormes difficultés à affronter ces deux traîtres avoisinants de manière civilisée. Il aura cependant un chalet avec son frère préféré.

… il se désole également en sachant que les deux roux, n’ayant plus de boucs émissaires envers qui cracher leur venin paranoïaque, vont fort probablement se retourner sur eux-mêmes. Alex ne tolérera pas la paresse sournoise à Chris. Chris ne pourra pas contribuer une part équitable des sommes à investir.

Du moins, c’est le souhait ardent du frère aîné sadique à l’orgueil blessé.

jeudi 16 avril 2009

Le visa!

C'est fait. Sam peut entrer au Canada. C'est le temps de passer aux planifications.

J'avais contacté des célébrants (concept purement québécois. Mouaip. J'me répète), et nous avons tous les documents requis SAUF...

...mon certificat de divorce.

Il faut comprendre que je n'ai JAMAIS pensé que ce document me serait important, mais voilà. Il me le faut. Et l'envoyer trois semaines avant la date du mariage. J'avais contacté mon ex-épouse par le biais d'amis communs, mais malheureusement nous avions une chose en commun qui a perduré les années passées ensemble et les années passées depuis notre séparation : un manque total de rangement et de volonté de faire des choses plus ou moins immédiates (trouver un certificat pour son ex semble lui être du même niveau d'importance que de classer ses chaussettes par couleur et longueur. Mouaip. On a failli construire une relation durable sur cette chose en commun).

Bref, j'ai ma copie du certificat en quelque part. Soit dans une boîte entreposée, soit dans un classeur qui est resté sur une île Laurentidienne. J'ai tenté de contacter ma mère, mais elle semble filtrer ses appels afin de m'éviter (du moins, c'est ce que dit mon moi parano. 7e personnalité, derrière les petits gamins qui aiment étrangler des chats). Si elle ne trouve pas dans l'entrepôt, le mariage attendra la prochaine visite de mon frèrot au chalet (à la fonte des dernières glaces. Ça retarde la chose).

...si j'avais su que les Algériennes étaient aussi désirables. Grrrrrrrrr.