lundi 8 décembre 2008

L'Aïd - suite

Ça s'avère que mon voyage à Oran est annulé. Je passe donc l'Aïd, une célébration en famille pour tous les Algériens, en solitude. Ça ne me dérange nullement, mais il y a des particuliarités.

En premier lieu, j'ai fêté hier soir (avec des amis qui se sont lubrifiés le cerveau au Champagne. Une chance que j'écoutais mon football à ce moment-là et que j'étais seulement sur la Carlsberg de ma très délicieuse copine). Le réveil aurait été pénible en temps normal, mais ce matin l'appel à la prière n'était pas la petite épreuve habituelle de cinq minutes d'ullulements plaintives à Allah (les mosquées font jouer l'enregistrement d'un mec qui appèle les croyants à la prière. À l'aube. Et cinq autres fois par jour. Arg). À l'Aïd, ça a duré un gros 90 minutes et tous les hommes qui vont s'improviser bouchers doivent se purifier d'une longue prière pré-massacre. Les Algériens sont gentils, mais, sérieux, l'arabe est la langue la moins sexy au monde et celle qu'on veut le moins entendre à 120 décibels à 6 h 00 quand on a la gueule de bois.

De plus, ma caméra vient de manquer de jus et j'ai oublié l'adaptateur pour la recharger à Varennes (vous vous demandez sans doute comment j'ai pu me bâtir une lucrative carrière de financier professionnel avec une tête de linotte comme la mienne. Ne sous-estimez jamais l'impact d'une grande gueule et d'un joli fessier), mais il me FAUT trouver un moyen de vous montrer ce que je vois. Le sang coule dans les rues. Je ne niaise pas. IL Y A DU SANG DANS LES RUES!!!!!!!!!!!!! BEAUCOUP de sang.

Et les arômes! Avoir éviscéré le sacrifié, selon ce qu'on me dit, on doit enlever la peau. Ce qu'à dit Jean Leloup dans sa chanson «Alger» :

«L'Aïd on tue le mouton
Il y a du sang sur les balcons
Après pour enlever la peau
On gonfle avec la pompe à vélo»

...reflète exactement ce qu'on fait. On détache un bout de peau avec un bâton et on insère la hose de la pompe. Ensuite on gonfle et on détache. Certains vont jeter la peau (aux poubelles. Dans la rue. Ça a l'air que c'est un véritable FESTIN pour les chats de la ville et que je vais voir des bouts de moutons traînant sur les trottoirs pour quelques jours), d'autres les met dans des sacs POUR LES FAIRE POURRIR, question de pouvoir mieux recueillir la laine dans un mois.

Môôôôôôman.

M'entéka, l'autre chose, c'est qu'on brûle la tête du mouton pour enlever la laine et ensuite la faire bouillir et la manger. Je suis descendu faire des petites course et j'ai remarqué que la ville en entier est enduite d'un arôme combinant la laine brûlée et le sang qui m'était inconnu. C'est tout à fait unique et totalement répugnant. Je passe donc la journée dans mon appartement avec les fenêtres fermées.

...et j'écris. J'ose espérer pouvoir prendre des clichés avant que le sang ne disparaisse.

Aucun commentaire: