samedi 31 janvier 2009

Mon char

(Note aux lecteurs : ce sera le plus long feuilleton de l'année. Veuillez attendre d'être atteints d'insomnie à deux heures du matte avant de tenter de le lire. Soit que vous allez vous endormir instantanément, ou qu'il sera temps de prendre votre douche et d'aller bosser lorsque vous serez rendus à la fin).

Les premiers jours après mon arrivée, la chose qui m'a le plus étonné était la circulation automobile dans les rues d'Alger. Il faut comprendre que je suis Américain, et qu'en Amérique (la plupart du temps), les villes sont dessinées avec des lignes droites. Il y a des feux de circulation pour garder l'ordre. Il n'y a pas de barrages policiers en pleine autoroute agissant comme goûlot d'étranglement menant à des kilomètres de voitures stationnées dans une zone où la limite indiquée est de 80 (et Samia me dit que la limite officielle est de 120, mais qu'ils n'ont jamais changé les enseignes. Disons que ma jolie est sadique, et je ne sais pas à quel point elle est manipulatrice, alors je ne sais pas encore si une contravention lui serait jouissive ou non).

La grande différence entre mon ancien monde et mon nouveau, c'est que pour se rendre d'un quartier à un autre, il faut presque toujours passer par des petites ruelles étroites. Donc, pour me rendre ce matin au ministère des finances à partir d'El Madania, j'ai dû monter une petite ruelle derrière un vieux fourgon Peugeot pendant trois kilomètres, couper un boulevard, et redescendre pour un autre deux kilomètres. Super le fonne.

Les gens d'ici parlent de la circulation comme les Montréalais parlent de la météo. C'est l'éternel sujet de conversation, tout le monde valide avant d'entrer au boulot et tout le monde en grogne.
Lorsque j'habitais l'hôtel, on avait un chauffeur qui nous faisait l'aller-retour, alors on ne s'en faisait pas trop. Je ne pensais JAMAIS devenir un des frustrés en m'achetant une voiture. Lorsque je me suis pris un appartement toutefois, les choses ont changé.

Le taxi me coûtait 800 DA (vaguement 15 $ CAD) par jour aller-retour et, heureusement, Nabil était magnifiquement ponctuel. Le problème survenait quand je devais faire des courses. Que ce soit pour mon nettoyage («dégraissage» ici. 'faut aimer l'idée que j'ai de la graisse sur mes chemises) ou pour m'alimenter en... aliments, je devais soit payer une somme supplémentaire ou demander gentiment à Nawel. Je devais aussi planifier mes déplacements, car l'horaire de mes autos ou le traffic imposait des limitations importantes. Surtout, si un imprévu se pointait, j'étais dans la schnoutte.
Pendant trois semaines, je me suis aussi fait voyager par les chauffeurs du ministère de la culture. Bien que ça m'a permis de me sauver des bidoux, je me levais à 6 h 30 et je ne savais pas si ma voiture allait arriver à 7 h 30 ou 10 h 00. Pas évident lorsqu'on a des réunions de planifiées avec des fonctionnaires-cadres (EUX pouvaient me faire attendre, mais moi, c'est différent).

Éventuellement, j'ai fait les calculs et j'ai décidé qu'il me serait avantageux de m'acheter une bagnole. Je suis allé voir le souk auparavant (à l'hôtel, je voulais une Peugeot. Miam. Elles sont BELLES!!), mais à 70 millions minimum pour une 2004, ça devenait un peu ridicule.

(Ah oui, Monsieur Lyes, notre chauffeur gentil mais engendreur de désirs de baffer, m'a parlé des prix des voitures. «Entre 70 et 140 millions» me disait-il. Lorsque je fais un calcul rapide 1 $ CAD = 50 DA, ça voulait dire qu'une voiture coûtait entre 1,4 et 2,8 millions de dollars. Je me suis presque vidé les intestins sur les jolis sièges en cuir avant de humer une anguille sous la roche et demander combien mon billet de 1 000 dinars valait. Après un dialogue ridicule, il a compris que 70 millions, c'était en centimes, ce qui vaut 700 000 DA. Notons que ce bogue perdure un peu partout, et qu'il me faut constamment traduire en ajoutant ou en retirant un certain nombre de zéros selon le prix cité. Pour mon magasine The Economist, on me dit que ça coûte 3 750, alors je donne 400 et on me rend 25. Ça ajoute du piquant dans la vie mettons.
...et je me dois d'ajouter ici, TOUT caissier ici, peu importe les sommes en jeu, va sortir la calculatrice. Au boucher, on peut calculer la valeur de deux entrecôtes, deux filets de dinde, quatre côtelettes d'agneau, 500 grammes de viande hachée et six merguez, mais si je donne 1 500 pour couvrir 1 420, on va sortir la machine afin de s'assurer qu'on me doit 80 dinars. C'en est désolant).

Le dilemme auquel je faisais face portait sur la décision entre une voiture d'occasion et une voiture neuve. J'allais avoir le bollide entre 12 et 18 mois, alors ce n'était pas vraiment le COÛT qui m'était important, mais plutôt la perte de valeur entre le prix d'achat et de revente PLUS les coûts d'entretien. Bien entendu, l'idéal serait de m'acheter une vieille minoune (comme j'avais à Montréal. Elle s'appelait Sissi et elle va vouloir m'écorcher vif à mon retour au pays. C'est un inside) que je pourrais revendre au prix payé. Malheureusement, il n'y a pas de vendeurs officiels de voitures d'occasion, alors je DOIS acheter d'un particulier, ce qui ne me confère aucun recours si ça s'avère que j'ai acheté un citron (un tacot en bon algérien). Puisque la poussière et les pentes routières d'ici tuent un moteur et un engrenage, j'ai préféré acheter une nouvelle voiture qui aura une garantie et, tant que je la garde en bon ordre, je pourrai récupérer une somme raisonnable lors de la vente.

Les marques : le parc automobile algérien est plutôt différent de ce qu'on retrouve à Montréal. En premier lieu, nous n'avons pas les marques françaises (Peugeot, Renault et Citroën). Je peux affirmer sans équivoque que les Peugeot me donnent des érections. Toute la gamme est délicieuse. Les Citroën ont des drôles de petites voitures qui sont des demi-cercles, mais leurs grosses voitures sont absolument magnifiques. Quant à Renault... voici la Mégane (ce nom ressemble au mot québécois «magané». Je vous JURE que ce ne doit pas être une coïncidence) :
J'aimerais bien refaire le commentaire qu'on a donné de la drogue et un crayon à une personne atteinte d'un traumatisme crânien afin qu'elle puisse dessiner cette horreur, mais la voiture est TELLEMENT laide que seul une personne totalement brillante - l'incarnation non-fictive de Dr. Evil avec la puissance intellectuelle de 50 Einstein - et fondamentalement diabolique aurait pu créer un objet possédant une telle nauséabondanture. Je présume toutefois que les gens qui la conduisent ont été atteintes de traumatismes crâniens. Et sont aveugles. Et sont impuissants sexuellement.
Il y a aussi des voitures qui ne sont pas encore disponibles sur les marchés occidentaux. Fabriquées en Chine, elles ne satisfont pas aux critères de sécurité minimaux. Notons que j'habite un pays où les Hyundai et les Chevrolet sont des porte-étandards de qualité, alors tout passe.
Je suis allé avec ma collègue Madeleine visiter le concessionnaire de Marutti. La marque la mieux vendue en Algérie. Ils ont une entente de marketing avec Suzuki et c'est LA voiture la moins dispendieuse du pays. J'en étais enchanté tellement qu'elle était moche. Je l'ai essayée et la petite machine pouvait à peine se rendre à 30 km/h. Elle fonctionnait au carburateur et avait UN CHOKE!!! Je voulais l'acheter juste pour me vanter d'avoir conduit la dernière version de la génération des Honda 1967.
...malheureusement, elle n'avait pas de clim. Je me visualise, pris sur une autoroute bondée à 44 degrés en août dans une Marutti. Je suis maso, mais pas à ce point.
Je pouvais acheter sa grande soeur, la Alto, pour 600 000 DA, toutes options, taxes incluses. C'est ce qu'à fait Madeleine et je présumais faire pareil. J'ai toutefois décidé de faire le tour des voitures chinoises (jusqu'à date, j'ai recensé neuf marques chinoises différentes. TROP hotte de voir ce qui va pulluler au Québec dans dix ans), voir ce que je peux dénicher.
Un jeudi matin avec Nabil, nous sommes partis à la découverte. Nous nous sommes arrêtés chez Saipa, une marque iranienne (oui oui, iranienne). Elles ressemblaient à l'Alto (ultra-cheapo), mais en plus cher, alors j'ai laissé tomber. Nous allions quitter quand on m'a dirigé vers une toute petite salle de montre («showroom» en français correct). J'ai vu des belles bagnoles, et je suis embarqué. Lecteur CD, ABS, direction assistée (ma petite Samia toute menue a des biceps d'Arnold en 1981 à force de se stationner sans assistance), solide, tout à fait confortable. Hors de prix sans doute, me dis-je.
La TRÈS jolie Yasmina (je t'aime Sam) m'a dit que ce sont des «Geely». Que le modèle de base, la CK, toute-option avait un rabais. Je pouvais l'avoir à 700 000 DA plus taxes.
...je sursautai.
Je lui ai demandé s'ils en ont en stock (fréquemment, on va faire attendre les clients qui ont donné leurs dépôts, parfois des mois, en disant qu'«on attend la livraison» et ils passent les nouveaux arrivés à ceux qui crient le plus fort ou aux amis). Je suis allé voir. Ils en avaient trois. Une couleur champagne (sérieux, une Mégane champagne serait le comble de la laideur. Si j'en vois une, je risque de m'arracher les globes oculaires avec une fourchette), une grise (je refuse fondamentalement d'acheter une voiture grise. En mai dernier, j'ai acheté une Rabbit. Il y avait une teinte de bleu, une teinte de rouge, une teinte de noir, et CINQ teintes de gris de disponibles. Sérieux, il faut manquer d'originalité acheter ça) et une bleue.
...j'aimais bien la bleue :$
J'ai donné un dépôt et j'allais revenir le samedi l'acheter. Elle serait prête.
Bien entendu, j'ai oublié que les banques sont fermées le samedi. Il me fallait augmenter ma limite de crédit sur ma Visa. 'voyez, la SEULE façon pour moi d'obtenir des fonds, c'est de retirer de la banque sur ma Visa. Je ne sais pas encore combien sont les frais totaux (frais de la banque, frais de Visa, écart entre les cours de change), et je n'ose pas trop demander, question de conserver mes dernières gouttes de raison.
Bref, lundi était l'Aïd, alors il me fallait absolument retirer l'équivalent de 15 000 $ CAD d'une banque et me rendre au concessionnaire avant midi, car on fermait de bonne heure (et je ne voulais PAS attendre le samedi suivant, car je suis impatient et tout est fermé pendant la semaine de la fête).
Nous sommes partis tôt et, même pour Alger, le traffic était impossible. On a réussi a déboucher à Hydra. Je suis entré dans la banque.
...la machine Visa ne fonctionnait pas.
Nous sommes ensuite allés à Birkadem.
...la machine Visa ne fonctionnait pas. C'était une panne généralisée disaient-ils. Pê que si on va à XXX (je ne me souviens plus de la succursale), au siège social, ils pourront faire un retrait avec la bonne vieille technologie du schlick-schlick.
GRRRRRRRRRRR
Nous sommes allés à XXX. La machine à Visa fonctionne. Hourra.
...mais ils n'ont pas 800 0o0 DA dans le coffre. C'est la veille de l'Aïd. Tout le monde a besoin de fonds.
Il faut comprendre que je suis Loup. Lorsqu'on m'accule au mur, je deviens non pas méchant-stupide-énervé comme un chien. N0n non, je deviens froidement sadique. De par mon simple regard, la jeune demoiselle, qui était nonchalante et condescendante à mon arrivée, a commencé à avoir peur. Qu'une violence céleste allait s'abattre sur elle à tout moment.
...elle a appelé, très timidement, une autre succursale. Sa machine fonctionne et elle a des bidoux. Il était rendu 11 h 00. Trois heures sur les routes pour faire trois succursales et il ne restait qu'une heure (présumant que le concessionnaire va me laisser acheter une voiture cinq minutes avant la fermeture).
Nous sommes allés à la dernière banque. J'étais derrière un vieux sénile et une dame qui, manifestement, ne comprenait pas les subtilités d'un retrait bancaire. Je suis resté calme, mais vers la fin de la transaction du Monsieur âgé, quand un jeune fripé-style portant des énormes lunettes fumées griffées a tenté de s'insérer au comptoir devant moi (la file se fait à l'horizontale ici, le long du comptoir), je me suis placé entre lui et l'aîné et je lui ai fait comprendre sans paroles que s'il voulait manger son crâne de mouton le lendemain sans devoir utiliser une mâchoire en acier, il ferait mieux de ne pas me faire chier. Il a cédé.
La transaction a fonctionné. Il y avait plusieurs personnes au guichet pare-balles du mec qui distribue les billets. On m'a indiqué de venir chercher mon argent.
...800 billets de 1 000 dinars c'est gros. Huit piles reliées. Pas de sac. J'ai tenté, tant bien que mal, de cacher une sommes équivalente à neuf mois de salaire de l'Algérien moyen sous mon manteau, mais un paquet est tombé et j'ai eu l'air d'un Charlot moderne à tenter de le ramasser sans échapper le reste.
Heureusement, j'ai réussi à regagner le taxi (qui était à 50 mètres de la porte. C'était énervant) et nous étions sur la route vers le concessionnaire. Il était 11 h 25. Nous sommes arrivés dix minutes plus tard (vive Nabil et sa connaissance de raccourcis).
Yasmina n'avait pas les cheveux attachés cette fois-ci et elle était un peu moins cute, mais puisque j'allais avoir ma voiture, je n'ai pas trop chigné.
On m'a livré ma Geely. On n'a pas lavé l'intérieur et le tableau de bord était recouvert d'une poussière qui venait sans doute d'une usine chinoise à l'hygiène douteuse. Le plastique était encore sur les sièges (j'ai juste enlevé celui sur le siège du chauffeur, question de protéger et de maximiser la valeur de revente). La peinture était recouverte d'un «vernis de livraison». De la paraffine. Pas beau.
Tant pis, j'avais mon auto. Maintenant, il me fallait passer le traffic de la veille de l'Aïd, lorsque TOUS les Algérois font leurs courses car tout sera fermé pendant plusieurs jours, afin de faire immatriculer. Je devais suivre Nabil.
...cette aventure sera pour un autre feuilleton.
La raison que j'écris ça ce soir, c'est que j'ai pris des photos de ma Geely. Non pas pour vous montrer (bon, oui, un peu), mais plutôt pour avoir un dossier afin de faire une réclamation auprès de mon assureur. Vous voyez, quelqu'un a eu la témérité de m'arracher mon antenne cet après-midi :




Disons que je file assez Loup Sadique en ce moment.

Voici les autres photos.

(En plus de ne pas avoir nettoyé l'intérieur, les gentils au concessionnaire n'ont pas fait trop d'efforts pour gratter les autocollants de l'usine. Un jour, je me suis acheté une bombe aérosol d'enlève-vernis et j'ai shooté l'intérieur du pare-brise. Manifestement, l'enlève-vernis qui a dégoutté s'attaque également au plastique d'un tableau de bord chinois) :

...et, ayant acheté une barre anti-vol qui se pose sur le volant, j'ai craqué le logo Geely (qui était VRAIMENT cute).

Bon. J'aime quand même ma voiture. On fera quelque chose pour atténuer l'apparence affreuse du tableau de bord et on peut remplacer le logo sur le volant, alors, au moins j'ai un lecteur CD et un frein à main tout à fait cool. J'aime aussi l'intérieur beige et noir :

Alors, bien que Samia m'aie renié après l'achat d'une voiture chinoise (elle est experte en toutes choses mécaniques. Sérieux, la femme parfaite), je suis heureux de mon achat. Reste à voir si la machine va survivre une année de conduite par un Loup Sadique (il y a déjà quelques égratignures provenant d'agressions routières. J'm'amuse :P).

P'tite vite

Notre secrétaire m'a demandé de traduire «dickhead» de l'anglais.

...je lui ai demandé de répéter.

Elle m'a épelé «decade». Ouf. Une chance que j'ai demandé avant de répondre.

vendredi 30 janvier 2009

Un voleur II

Nous sommes vendredi soir. Retour au travail demain (mise au point auprès du patron. Arg). Il me fallait mettre à jour la situation du voleur.

Lorsque ça a eu lieu, Réda et Naima, nos voisins d'en bas, sont sortis et ont vu sauter le scélérat au-dessus du haut mur qui mène à la ruelle sur le côté. Sur le toit de l'immeuble en face, il y avait un jeune homme qui semble avoir témoigné de l'incident. Il a fait signe de la main à Réda qu'il allait le voir plus tard pendant la journée.


La police a refusé de prendre des empreintes (pas la peine, disaient-ils). Lorsqu'on a rencontré le jeune homme d'en-face, il a identifié un individu. Un jeune voyou du quartier qui venait de sortir de tôle. On a été l'arrêter. Bon, c'est fait. La vie continue.

...malheureusement, quand Nawel est allée au commissariat pour témoigner contre notre voleur, elle ne pensait pas que c'était lui. Pire, puisque le procès-verbal était en arabe et que Réda n'a pas pris la peine de déchiffrer (il faut comprendre que l'arabe et l'algérien sont deux langues. Surtout lorsqu'on fait affaire avec toutes choses légales. C'est comme si une Algérienne tentait de comprendre mes conneries blogales) et il a signé là où la police lui a indiqué.

Bon, au premier abord, j'ai pensé que Nawel avait fait une erreur. Elle s'est réveillée en sursaut, a crié et a bondé du lit et est partie à courir. Elle m'a affirmé que le soupçonné est grand et beau et que le mec qui est entré chez elle est petit, laid et «a l'air d'un singe».

Je ne veux pas ici insulter Nawel d'aucune façon, mais un réveil traumatisant à 4 h 00 du mat n'est pas trop hotte pour nos perceptions. Je lui ai dit qu'il ne lui fallait pas trop affirmer que ce n'était PAS le beau jeune homme, juste qu'elle ne peut pas l'identifier.

Cependant, les choses ont drôlement viré. Le jeune homme d'en face a changé son histoire à maintes reprises. Initialement, le suspect portait des jeans, mais par la suite, un ensemble de sport (il faut comprendre que ce sont les deux choix possibles des jeunes Algérois. Habillés comme leurs idoles de soccer et l'équivalent de l'inventaire d'une bijouterie autour du cou, ils ont l'air un tantinet ridicules. Mais bon, c'est une opinion d'un Canadien sans aucun sens du style, alors voilà). On a commencé à se demander comment il a pu être sur le toit, tout habillé, à 4 h 00 du mat, quand il y a eu moins de 20 secondes entre les cris de Nawel et le bond du mec disparaissant.

La police a insisté que Nawel signe un témoignage indiquant que le voyou était le voleur. Elle a signé qu'il ne l'était pas. Maintenant il y a des multitudes de rumeurs qui circulent dans le quartier et Nawel ne s'en sort pas joliment.

En bref, le jeune d'en face n'a plus aucune crédibilité et il est le seul à témoigner contre le voyou (le juge a laissé tomber le témoignage de Réda sans conséquences, ce qui lui a été d'un énorme soulagement). La police ne veut pas trop se casser la tête et veut mettre en tôle un jeune qui a un casier judiciaire volumineux (une entrée par effraction est un crime sérieux qui peut conduire à 15 ans dans une prison algérienne pas trop plaisante). Selon ce que je peux comprendre de par les différentes versions qui m'ont été dites, personne ne sera inculpé pour ce crime (mais c'est à voir).

...et je suis fier de Nawel d'avoir tenu tête aux officiers.

jeudi 29 janvier 2009

Réveillon un peu tardif

Ça fait un certain temps que je me devais de monter un petit vidéo portant sur notre soirée du 1er janvier. Le 31 décembre a été passé en solitude avec ma petite Samia, alors nous sommes allés rejoindre nos amis le lendemain.

...malheureusement, je ne semble pas retrouver la passe des filles sur le divan, alors vous devrez vous contenter de ceci :

mercredi 28 janvier 2009

Sujet sensible

Ce feuilleton s'adresse à mes lecteurs Canadiens, s'ils existent (j'en ai aucune preuve, mais bon, je m'abreuve de cet éternel espoir que j'ai des amis. Des amis qui ne pensent pas à écrire des commentaires dérisoires à mon égard. Hm. Il me semble qu'ils ne se retiennent pas d'habitude. *soupir*).

J'ai reçu un courriel du nouveau beau-papa de mon frère (et la moitié masculine du couple le plus sexy dans la soixantaine que, je me doute, j'eusse croisé de ma courte existence, relativement parlant). En pièce jointe, il y avait un document Word expliquant la vision de l'Islam d'une dame nommée Wafa Sultan. Selon mes recherches, cette dame n'est ni théologue, ni sociologue, ni anthropologue. Elle est, toutefois, une quasi-vedette dans l'occident (et le moyen-orient, 'faut le dire, mais de tout autre ordre), parce qu'elle ose dire des choses plutôt extrêmes CONTRE l'Islam. Bien entendu, pour une personne habitant sur le continent américain, ses paroles viennent renforcer les stéréotypes déjà bien ancrés des Confortables - et le fait qu'elle soit Syrienne et qu'elle eut été victime de terrorisme lui donne une crédibilité au-delà du fait qu'elle dise ce qu'on veut entendre. Donc, voici ma réplique, d'un Canadien athé en Algérie pour qui les idées arrêtées ont des arômes tout à fait répugnants (je note également que les esprits empreints de «foi» me sont les plus arrêtés, alors il y a équilibre) :

Chers Québécois,

Le 13 septembre 2006, un homme, une progéniture d'immigrés indiens, un anglophone, est entré à la Place Alexis-Nihon et ensuite au Collège Dawson et a commencé à tirer. Il a tué une jeune femme, et a blessé plusieurs personnes.

Le lendemain, on a publié un éditorial dans le National Post (pour nos amis non-Canadiens, un quotidien de droite über-fédéraliste basé à Toronto qui n'a JAMAIS mentionné le Québec sans laisser sous-entendre que les Franco-Canadiens sont largement incapables de pensée libre, voire de penser, et que nous sommes des affreuses personnes qui veulent détruire son beau pays) exprimant l'évidence même : que l'aliénation de ce jeune homme a été produite par une société répressive qui impose sa langue et ses moeurs sur nos nouveaux arrivants (dont une multitude d'Algériens qui affrontent le froid de cet hiver en louant notre société vibrante et libre, selon les dires de leurs proches qui me côtoient).

Pensez-y. Le français en Amérique a engendré la mort d'une anglophone aux mains d'un anglophone dans mon ancien quartier anglophone où, bon, 'faut VRAIMENT pas parler français (je le faisais pareil, mais bon, je suis de nature assez irréductible).

Je trouve tout à fait délicieux donc cette ironie qu'on puisse, en tant que francophones vivant sur le continent américain et faisant face quotidiennement à des stéréotypes tout à fait ridicules, tomber dans le même piège qu'est tombé Mrs. John Smith de Medecine Hat en lisant le National Post le 14 septembre 2006, lorsqu'on reçoit quelque merde qui appuie nos idées arrêtées face aux musulmans et exprimer notre assentiment et, bien entendu, partager avec nos proches afin de faire rayonner des clichés arrêtés.

Je sais que j'ai été dressé de par ma vie professionnelle à rester cynique, voire à confronter intérieurement ce que je lis dans nos piètres médias afin de défendre l'inévitable existence de l'AUTRE CÔTÉ toujours ignoré (et que c'est CHIANT que j'aie toujours une opinion contradictoire en prenant une bière et en jasant de tout et de n'importe quoi). Il me faut toutefois riposter quelque peu à Madame Sultan et, surtout, à ceux qui lui ont, naïvement, accordé une quelconque crédibilité.

L'Islam n'est pas plus meurtrier qu'une autre religion. Le fait qu'on fait face à une menace «islamisée» sur le plan mondial ne tient qu'à des coïncidences géopolitiques, économiques et, surtout, raciales (cette dernière explique la source de nos insécurités, non pas que la race arabe ne soit fondamentalement différente. Je fréquente une arabe. Elle partage notre morphologie, nos insécurités et nos impulsions, je vous l'assure).

Au 12e siècle, l'empire musulman était LA puissance économique mondiale. L'échange se faisait de la Mècque à l'Andalousie sur une base ordonnée. On pouvait retirer d'une banque espagnole à partir d'une lettre d'une banque à Bagdad (les premiers «chèques»). Pendant que les suiveux de Jésus s'entretuaient pour affirmer l'évidente supériorité de LEUR façon de vénérer Dieu, la fraternité «arabe» a développé les bases de la mondialisation économique enrichissante (oui, enrichissante. Si vous voulez débattre, il me ferait plaisir de présenter les faits face à votre intuition) qui permet maintenant aux Algériens de se plaindre qu'il y a trop de voitures sur leurs routes (bien entendu, les choses étaient bien mieux lorsqu'aucun des citoyens «normaux» ne pouvait se payer un moyen de transport à soi. J'aime particulièrement quand les Algérois se plaignent - dans la même phrase - de la libéralisation des modalités de financement automobile il y a quatre ans sans construire l'infrastructure routier qui va avec, tout en grognant contre les déviations engendrées par la construction des nouvelles autoroutes).

Bref, chers compatriotes, la religion s'empare de l'impuissance et du désespoir et les corrompt. Toute religion, à un certain moment, s'est chargée de profiter des circonstances difficiles de pauvres humains et de créer un ennemi malveillant et menaçant qu'on doit tuer, car telle est la volonté de Dieu.

Hamas vient d'annoncer sa «victoire» sur les affreux Sionistes qui ont attaqué les roquettes situées dans des hôpitaux et des écoles, pendant que le Likud s'attend à profiter de la «mollesse» du parti au pouvoir aux élections israëliennes de février et que les citoyens de Gaza enterrent leurs centaines d'innocents. Cette dernière phrase, j'ose croire, démontre un équilibre éditorial qu'on ne lira jamais dans le National Post.

lundi 26 janvier 2009

hihihihi

Le filtre à l'agence où je travaille omet certains mots sur Internet. Je dois donc tout vérifier mon dernier feuilleton après avoir porté une petite correction.

Le titre «choc turel» vous donne une idée.

J'avoue toutefois que c'est mon premier filtre algérien et que j'ai vu des choses bien plus stupides au Canada (la Caisse de dépôt bloque à peu près 70 % de l'Internet), alors je ne me plains pas trop.

dimanche 25 janvier 2009

Le choc culturel

Je me suis rappelé récemment que je n'ai jamais rédigé le feuilleton qui porte sur mon choc culturel. Puisque j'ai une soirée en solitude et que mon désir ardent de punir mon corps grassouillet à la salle de sport a été disjoncté par la visite de Samia en fin d'après-midi (et que les désirs ardents et les punitions corporelles ont pris d'autres formes), j'ai décidé de m'y mettre, un sourire vaguement débile de mâle écervelé assouvi aux lèvres en composant.

Mon Australien (tiens, ça fait un bout qu'on ne l'a pas mentionné lui. Pour ceux qui s'y intéressent, il est à Vancouver sous la neige et, étant un mec de Brisbane pour qui 15° représente un froid abominable et qui voulait s'installer au Canada, mais à un endroit où il ne neige JAMAIS, il vit son propre choc culturel. J'en suis crampé. J'imagine les néo-British sur la côte du Pacifique qui doivent pelleter leurs entrées et boire un thé chaud à neuf heures du mat) m'a averti avant mon départ que j'allais arriver en Algérie plein de bonnes intentions et de curiosité. Après deux mois, j'allais vouloir étrangler kekun (NDT* : quelqu'un). Mouaip.

N'ayant jamais quitté le continent Américain et ayant lu sur ce que j'allais trouver au Maghreb, je craignais que mon désir d'écraser un pharynx allait plutôt se pointer au bout de quelques heures. Heureusement, ma première journée fut tout à fait splendide (nonobstant le décor de ma chambre qui faisait pas pirement (NDT : plutôt) Scarface), j'ai dormi comme un bébé à une chaleur humide accablante d'octobre. J'étais VRAIMENT bien et j'étais ébahi en voyant une ville ENTIÈREMENT bétonnée qui, du haut de mon promontoire, me faisait croire qu'on a donné du LSD et un crayon à un mendiant afin de développer la planification (NDT : le planning) urbaine.

À ma deuxième journée, j'ai été traumatisé par les bécosses (NDT : les chiottes), mais j'ai éventuellement passé outre. L'accueil chaleureux de TOUS les Algériens qu'on croisait était étonnant et, bon, même avec ma bédaine, les femelles d'ici semblent me trouver pas totalement dégueu (tout un changement de ma vie de Montréalais, qui m'obligeait à porter un scaphandre dans les rues afin d'éviter de me faire jeter des denrées pourries par les fillettes épouvantées du quartier. *soupir* Ma ville me manque).

Éventuellement, j'ai quitté l'hôtel, je me suis fait des amis et, bon, vous aviez lu, la vie allait bien. Je commençais toutefois à en avoir plein le casse (NDT : ras le bol) de devoir faire cinq fois le tour de la ville pour mes emplettes. Un jour, Nabil (mon chauffeur de taxi préféré pré-acquisition-d'un-char (NDT : turevoi)-chinois) m'a reconduit au différentes salles de sport de la ville. Elles avaient toutes des horaires ridicules, qui ne fittaient (NDT : cadraient) pas du tout avec mon train de vie, car on NE PEUT PAS avoir des femmes et des hommes dans la même salle en même temps! (Heureusement, y'a des pitounes (NDT : bombes) à ma salle, alors tout baigne). Nabil m'a expliqué qu'une femme qui se montre en shorts et en chandail (NDT : aucune tabarnak d'idée. Pull? Ticheurte? Veste? Cadran? Sérieux, je ne comprends rien au parlé vestimentaire d'icitte) serré va générer des raidissements entrejambiens auprès des pauvres hommes honnêtes. Bref, il semblait dire qu'elles pourraient fort bien se faire violer, et que ce serait de leur faute.

Il faut comprendre que cette mentalité phallocentrique existe un peu partout, non pas seulement dans les pays arabes (Wassila s'est attirée des regards outrés à Washington avec son décolleté. Tout dire), mais ça m'a profondément brusqué quand même, parce que ça va parfaitement à l'encontre de ma philosophie personnelle de Québécois de par laquelle la vue des jolies femelles en tenues serrées est un PLAISIR à savourer. Me voici donc dans un pays où on justifie couramment le viol et l'abus des femmes (incluant l'abus physique), parce qu'elles le «méritent». Nabil est mon ami, et il me sort des conneries de la sorte comme si c'était normal et que J'ÉTAIS étrange de penser qu'une jolie femme a le droit inhérent de se montrer et d'attirer les regards des hommes heureux et de se flatter l'égo féminin sans craindre qu'on ne l'attaque.

Je sais, je m'attendais à bien pire. Voilà ce qui est étrange : on s'immisce dans une culture et on s'habitue à l'humanité des gens qui nous côtoient. Les Algériens étaient devenus des vraies personnes super sympas - mes amis - et non pas des caricatures lointaines. Lorsqu'on va ensuite entendre quelque chose d'abominable sortir de leurs bouches, ça heurte profondément.

Le mercredi venu, je suis sorti à la Voûte et j'ai bu. Une de ces soirées étranges où j'étais épuisé de ma semaine, je n'avais pas du tout le goût de sortir ni de consommer de l'alcool, mais après la 14e 25 cl. je me sentais tout à fait sobre. Ça a fini à 4 h 00 et (ayant profité de la générosité de mes compères la fois précédente) ça m'a coûté l'équivalent de 200 piâsses (NDT : balles. Canadiennes. Nous avons de l'argent dans le Grand Nord vous savez?). Bien entendu, lorsque la soirée était encore jeune, j'avais accepté l'invitation du blondinet mèché austral et de Madeleine, une collègue éternellement curieuse, d'aller à la Casbah. Bien entendu également, mon horloge biologique ne me laisse pas dormir après 7 h 00.

Mon état au réveil était assez pitoyable. J'avais des courses à faire (on fait nos courses le jeudi. Le vendredi, tout est fermé). Nabil m'a pris en pitié pendant que je courais aux dix-sept différents endroits acheter mes emplettes pour ma semaine. Les courses terminées et aussitôt arrivé chez moi, ayant comme seul désir de profiter de mon lit alléchant, Mon Australien m'a appelé, disant qu'ils arrivaient. Je les ai fait attendre le temps de serrer (NDT : ça se dit ici ça? Hm. J'sais pas) mes yougourts (NDT : yaourts. J'm'en souviens jamais cââââlisse (NDT : cibouère (NDT : punaise)) quand je demande à la superette) dans le frigo.

Lorsque nous sommes arrivés au musée, où il y avait une exposition tout à fait exquise (on m'avait donné le livre de l'exposition au ministère de la culture dix jours auparavent), je n'étais pas du tout dans mon assiette. Nous nous sommes ensuite baladés, guidés par notre chauffeur dans les anciens escaliers recouverts d'excréments des bêtes qui allaient être sacrifiés à l'Aïd, question d'aller manger une bouchée. Arrivés au resto, nous avions commandé des salades (en entrée pour mes amis, comme repas pour moi). Elles étaient exquises. Incroyables. J'ai mangé l'équivalent de trois baguettes en savourant les plats légumineux. Malheureusement, à quatre mètres de la porte, il y avait une MONTAGNE d'ordures (je ne crois pas exagérer dire que ça couvrait la superficie de mon appart, mais en trois fois plus haut). Au début du repas, il y avait deux ou trois guêpes qui s'attardaient à déranger Madeleine. Quinze minutes plus tard, on avait la rûche qui nous bozzait (NDT : arg. 'faites chier! - non, ce n'est pas une traduction). N'en pouvant plus, je suis sorti prendre un café à côté et griller une cloppe. En savourant un café DÉ-LI-CIEUX servi dans des conditions hygiéniques déplorables, je suis sorti regarder la montagne. Des enfants jouaient devant elle. Des piétons égocentriques marchaient dans la rue étroite et les automobilistes devaient attendre qu'ils daignent laisser un espace suffisant pour qu'on puisse passer. Je suis retourné au resto et mes collègues entamaient leur plat principal (je n'avais plus faim, mais je pouvais voir que la bouffe était bonne). Ils ont fait vite parce que les guêpes étaient intolérables.

J'ai fait comprendre à Mon Australien que je voulais retourner chez moi. Que je ne filais pas du tout. Que j'allais appeler un taxi et les laisser à leurs activités. M.A. m'a dit que ça ne lui tentait pas vraiment de continuer non plus (il avait des choses à faire et il n'était pas enchanté par l'endroit plus que moi). On a dit à Madeleine qu'elle pouvait continuer sans nous, mais elle ne voulait pas causer de remous et a insisté qu'on retourne à l'hôtel, mais tout juste après avoir visité la Cathédrale Notre-Dame-d'Afrique (une des rares églises qui a survécu à l'indépendance et où la prière Chrétienne est permise sans aucune réservation). Elle disait que c'était à cinq minutes. Mon colon bien gonflé me poussait à appeler un taxi, mais n'ayant pas réservé, Nabil pourrait fort bien me laisser traîner dans les rues arômatiques pendant une heure ou deux, voire ne pas venir. J'ai acquiésé.

L'église, en fin du compte, est en haut d'une colline qui surplombe la partie occidentale d'Alger. Dans la circulation du jeudi après-midi, ça nous a pris une heure pour faire le LONG bout de chemin pour s'y rendre. J'étais en calvaire (NDT : arrêtez de m'interrompre. Vous me mettez en calvaire). Surtout, Monsieur Lyes, notre fidèle chauffeur, est un impatient. J'allais le gifler assez solidement après son quarantième ziguezaguement infructueux.

Nous sommes arrêtés à moins d'un kilomètre de l'église. J'avais les souliers (NDT : basket. Non mais sérieux, vous trouvez RÉELLEMENT que vous parlez mieux que nous??!) recouverts d'excréments de mouflons, mais je comprends la pause. Nous étions en haut de la colline. Un recoin perdu. Une vue tout à fait imprenable sur la ville (deux fois plus haute que celle de l'hôtel). Un jeune berger est passé avec son troupeau de moutons. À Montréal, j'aurais sauté sur le plus petit et croqué un morceau (nous n'avons pratiquement pas de moutons au Québec, alors si j'avais vu cette scène à ma première semaine, j'aurais eu des larmes au yeux, provoquées par un étonnement joyeux et séraphique). Je me suis tourné vers mon ami insulaire et je lui ai dit, tout exactement : «here I am. Overlooking the Mediterranean Sea and one of the world's most exotic cities with sheep bleating behind me. I should be awed, and yet all can think of is garbage and shit» (NDT : nan, pas capable de faire passer l'idée aussi parfaitement en français. Les anglo-saxons ont une relation particulière avec la merde).

Chris (oui, c'est son nom. Il était temps que je l'écrive) m'a regardé droit dans les yeux et il m'a fait comprendre que ça faisait presque deux mois que nous sommes arrivés.

Nous avions visité l'église (brièvement. Je quémandais un départ hâtif, ayant comme argument-choc l'imminence d'une défécation accidentelle). Nous sommes allés porter mes amis à l'hôtel (il n'était pas tout à fait sur le chemin, mais il était bien plus proche que mon appart, alors j'ai courbé l'échine et j'ai serré mes sphincters), le traffic a été drôlement convenable, alors j'ai réussi à me rendre jusqu'à ma tanière sans souiller les sièges (heureusement en cuir) de notre Mercedes et, après une activité innommable mais assez évidente, je me suis écroulé sur mon lit et j'ai compris ce qu'était un choc culturel. Je voulais être chez moi, n'ayant pas de chez moi.

Après trois heures de dodo, Nawel m'a invité à descendre prendre un verre avec les amis. Je me suis remis de mon choc assez rapidement. Je suis un homme chanceux.

*Note du traducteur. Question de complaire aux désirs des lectrices algério-françaises qui, manifestement, ne comprennent rien à mes interjections québécoises. Kin. J'l'orf'rai pu.

vendredi 23 janvier 2009

Joke

Une cacahuète traîne sur la table. Un Québécois demande «c't'à qui la pinotte?». L'Algérien répond «c'est à Rachid».

...je ne sais pas dans quelles circonstances je pourrai conter cette blague (les arachides sont des cacahuètes ici, alors il me faudrait avoir un auditoire québécois, un bol de pinottes et un mec qui s'appelle Rachid. Ouille).

lundi 19 janvier 2009

Commentaires et lecteurs algériens

Je viens de regarder la section «commentaires» de mon propre blogue. Je vois que j'ai une lecteuse régulière du nom de Lamia. Elle a ses propres blogues qui traitent de cuisine algérienne et elle a dû tomber sur mes platitudes par hasard.

Je n'ai jamais branché un logiciel me permettant de suivre l'achalandage de ce site. Je présumais que ce n'était pas nécessaire puisque seuls mes amis étranges et les membres de ma famille liraient. Je vois maintenant que, peut être, on pourrait faire une recherche Google et me lire.

Ces feuilletons visent un auditoire canadien (et, en moindre mesure, algérien) composé de personnes qui me connaissent. Mes propos ne sont pas censurés et je n'ai pas l'intention de me retenir d'écrire ce que je pense. Je demanderais donc gentiment aux lecteurs qui risquent d'être choqués de comprendre qu'il y a des différences culturelles entre le Canada et l'Algérie et que je les rends d'une manière qui se veut drôle. Oui oui, je me crois drôle. Assez narcissique le mec.

Je ne cherche donc pas à insulter mes hôtes. Je tiens également à affirmer que je me suis habitué à votre pays et que j'adore mon séjour ici.

Sur un tout autre ordre d'idées. J'ai trouvé les paramètres des commentaires. On ne pouvait pas en mettre sans s'inscrire à Google. J'ai changé et vous pouvez dorénavant en mettre tant que vous voulez. J'ai bien hâte de voir qui sont mes lecteurs et de lire vos propos désobligeants.

Bises,

Éric

dimanche 18 janvier 2009

Mon ambition de carrière.


Photos de Shmi III







Un voleur

Eh bin. Ça a l'air qu'après avoir monté du fil barbelé sur le mur arrière de la villa, on s'est attiré un voleur qui est passé par le mur juste en-dessous de ma chambre.

Il est entré chez Nawel, car il y avait des fenêtres d'ouvertes (notre femme de ménage les a ouvertes pour faire sècher). Je n'ai rien entendu (non, je n'ai pas bu hier, chers sceptiques. Gnaaann), mais ça a l'air qu'à 4 h 00 Nawel a gueulé lorsqu'elle a vu le mec et il a bondé en bas de chez elle, a sauté par-dessus le mur et est tombé sur la chaussée. C'est le mur qu'on voit à l'ouverture du vidéo de ma villa (quand j'ai mon air *schling*). L'équivalent de deux étages. Disons que le mec est un singe.

...et l'hostie de chien qui jappe jour et nuit n'a rien fait. J'vais l'croquer.

Réda a entendu Nawel crier et a vu sauter le jeune homme. Il y a des traces de pas et les voisins ont vu aussi (on ne peut rien cacher à des voisins algériens). La police est arrivée en cinq minutes et a déjà le nom du suspect (bien entendu, s'il savait que les fenêtres étaient ouvertes, c'est un mec du coin). Je regardais le balcon de ma chambre et il est clair que si quelqu'un veut entrer, il le peut. Heureusement, je n'ai rien à voler, alors si un voleur n'est pas là pour me faire du mal, j'aurais pê l'opportunité de lui en faire. Après l'avoir ligoté avec le plus beau chanvre roumain, j'inviterai Réda et on se paiera une fête.

...bref, je ne fermerai pas mes portes cet été. Tant pis.

Ça a l'air qu'on va avoir du fil barbelé tout le tour de la place. Ça fait cinq ans qu'on habite dans la villa et il n'y a jamais eu de problèmes. Le petit Canadien attire de l'attention. Hm.

vendredi 16 janvier 2009

Entraînement et la Madrague

Nota : j'aurai de la misère à taper ce message. Je me suis entraîné assez assidûment cette semaine et j'ai MAAAAAAAAAAALLLL!!!! (J'ai même fait une version algérienne de ma salade de légumineuses, question de slaquer sé steaks et sé côtelettes d'agneau; celles avec les queues de graisse délicieuses. On n'a pas ça au Québec. Moche, mais tant mieux pour nos instituts de cardiologie).
Disons que mon corps était bien dans son immobilisme suicidaire-oisif. Le fait que j'ai maintenant une jeune femelle qui doit le tâtonner et, pire, le regarder sans recouvrement me mène à me torturer afin de retrouver une forme vaguement potable auprès des hétérosexuelles (ou, téka, celles qui ont une vague attirance envers les mâles. 'jamais compris l'hétérosexualité féminine).
Hier et aujourd'hui, je me suis levé à une heure abominable, mais tout à fait tardive pour mon moi Montréalais (je me levais à 6 h 15 les fds à l'époque, question d'aller au gym. Ici, ça ouvre à 9 h 00, alors je dois patienter en ronflant). La salle de sport ressemble vaguement à celle du CÉGEP Édouard-Montpetit en 1988, avant sa rénovation qui a suivi mon départ de l'équipe de foot en 1993. L'arôme est le même. Les seules vraies différences sont que j'ai maintenant un lecteur MP3 sur mon bras et les machines sont encore plus rabougries qu'à l'époque (aucune machine de bench-press, aucun tapis roulant, le poids à main le plus lourd pèse 10 kilos et le pec-deck manque un des coussins pour les bras. Au moins ce n'est pas cher - l'équivalent d'un abonnement au Nautilus Plus dans mon ancien pays. Arg).
(Il y a trois gyms dans un rayon raisonnable de ma résidence, et les deux autres me coûteraient l'équivalent de 1 500 $ par année. Mettons que je toffe le 38 piâsses par mois pour ce que j'ai).
Bref, aujourd'hui je ne peux pas lever mes bras sans souffrances affreuses et masculines, mais après cinq visites en huit jours, mes vieux muscles revivent. Il me reste encore trois mois avant de voir une réelle différence au niveau (note à la Sorbonneuse. J'ai checké. «Au niveau de» semble être correct. Gnan) de mes bourrelets, mais les épaules, les biceps et la poitrine commencent déjà à gonfler d'une manière tout à fait convenable. Le fait que je ne peux pas faire signe au serveur pour une eau pétillante (nomenclature d'ici) sans me crisper entièrement et, du fait, évacuer des flatulences accidentelles induites par un système digestif qui n'est plus habitué aux haricots ne m'importe pas trop.
Et, justement, je suis retourné à la Madrague aujourd'hui. C'est devenu une quasi-tradition aux vendredis après-midis. Pendant que les Croyants font leur prière entre midi et 14 h 00, Nawel et moi rencontrons des amis sur le bord de mer algérois.
Voici les photos (comme toujours, je vous demande pardon si le texte ne fitte pas exactement avec les images. J'ai été chanceux la dernière fois. Nous verrons) :

La très jolie Feriel. À vrai dire, c'était à ma précédente visite à la Madrague, mais bon. Elle est jolie (et on voit vaguement un toton à Samie dans l'arrière-plan, alors il me fallait afficher la photo. Ma délicieuse n'aime pas se montrer).

