dimanche 14 décembre 2008

Ma vie algérienne

Après avoir emménagé dans ma nouvelle demeure, je recevais la visite de ma voisine d'en bas, Nawell, à tous les soirs. Elle m'invitait à descendre «prendre un pot». J'ai donc pu rencontrer son cercle d'amis.

La première fut Wassila, l'impulsive aux décolletés qui firent outrager les sensibles résidents de Washington.

Ensuite il y a eu Kharim, l'impulsif qui invite tous et chacun à sortir. Nadia, la sensuelle de l'âge de ma génitrice qui aime parler de sa manière de dégussssster le chocolat et réprimer le choix d'épouse de ses fils. Zinou, le photographe jet-set qui habite chez sa maman et qui porte TOUJOURS le costume (ou presque). Sousou et Djamila, les deux soeurs coquettes d'Oran aux yeux imprenables. Nadir, récent ex de Sousou qui ne perdrait pas son sang froid ni ne renverserait sa bière si treize ninjas se pointaient sur la table au resto et égorgeaient le serveur sur le plat à fromages. Dris, le psychiâtre de renommée internationale spécialisé en sexologie qui croit que le point G est facile à manipuler (je me retiens d'élaborer, mais l'éjaculation féminine, en mon expérience, prend un peu de coopération de sa partenaire et n'est pas SEULEMENT engendrée par les doigts magiques d'un amant expert). Mourad, le piton juriste qui sert d'hydratant pour toute femme qui a la bonne fortune de le croiser.

J'oublie sûrement quelqu'un.

M'entéka, la première semaine, nous sommes sortis à la Véranda et à la Voûte. La Véranda parce qu'il y avait des Happy Hours sponsorisés (ouâââââââche. Ils disent ça plutôt que commandités. Je me dois de me mordre la langue au sang par bouttes) par une brasserie algérienne qui a commencé à importer la Carlsberg. J'y ai rencontré l'organisatrice : une jolie petite brune aux seins FRAPPANTS et aux traits qui me rappellent Minnie Driver (genre, pas des traits fins, mais une drôle de symétrie avec de grands yeux bleus qui attirent inexorablement le regard). Je semblais lui plaire et elle avait des manières qui me rappellent celles des Québécoises - du genre, sensuelle, féminine, mais elle pourrait égorger un serveur pour un plat à fromages mal élaboré et, cela faisant, donner la frousse à Nadir. AVEC AUSSI un accent du sud de la France (où elle a étudié) et l'élocution qui cause une bouche à ressembler à un derrière de poule. Cette même élocution qui me cause des raidissements génitaux depuis ma puberté. Y'avait un déclic.

Quant à la Voûte, c'est un énorme endroit très discret au port d'Alger. Murs de pierres en forme de voûte à deux étages où un groupe de musique nous berce avec les chaleureuses tounes de Stevie Wonder et de James Brown, tantôt chantées par une gentille demoiselle, tantôt par un jeune à la voix de castrato (tout le monde adorait, alors je me dois d'être discret, mais il y a peu de choses aussi irritantes que d'entendre une chanson habituellement interprétée avec une rauque voix sensuelle de mâle chantée à un octave en-dessous des sifflets à chiens. Autant poncer mes tympans avec un Q-Tip en papier sablé). Nous étions à côté des musiciens et Mon Australien est passé jouer une pièce sur la batterie (ses compositions punk n'ont malheureusement pas pu être jouées). Les jeunes personnes lubrifiées dans l'assistance dansaient et tout le monde s'est amusé comme des fous.

Bref, si j'en ai le goût et à tout moment, je peux descendre voir Nawell et me faire offrir une bière et jaser avec des amis et rire et bander (oups. Pardon. Lapsus) et m'amuser.

...je ne m'attendais pas à ça lorsque, d'un sous-sol varennois, je pensais à ce que j'allais vivre dans un pays Musulman archi-conservateur.

*danse du Loup étonné et content au coton*

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