lundi 9 février 2009

La route algérienne

Pas d'entraînement ce soir. Sam est passée s'occuper de mon moi affectueux-lubrique (OHHHHHHHHHHhhhhhhhh ce qu'elle comble mon moi masculin plus-ou-moins-masculin-selon-la-position-adoptée. Miam!) et j'ai décidé d'abandonner ma perte de bourrelets pour une soirée (j'ai ma bière d'ouverte, la viande marine et, bon, il me fallait bien rédiger quelque chose).

J'avais quelques sujets qui traînent depuis un bout et qui doivent être traités sur mon blogue, mais il me faut compléter les anecdotes sur la conduite des Algériens.

En premier lieu, je tiens à affirmer que, bien que je vire GRAVEMENT psychopathe en côtoyant mes amis Maghrébains sur les routes, je peux aussi affirmer (une fois qu'enfin j'arrive chez moi et que je fasse ce que je dois pour soulager le stress) que ce n'est pas pire qu'à Montréal. Un peu différent, mais il y a des cons tout aussi étrons sur les routes québécoises, alors je n'inculpe pas un peuple fier et autrement valeureux avec mes propos.

HOSTIE que les automobilistes algériens sont cons!!!!!!!!!!!!

(Encore une fois, rappelez-vous que ce n'est pas méchant).

À la veille de l'Aïd, TOUS les Algérois sont sur les routes afin de faire les courses avant la semaine de congé. Bien entendu, et sans le savoir, ce fut la journée que j'ai eu ma voiture.

Je suivais mon chauffeur de taxi, l'inimitable Nabil, pour aller immatriculer la bagnole. En partant de Oued Smar, il me fallait faire le plein parce que le très gentil concessionnaire Geely m'a remis une voiture avec sept gouttes de pétrole dans le réservoir. Heureusement, Nabil connaissait une essencerie sur l'autoroute.

Malheureusement, pour une raison qui m'est encore inconnue, la file dans laquelle j'étais a dû faire demi-tour et aller dans la prochaine. J'étais le dernier arrivé, alors, en tant que fier représentant de mon sexe, j'ai voulu faire une manoeuvre de reculons avec ma nouvelle machine qui aurait fait comprendre à Nabil que je ne suis pas une fillette qui vient d'avoir son premier permis (il était un tantinet condescendant. Bon, il prend bien soin de moi, alors ce n'est rien de trop méchant). Bien entendu, j'ai heurté la bordure en béton de plein fouet.

...et, grâce à ce Allah ubique, je n'avais pas la moindre égratignure malgré une collision qui a fait tourner la tête des 150 personnes en file.

Après avoir fait le plein, nous sommes partis à la chasse d'un immatriculateur (disons que c'est le mot). Je n'avais aucune idée de l'enfer dans lequel je me lançais, alors c'est tant mieux. Surtout, Nabil n'avait pas trop d'idée où aller.

Sans trop élaborer, TOUTES les rues étaient bondées de chauffeurs énervés. J'ai quitté le concessionnaire à 12 h 30 et je suis arrivé à l'immatriculeux à 15 h 00. Nous avons fait la longueur de El Harrach et ensuite de Kouba, dans une circulation impossible. Je me suis fait prendre au piège à quelques reprises, de par lequel j'étais trop près du pare-choc arrière du char devant moi qui allait par la suite rester pris (il me fallait le savoir à l'avance) et je devais zigonner pour sortir du pétrin. Heureusement, je suis un chauffeur écervelé, alors mon agressivité naturelle m'a servi et j'ai pu envoyer paître bon nombre d'énervés en prenant leurs places dans la mêlée.

Le conducteur algérien est tout aussi narcissique-idiot que le chauffeur québécois à quelques exceptions près :

- Ici, en pleine heure de pointe, quiconque pourrait arrêter et interpeller son houya et avoir une conversation. Les klaxons ne serviront à rien, puisque les impatients ne comprennent pas l'aspect précieux que sont les relations humaines pour l'Algérien. Puisque les rues sont étroites et qu'il n'y a aucune issue, la moindre pause aura pour effet la paralysie totale de toutes les ruelles derrière l'étranglement. Étranglement. Hm. Bonne idée.

- Les voies sont des lignes indéchiffrables pour l'Algérien. La MAJORITÉ des gens d'ici roulent à cheval ou à quelque pourcentage de leur largeur sur la ligne pointillée. Si nous sommes sur une rue normale, mais à la largeur de deux voies, la seule voie est celle qui prend l'intérieur de la courbe. Mon passe-temps préféré est de passer par l'extérieur dans une courbe et de rester au niveau d'une voiture. JAMAIS le chauffard ne pensera qu'il y a quelqu'un à-côté de lui jusqu'à ce qu'il tente de prendre l'intérieur de la prochaine courbe (et que je klaxonne. Je suis CERTAIN d'avoir fait doubler le chiffre d'affaires des pressing algérois qui doivent dégraisser des taches brunes de pantalons aux personnes surprises par ma présence).

- Les essenceries : pour faire le plein, on doit attendre en file pendant que le gentil employé de la société de l'état s'occupe langoureusement de chacun des clients, un côté de la pompe à la fois. Lorsque c'est enfin à notre tour, on doit SORTIR DE LA VOITURE et quémander très gentiment son essence, car il ne faut pas que le préposé syndiqué ne ressente qu'il est inférieur à la personne qui paie son salaire. Notons aussi que je fais le plein avec du «sans plomb», mais il y a de l'essence AVEC plomb - chose qui ne s'est pas vu sur le continent américain depuis mon huitième anniversaire de naissance. On se demande pourquoi il y a du smog.

- Les piétons. Nous nous croyons stupides à Montréal (et nous le sommes. Je n'enlève rien au piéton trisomique montréalais). Ici toutefois, on ne semble pas comprendre que, lorsqu'on marche en plein milieu d'une rue achalandée, les étranges machines rouges, grises et noires peuvent faire du bobo. À TOUT moment, un piéton peut surgir nonchalamment et rester devant une voiture le temps qu'il complète la manoeuvre qu'il a à compléter. Mes préférés sont les jeunes hommes chômeurs qui sentent que les rues leurs appartiennent et qui traverseront la rue à leur guise (dans une courbe qui ne permet pas de les voir qu'à la dernière seconde). J'accélère et je me synchronise pour passer juste devant eux (et je les regarde dans mon rétroviseur pour voir leur air incrédule). Pê que je viens de comprendre pourquoi mon antenne a été arrachée :$

- Lorsque j'étais un jeune louveteau (ça fait déjà quelques décennies. *sanglots*), les mâles québécois faisait des blagues sur la conduites des femelles. Ayant demandé à ma mère leur raisonnement, elle m'expliqua que les femmes au Québec venaient de commencer à conduire en grands nombres et qu'elles conduisaient comme des novices.

...je vis donc au Québec de 1978.

Inévitablement, sur tout trajet, je vais croiser une femme voilée qui prendra 15 minutes à effectuer un stationnement autrement simple ou qui s'arrêtera en plein circulation pour répondre à son mobile (planté profondément dans sa bourse). Il est à noter que de parler au téléphone en conduisant ici se mérite un retrait de permis instantané. Cependant, il y aura toujours une poufiasse déconcentrée qui roulera à 25 km./h. sur la ligne du milieu en jacassant avec une autre poufiasse dans un autre recoin de la ville qui énerve tout autant les mâles derrière elle.

Les routes ont des trous, mais pas pire que dans ma terre natale (la plupart du temps). La circulation est bondée, mais je n'ai qu'à penser à la Métropolitaine entre 6 h 00 et 22 h 00 pour me remettre de ma rage. C'est frustrant de conduire ici, mais il y aura toujours des cons partout et, bon, j'ai été bien entraîné pour leur faire face (et leur faire vider leurs intestins dans leurs culottes :D). Je ne regrette pas de m'être acheté une auto.

6 commentaires:

Lamia a dit…

jai bien aime le mot essencerie ,Jai jamais vu ce mot .On dit station d`essence en France .

Éric a dit…

Au Québec aussi. Il y a un linguiste sur TV5 (version québécoise :P) qui fait des chroniques «allô professeur». «Station service» est une traduction directe du "service station" américain. En Afrique noire francophone, on dit «essencerie», qui est bien plus approprié (et joli). Je tiens mordicus à m'en servir même si on me regarde comme si j'avais trois têtes.

Nina a dit…

ici on ne dit méme pas station de service mais plutot "pompe a essence"

Lamia a dit…

Je voulais direstation service ,jeme suis trompee de terme . Je perds mon french a force de ne parler quanglais .

Éric a dit…

Don't worry. J'ai entendu station d'essence aussi. C'est même dans le dictionnaire.

Éric a dit…

...c'est moi qui a transformé ton station d'essence en station service. My bad.

"Gas station", 'faut croire.