Voici Réda. Il habite Québec et il est venu passer deux semaines à la chaleur algérienne avant de retourner à son poste d'infirmier à l'institut cardio-pulmonaire de la troisième ville québécoise. Moins 35 mon gros.
...notons qu'il porte des manches courtes. Il est encore plusse Canadien que moi. Samia m'a interdit de porter mes shorts en «hiver» lorsqu'on est ensemble, question de ne pas TROP paraître cave.
Le port de la Madrague. Assez joli quand même, non?

Les jetskieux indiquent qu'il ne fait pas du tout -35 ici.
GNNNNNNAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANNN.
(Il y a des moments que mon pays me manque affreusement. Ensuite, je me rappelle les bancs de neige de mars dernier. Je vais passer mes deux hivers ici en souriant).

lundi 12 janvier 2009

Internet impossible, et nouveau ministère

Bonsoir aux lecteurs qui restent,

Mon Internet m'est tout aussi fidèle que l'était mon ex-épouse (blague. J'ai confiance qu'elle ne m'eut jamais trompé, car c'est ce qu'elle m'a dit. Sérieux. Même si elle a emménagé avec un ami à moi dix jours après notre séparation. On dit que les hommes aux belles fesses sont crédules. Tant pis) et ce blogue patine dans l'vide. J'ai passé une journée tout à fait marquante, alors il me fallait prendre le temps de rédiger un feuilleton.

J'ai terminé mon séjour au ministère de la culture, un palais situé à dix minutes de chez moi, pour aller au ministère du commerce. Question de donner une vague idée aux Montréalais, c'est comme si un résidant du Centre-sud avait à travailler à Vaudreuil. Genre. Qui plus est, mon chauffeur de taxi n'était pas disponible ce matin et il n'a pas pu se faire remplacer (c'est la première fois qu'il me laisse tomber). Il me fallait donc trouver une agence perdue dans le fin fond oriental du littoral algérois après y avoir été une seule fois (je me dois de rédiger une oeuvre sur la conduite à Alger. Hormis les chauffards, suffit de savoir que cette ville est un labyrinthe avec aucune droite et qu'un faux virage mène à une désorientation abjecte qui n'a de parallèle qu'aux rebords d'un trou noir selon la physique théorique).

Face à une situation désespérée, ma stratégie fut donc simple. On était dimanche soir. Il y avait du football à la télé. J'allais boire quelques bières - juste assez pour me sonner, mais sans séquelles graves au lendemain - manger une bonne bouffe (HOS-TIE que je suis heureux d'avoir mes épices pour ma marinade à steak), arrêter subitement de boire le temps de manger un gros dessert, ce qui coupe de goût de la bière (mon moi alcoolique se connaît bien. Socrate aurait été fier de lui) et faire le grand dodo qui survient inévitablement après que le down de bière s'installe.

...messu couché à 8 h 20. Pas si pire.

J'avais mis le cadran pour 5 h 00, question me mettre sur la route avant les embouteillages qui rendent la recherche vague d'un endroit inconnu tout à fait impossible. Heureusement, je me suis réveillé à 3 h 20 (habituellement, la bière m'engendre un réveil nocturne qui doit être assouvi par deux cigarettes et un jeu de patience sur Windows avant que je ne puisse me rendormir). Étant parfaitement éveillé, j'ai compilé les statistiques de mon pool de foot (note aux lecteurs algériens : je ne peux pas traduire ce concept, alors passez), je me suis occupé de mes pulsion matinales masculines d'une manière convenable, car j'avais le temps (note aux lecteuses : il faut un pénis pour la comprendre celle-là. Présumez que je me suis mis de la peinture de guerre et que j'ai beuglé comme un Loup en rut à la façon des amis à Mel Gibson dans Braveheart. Très sexy), je me suis douché en mettant une emphase savonnée sur mon bas-ventre et je me suis mis sur la route à 5 h 20.

Le fait qu'il faisait encore noir n'a rien aidé. Les quelques tronçons qui m'étaient familiers ont été vus à la lumière diurne. La nuit, quand on n'est pas trop certain de notre trajet dans une ville inconnue dont les planificateurs routiers ont pour SEUL désir de fourrer solidement un pauvre petit Canadien sympa, on a tendance à se perdre. Une fourche tout à fait anodine que je connais relativement bien m'a causé une panique abjecte avant même d'être arrivé à l'autoroute.

M'entéka, à la pluie battante, j'ai réussi à me retrouver. Il m'a fallu crisser les freins en pleine autoroute avec aquaplanage de voiture chinoise pourtant dotée de freins ABS, mais j'ai trouvé la bonne bretelle. Aha. Maintenant je suis en territoire inconnu.

Je savais que j'allais être au bon endroit si la route était réduite à une voie et demie (les Algériens, magnifiquement, réussissent à trouver de la place pour deux voies avec une troisième pour les anus qui coupent. Une chance que mes 19 années de conduite à Montréal ont servi à quelque chose) pour un éternel chantier d'un tramway qui a été promis à la population avant ma naissance. Mouaip. Y'a des parallèles en masse entre le Québec et l'Algérie.

J'ai retrouvé le chantier, alors j'ai continué dans la direction mémorisée la veille lorsqu'on m'a chauffé (note aux Québécois : j'ai fait esclaffer le DG de l'agence où on m'a casé pour mon séjour actuel en disant qu'il faudrait quelqu'un pour chauffer mon assistante à chaque jour. Ce n'est PAS le genre de mec qui va faire pipi dans ses pantalons pour rien - genre de vieux vétéran du monde diplomatique mercantile d'un pays où les DG sont tous des vieux vétérans qui ont ce stoïcisme requis pour gravir les échelons au service de l'état afin de devenir vieux vétérans - alors il a fallu que mon québécisme à l'endroit de ma jeune et délicieuse et voilée partenaire de travail soit particulièrement bien placé et percutant) à l'endroit. De jour.

Le chantier couvrait, malheureusement, pas mal toutes les artères du coin. Je croyais avoir trouvé le bon endroit - je savais qu'il me fallait tourner à droite à un rond-point (les feux de circulation de l'Amérique n'ont jamais été adoptés de ce côté-ci de l'Atlantique, pour le bien et pour le mal. Mettons que j'ai vite acquis l'habileté de bloquer, de foncer et de mettre en péril mon intégralité physique bien plus rapidement que ce qu'auraient voulu mes entraîneurs lorsque je jouais au football). Malheureusement, après trois kilomètres de chaussée poquetée, j'ai fait face à une impasse. Heureusement, après m'être perdu à tant de reprises, j'ai repéré une manière d'enfreindre à une douzaine de lois qui ont pour pénalité le retrait immédiat du permis (n'ayez crainte, ici on retire le permis pour des banalités - du genre, traverser une ligne pleine, excès de vitesse, homicide véhiculaire involontaire sur un mendiant - qui passent inaperçus à Montréal ou, au pire, qui se méritent une minable contravention) et j'ai pu revenir sur mes pas.

Malheureusement, la droite n'offrait que le vide, alors j'ai retracé mes pas jusqu'à l'autoroute. Voyant que je n'ai pas manqué de virage, je me suis arrêté et j'ai demandé au gentil policier (ils sont généralement gentils avec les Canadiens. Même lorsqu'on coupe sur une ligne pleine pour éviter un rond-point et l'embouteillage éternel, chose qui vaudrait l'exécution sur la place publique pour l'Algérien moyen. Je l'ai fait hier et j'ai été contrôlé sans répercussions. J'me sens invincible. I'm CANADA-MAN! *schling*) comment me rendre à la Route Nationale No 5. Après avoir consulté ses deux collègues, il m'a dit de me rendre dans la direction contraire et de «passer le pont» (du moins, c'est ce que j'ai compris de ses paroles peu compréhensibles, mais il pleuvait à boire deboutte, alors messu dit que je me suis déjà fourré dans mes directions et que je devrais l'écouter. J'ai déjà été fourré par les directions des policiers aussi, alors j'étais un tantinet sceptique. Surtout qu'il ne semblait pas avoir la moindre idée où était située la Route Nationale No 5.

J'ai passé l'autoroute de l'autre bord et j'ai vite vu que ça n'avait aucun sens et que j'étais perdu grave. J'ai ENFIN pu trouver un endroit où traverser les tracques de tram qui bloquaient tout virage potentiel de 180°, mais aucune façon de rebrousser chemin. Je devais prendre une toute nouvelle ruelle et tenter de revenir.

J'ai zigonné et j'ai trouvé un Boulevard. Je suis allé dans la direction contraire à celle désirée (j'allais vers le centre-ville). J'ai ensuite réussi à me trouver une bretelle et de passer en-dessous de leur version de Taschereau au niveau de Curé-Poirier (mouaip. Longueuillois le mec. Un Vrai Montréalais aurait mentionné Crémazie et St-Michel) pour revenir sur mes pas. Ayant pour désir de retrouver l'artère sur laquelle j'étais précédemment et après avoir roulé un boutte, j'ai pris une sortie qui semblait avoir de l'allure. Malheureusement, le traffic me fonçait dessus dans la direction désirée, qui s'est avérée être un sens unique. J'ai donc pris une AUTRE branche (il y en avait deux qui convergeaient au boulevard). Je me suis retrouvé dans un labyrinthe résidentiel sans grandes artères et j'ai tourné en rond pendant 10 minutes en tentant de retrouver mon artère du début. ARRRRRRRRRRRRGG

...enfin, je suis revenu sur le Boulevard (pas du tout ce que je voulais, mais bon, au moins c'est une ligne droite). Dans la mauvaise direction, bien entendu. J'ai continué jusqu'à la bretelle de tantôt, question de revenir et pê prendre le rond-point qui suit celui que j'avais pris précédemment. La pluie était devenue torrentielle et l'éclairage de la route était vaguement parcimonieuse. J'avais aussi remarqué que j'avais de la compagnie sur les routes. 6 h 00. Bientôt, les artères seraient sclérosées. Et je ne pourrais plus chasser à ma guise.

Le prochain rond-point n'est jamais venu. Il y a eu toutefois un point de contrôle policier ('faut comprendre qu'il y a en partout icitte. Imagine l'humeur d'un agent qui doit passer la nuit debout à la pluie à 3 degrés - cazzoù qu'il y aurait un barbu qui voudrait faire sauter un édifice de l'état ubique préférablement bondé de monde - et qui se fait aborder par un Canadien perdu. Ouille). Je lui ai demandé s'il parlait français après mon «salaam alikoum» tordu par une langue habituellement si habile avec les prononciations étrangères (il faut comprendre que les policiers d'Alger sont recrutés auprès des décrocheurs et que les jeunes d'ici n'ont pas la maîtrise de notre langue qu'ont eu leurs aïeux), et il m'a référé à son collègue. J'ai montré au collègue la carte de visite du DG de la veille. Algex. Route Nationale No 5. Le collègue m'a dit «Algex»?? en montant la main, signe universel de détourner le regard dans la direction indiquée.

Là, à la pluie impitoyable, il y avait une TABARNAK de majestueuse d'enseigne illuminée en bleu. Algex. Le Boulevard ÉTAIT la Route Nationale No 5. Notons que les agences gouvernementales ne se paient pas habituellement les enseignes en néon qui surplombent un quartier. Une CRISSE de chance qu'il y a eu un DG à un moment donné qui, épris d'un égo mégalomane, voulait faire flasher l'importance de sa société para-gouvernementale. Le policier m'a ensuite demandé comment j'aimais ma voiture chinoise. Il a la même et on a passé cinq minutes à la pluie à jasotter de notre char.

...il a fallu que je fasse deux kilomètres dans le sens contraire afin de trouver un rond-point (celui que j'ai cherché au début et que je n'ai jamais trouvé) pour faire demi-tour. J'ai aussi réussi à trouver l'entrée (il n'y a pas d'entrée directe pour l'agence. 'faut prendre celle d'AVANT). À 6 h 20, j'étais en train de griller une cloppe avec de la musique violente sul' CD. Fier de m'être retrouvé. CÂÂÂÂÂLISSE que j'ai d'la marde au cul me disais-je. Il ne me reste qu'à attendre l'arrivée du gardien en chef, à 7 h 00.

Messu orviré à m'ment donné et un jeune Algérien me regardait du côté du passager. J'ai gueulé, sentant un sursaut cardiaque qui, si je maintiens mes habitudes de vie actuelles, va m'être fatal dans treize courtes années. Il tentait de me demander quelque chose et je présumais qu'il était un quêteux. Puisqu'il n'y avait personne autour, j'étais mal pris s'il voulait me faire du mal.

En fin du compte, il me demandait si j'étais «Éric». Il avait été briefé de mon arrivée. C'était Nazil, le gardien de nuit. Il m'a ouvert la barrière et m'a indiqué que je pouvais prendre un café au resto de l'autre côté de la Route Nationale No 5. J'y suis allé. Jamais un café avec un petit pain au chocolat n'aient été aussi délicieux.

...là, y reste juste à retrouver le Boulevard demain matin, TABARRRRRRRRRRRNAK!!!!!!! Time for beer and dessert.

mardi 6 janvier 2009

Bouffe algérienne

Je suis seul ce soir. Sammie est chez ses parents. Je viens de manger une BONNE entrecôte (il me faut aller au boucher à Ben Aknoun plus souvent) et j'ai cliqué sur mon blogue. Je n'ai pas grand chose à dire, alors j'ai choisi un sujet qui mûrit depuis un certain temps mais qui accouche prématurément je crains : la bouffe.

Dire que je connais le manger algérien serait une vaste exagération. Comme on oserait croire, les Algériennes sont Méditérranéennes. Leur fièreté provient de la qualité de la bouffe qu'elles servent à leurs meutes (d'abord au papa, ensuite au fils, ensuite aux femelles. Mouaip). J'ai entendu parler de délices qui m'échappent toujours (pas encore mangé le bouzelouf très épicé des Berbères Kabyles. C'est le crâne brûlé du mouton pour les Canadiens. Les yeux restes intacts et c'est bouilli. Mouaip), alors je vais commenter sur ce que je connais avec le bémol que je ne connais rien.

En premier lieu, en quittant Montréal je m'attendais à un festin monumental de ma viande préférée (l'agneau) et de mon épice préférée (le cumin). Malheureusement, je n'ai pratiquement pas goûté de cumin ici, et on préfère le mouton à l'agneau. De toute façon, bien que je mangeais qu'occasionnellement du porc cheu nous, je TUERAIS pour des côtes levées.

Il faut comprendre qu'il n'y a pas de chaînes de restaurants ici. Soit qu'on va dans un Grand Resto, soit qu'on arrête dans un «fast food» dont le nom commence pratiquement toujours par «Mc». 'voyez, on ne fait pas partie de l'OMC, alors il n'y a aucune protection des marques de commerce. Je vous assure que le McQuinze n'a rien à voir avec nos McDo.

(Attends, je me reprends : il y a UNE chaîne de restos. Les Quick. Burgers à l'Américaine, mais la chaîne vient de la Belgique. Mon Australien et moi y avions mangé le 1er novembre (fête algérienne de l'indépendance). Une chance que c'était férié le lendemain. Les burgers étaient à peine mangeables et nous avions été malades comme des chiens - lui plus que moi - fébriles pendant 24 heures, grelottants sous la couette de l'hôtel. Pas hotte. N'y mangez jamais si vous tenez à ne pas corrompre votre flore intestinale avec des méchantes bibittes a burgers).

M'entéka, pour commencer par le bon, les Algériens mangent bien. La bouffe est relativement santé (nonobstant le mouton gras). Ils se servent beaucoup de légumineuses, notamment les pois chiches, comme source de protéines. Puisque j'adore les haricots secs, ça me va parfaitement. Les salades sont généralement débiles. Un hors-d'oeuvre standard pré-repas à la plupart des restos, c'est la salade aux piments. Assez relevé, ça se mange avec un bout de pain avec lequel on picosse un bout de la salade enduite d'huile d'olive. Je mange habituellement une assiette à moi tout seul (ça devrait suffire pour quatre personnes). Aussi, la Harissa est la sauce typique qui remplace le ketchup dans les pays du Maghreb. On le retrouve à Montréal et je m'en servais, mais maintenant je suis en extase et je le mets sur TOUT. Elle est TRÈS pimentée et savoureuse. On me regarde étrangement quand je la mets dans ma soupe à la cantine du Ministère de la ure.

Justement, la cantine. À tous les lunchs, j'y mange avec mes vieux collègues gribous et drôles. Ça coûte moins qu'un dollar canadien, et de toute façon on paie toujours pour moi (je suis leur invité. On me laisse habituellement payer le café après. L'équivalent de 30¢ pour un expresso tout à fait visqueux. JAMAIS je ne voudrai reboire du Tim Hortons. J'adore le café d'ici, bien qu'il me rende ENCORE PLUS hyperactif :P). La bouffe y est toujours simple mais super bonne et santé (le potage aux lentilles avec deux cuillérées de Harissa mangé sur la baguette omniprésente - elle coûte 20¢ aux superettes et est parfaite - me fait un effet de Viagra. J'en mangerais 24/7).

Il y a aussi le couscous que j'adorais à Montréal et qui demeure le pâté chinois des Algériens. Ça me va amplement.

TOUTEFOIS : notons que certaines choses s'attaquent au palais d'un Canadien (et je tiens à noter que ce sont des PETITES choses, malgré la longueur des explications) :

- Le «petit lait». On prend le lait frais (qu'on ne retrouve pas dans les épiceries de toute façon. Ils ont malheureusement gardé leurs racines françaises en adoptant le lait en poudre reconstitué qui peut rester sur la tablette pendant des décennies) et on le laisse au soleil. Une fois qu'il y a des gros mottons, on passe par un tamis aux trous larges (question de laisser passer QUELQUES mottons) et on sert tiède. Voilà. Le petit lait. J'ai essayé une demie gorgée. Ça goûte comme on croirait. Heureusement, on ne le sert qu'aux occasions, alors ça va.

- Le poisson. Lorsqu'on veut un repas spécial, on va souvent sur le bord de mer prendre le poisson. Il vous faut comprendre que je viens de LONGUEUIL. Le seul poisson que je connais vient panée d'une boîte avec une photo du Capitaine Haddock en réel à l'air particulièrement pédéraste.

À ma première sortie aux restos sur le bord de la mer (à la «Madrague». J'y suis retourné souvent depuis. C'est un endroit magnifique, tant que je puisse avoir un bout de viande), je n'avais AUCUNE idée quoi prendre. Les amis se sont divisés deux énormes poissons de fond mer à l'allure de ce que je retrouve dans mon mouchoir lorsque je fais une sinusite, mais en plus gluant. Puisque je le devais, j'ai pris du rouget, un joli petit poisson rouge sympa.

...lorsque mes collègues ont reçu leurs plats, le serveur s'est installé et a méticuleusement dépecé la bête devant nous. Chacun a reçu un merveilleux morceau de chair blanche. Moi? On m'a apporté une assiette avec quatre poissons. Têtes. Écailles. Tout.

J'ai tenté, tant bien que mal, d'ouvrir et de trouver de la viande, à l'intérieur de mes cadavres autrement allumants pour un ichthyophile. À chaque bouchée, je me devais de recracher, de faire sortir les deux ou trois arêtes qui se trouvaient dans la motte mastiquée et, si je ne voulais pas mourir de faim, ravaler (je note ici que j'ai brièvement fréquenté une phagophobe qui aurait trouvé ça tout à fait normal. C'était une mince aux longs cheveux roux, peau blanche comme de la porcelaine et aux yeux de faon. M'entéka, même à ça, je n'ai pas toffé plus que quatre jours. 'faut croire que je ne suis pas ENTIÈREMENT superficiel). Bref, je ne m'y suis pas remis. L'espadon encore cru qu'on m'a servi quelques semaines plus tard n'a rien aidé.

- La richta. Des drôles de pâtes en serpentin sur lesquels on met une sauce claire et des mottes de poulet. J'ai payé l'équivalent de 35 $ pour un bol au Djenina (le resto préféré à l'Australien). Pas tout à fait valu la peine. D'ailleurs, depuis que je suis ici, mes goûts ont changé. Je n'ai plus AUCUN goût de volaille et je bois du Fanta Orange à tous les jours. Je haissais l'orangeade à Montréal et j'en buvais JA-MAIS. Oui, ils ont le Coca. Fouille-moi. Je ne peux pas m'en passer.

- La viande Halal. Bon, ça n'a rien à voir avec la méthode d'exécution des animaux (bien que mes collègues me disent que c'est BIEN plus sain de laisser l'animal se vider de son sang pendant qu'il est vivant et qu'il est BIEN plus cruel de l'assommer plutôt que de le faire mourir en voyant son sang se vider et que c'est DÉGUELASSE de manger de la viande où le sang s'est coagulé, même s'ils n'ont jamais goûté). Les steaks sont rouges et, ayant mangé des entrecôtes Halals à Montréal, je n'y vois aucune différence significative.

...le problème, c'est qu'ici, on laisse flâner les boeufs oisifs dans des prés, où ils peuvent marcher, courir, monter des vaches, etc. Chez moi, le mâle de la vache va passer son existence abrégée dans un enclos serré où il mange et chie et rien d'autre. Bref, l'entrecôte américaine est tendre et marbrée de gras. Surtout si on connaît son boucher et qu'il réserve une coupe à l'épaule. Ici, j'ai vu toutes sortes de morceaux de «viande» qui passent pour des «entrecôtes». Certains sont ronds. Arg.

Bref, l'entrecôte d'ici est une semelle. Mon boucher spécial qui est quand même loin de chez moi offre des beaux morceaux de viande, mais c'est l'équivalent de ce qu'on retrouve au IGA de Tétraultville. Les prix sont semblables toutefois, alors ça passe. Surtout que j'ai maintenant mes épices secrets envoyés par mon frère (je note : je dois faire tuer mon frère avant qu'il ne puisse dévoiler ma recette de marinade).

- Les fast food : OK, c'est un des toppes. Il y a ici des fast food un peu partout. Ils servent des sandwiches, des frites et des pizzas. Bon, les pizzas sont vaguement comestibles, à la croûte fine et molle et recouverts d'autres ingrédients avec parcimonie. Pas si pire. Les sandwiches sont faits de baguettes tout à fait délicieuses. Le plus populaire (il semblerait), c'est aux oeufs et aux frites. On y ajoute de la mayonnaise. J'ai mangé. C'est quand même bon, mais il faut avoir le goût de sentir son foie tenter de s'échapper de son infernale machine Matrixienne.

...et, bon, les frites.

Lorsque j'étais un petit Louveteau, les sacs de chips avaient parfois des taches noires. J'adorais les brûlées. Avec la venue de techniques de contrôle de qualité accrue dans les usines alimentaires, on pouvait séparer les «bons» chips de mauvais. On vendait ensuite à bon prix des sacs de croustilles «rejetées» (bien entendu, c'était débile. Un sac plein de chips bruns). Depuis les 20 dernières années, on peut produire des chips parfaits. Croustillants, mais sans AUCUNE saveur de pomme de terre.

Je fais mes frites «à la Éric». Ultra-brunes (mais tendres) à l'huile de pinotte, recouvertes de fleur de sel et de fines herbes (bon. Note personnelle, je dois tuer tous mes lecteurs, question de protéger ma recette). J'ai TELLEMENT hâte de retourner au Frites Alors sur Laurier.

Bref, les frites d'ici, même celles destinées aux sandwiches aux oeufs, sont BLANCHES. Si tu commandes une frite ici, tu dois t'attendre à une motte collante et huileuse de pâte à tarte en forme de frites inséparables.

Y'a du bon et du mauvais. Comme chez nous. Je vis bien alors je n'ai pas de plaintes.

dimanche 4 janvier 2009

Lunch à Tipaza

Il y a déjà quelques semaines, Nawel m'a invité à rejoindre la gang au Ali Bab, un joli resto sur la mer au Chenoua. Si vous retournez aux photos de ma visite aux ruines de Tipaza, le Chenoua est la grande montagne dans l'arrière-plan qui, dit-on, ressemble à une femme enceinte couchée sur le dos (bon. Mettons. Trouvez-moi une montagne qui ne ressemble pas au moins à une partie (ou plusieurs parties) du corps d'une femme enceinte gonflée et je serai plus étonné).

Il y a donc des photos de moi. Il me fallait vous les montrer. *schling*

(J'vous dis à l'avance qu'il est impossible d'aligner le texte avec les photos, alors pardonnez-moi si ça n'a aucun sens. Bon, si vous lisez, vous m'aviez déjà pardonné pire).



Moi et Wassila. Elle ne porte pas son décolleté habituel. Zut.

Wassila avec l'inébranlable Nadir.

Crisse chu bin.Nawel et moi. Nous verrons ses fesses plus tard.

Un piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitouuuuuuuuuuuu!!!!!!

Kin. Les v'là.

La Méditérranée laisse une traînée d'ordures à la marée basse. Heureusement, je suis dans la photo, alors elle est belle. *schling*

Charmante, cette mer.

*schling*C'est vaste une mère. En toute sincérité, c'était la deuxième fois que j'étais sur un bord de mer (Parlee Beach, N.B. en 1994 a été la première. Mouaip. Chu mondain). Ça a l'air que les vagues viennent parfois un peu plus loin. Mouaip. Chu niaiseux.

La supposée femme enceinte. Je crois que la légende a changé depuis ma visite et ils l'appellent maintenant «le torse canadien».Doum-ti-doum-doum-doum...

Yaaaaaayyyyy!! Une ROCHE!!!!!!!!!!!Zinou, un photographe de renommée mondiale. C'est une des TRÈS rares fois qu'il a réussi à sortir d'un complet.

Un Très Grand Comédien algérien. Il nous sortait un soliloque sur la communication entre les sardines et les bananes sur le gril. Sa gang le trouvait brillant. Messembre que ç'aurait été plus approprié de remarquer lubriquement qu'il y avait des objets phalliques juxtaposés aux arômes de poisson. M'entéka. Je ne comprends pas encore l'humour algérien.

Juste pour prouver que j'ai rencontré un Très Grand Comédien. Il revenait de Montréal d'ailleurs (TNM pendant deux mois. Il a adoré). Canadien fier. *schling*

samedi 3 janvier 2009

Vidéo!!!!!!!

Retour du blogue

Ééééélo,

Ça fait deux semaines que je n'ai pas trop le goût d'écrire des banalités scatophiles sur ce medium. Toutefois, j'ai reçu mon adaptateur de caméra avant-hier, ce qui va me permettre de faire des réalisations audiovisuelles tout à fait délicieuses (Samia manie mieux l'appareil que moi. *rougissements*). Bref, il y aura de nouvelles histoires sous peu.

(...j'ai aussi réussi à enfin obtenir mon certificat médical, obligatoire ici pour m'abonner à un gym. Crisse. Vous verrez sur le vidéo pourquoi c'était devenu urgent. Je fais ça assouère au lieu d'aller à mes leçons d'arabe).

Bonne 2009!!

Éric